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Les Épingles tout frais forgées sont en haut de la pile
En épingle    en 2010
L'insecte ou l'événement entomologique du jour, celui qui défraye la chronique et qui alimente les conversations en ville et dans les insectariums, sera épinglé sur cette page abricot, qui s'enrichira au fur et à mesure des événements entomologiques.

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Rédaction (sauf mention contraire) : Alain Fraval  

Pour le maintien de l'ordre, Course de bêtes (parues dans Insectes n° 155)  -  Tête d'épingle (Insectes n° 156)
* En 2010 : L’acacia imite le cri de la fourmi, Emprunt, La mineuse du biocarburant, Lucilie GMLa chrysomèle du biocarburant, Il met le grappin sur elle, Ya pas d'mâlesLes mouches quittent le navire, Lumière très réfléchie, Tabac de nuit ouvert le jour, Sans papier en rétention, Zombiptères nucléaires, PiézopodeLes pieds propres des adhérants, Ouvrières en CDD, Entomologie spatiale (suite), Buis envahiDe la poudre jusqu'aux yeux, Maigre espoirRegarder penser les mouches, Greffe du nezProlétaire sans défenses,  La méfiance en héritage, Camions d'hiverAlteroviposition,  Le ver rose résiste à Monsanto,  Naviguer au pifMme MuscleDroso AlzheimerAccueillante CalifornieLes voies de l’immigration clandestineLes costauds et les couillusBêtes curieusesRencontre du 3e biotypeLe wiliwili est sauvé,  Trouillométrie, Sagesse ?, Le cafard vieux comme le mondeAttention chenille méchante (suite),  À chacun sa chacune,  Nouvelles minesLe vert roseLe mot « abeille » en éléphantPunaisésIls craquent pour des criquets, Indifférence atavique,  Le grésillement qui fait mâleLa fête de la Coupe du monde de footOn recrute un nouvel agent…, Vocation précoce, Amours torridesEn bandes, ils prennent la grosse tête, Bleu banane, Elles tombent dans le panneauRestauration collectiveLe grillon, c'est grilléImpressionnant, Droso méduséeLe Bourreau de la reine décharançonne, Avec les tripes, Taon pis pour les noirs,  Adoptez une notonecte !, Vol de jourLa tête de l’emploi ?Le sacrifice de Madame pot de colleLe problème des bandesFiler un juteux coconLes insectes c’est sexyUn sommet pour un cimicide, Marguerite aussiO157:H7 dans les limbes, Land art, Candidats à l’entrée en Europe,  Flag !, Le cafard et l’air du tempsLeur bec sucré les perd effectivementMoustique, les antibiotiques, c’est pas automatique ! Mouches trans, La Mineuse du labo,  Épingle anglaiseFourmis de nuitLe Frelon électriqueC'est la lutte finale, Mouche ou mouchard ?  Secouer le sapin.

Toutes les Épingles (jusqu'à fin 2009), sont réunies en un ouvrage (396 p.)
disponible ici (téléchargement gratuit). Présentation de l'ouvrage :

Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002,  Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005,  Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008,  Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009)  ici. 


15 décembre 2010

À lire  sur Internet :

Des vers s’attaquent aux plantes grâce à des gènes dérobés à des bactéries. INRA, 15 décembre 2010.
«  Des nématodes, vers microscopiques vivant dans le sol et ravageurs de cultures, sont capables de parasiter les plantes, en partie grâce à des gènes qu’ils auraient “dérobé” aux bactéries. »

La mouche "hirsute" africaine retrouvée. Le Figaro, 8 décembre 2010.
[Mormotomyia hirsuta  Dip. Mortomyiidé (proche des Hippoboscidés) - larve dans les déjections de chauves-souris / Kénya]
Photo

707 Secouer le sapin
Robert Hollingsworth, de la recherche agronomique états-unienne, a conduit une expérimentation rigoureuse visant à comparer deux méthodes de désinsectisation : manuelle et mécanique. Les deux sont imposées par les autorités de l’État ; elles doivent être appliquées sur un échantillon (combien ?) pendant « un certain temps ». Les résultats sont très décevants.
Il s’agit d’empêcher la poursuite de l’invasion d’Hawaï par La Guêpe de l’Ouest Vespula pensylvanica (Hym. Vespidé) depuis le Nord-Ouest de l’Amérique du Nord. Le vecteur est toujours et encore le sapin de Noël, récolté en novembre l’automne dans les plantations du continent et expédié vers les îles. Des reines de la guêpe qui n’ont pas encore établi de nid s’installent souvent parmi les branches du conifère pour hiverner. Et traversent le Pacifique…
Le chercheur a conclu à la supériorité relative de la machine à secouer ; mais ce n'est pas vraiment efficace. En revanche, une pulvérisation d’un insecticide pyréthrinoïde avant la récolte débarrasse les sapins de leurs hôtes indésirables. Résultats publiés dans le Journal of economic entomology.
D’après «Research Leads to Fewer Yellowjackets on Christmas Trees », par Stephanie Yao. Lu le 14 décembre 2010 à www.ars.usda.gov/
À (re)lire L'appétit de la guêpe, de 2009. 

706 C’est la lutte finale
Les longues séances d’épouillage sont un lointain souvenir et le goût du pou croqué dès que débusqué s’est perdu il y a longtemps. Le Progrès a apporté le peigne fin et la Marie Rose, sans oublier le rasoir qui ravage l’habitat de Pediculus humanus capitis. Il frappe fort – et un dernier coup d’après ses promoteurs - avec l’amélioration du LouseBuster®.
Dans une première version, décrite dans Pediatrics en 2006, l’engin était bruyant, se bloquait dans les cheveux bouclés et on ne pouvait pas le brancher sur une prise de courant normale. Oubliés ces défauts, le principe demeure : un fort courant d’air chaud et sec est injecté au niveau du scalp par un ensemble de 28 buses. Le pou périt non point cuit mais séché.
94,8% des lentes et des poux sont tués en 15 mn, d’après l’article à paraître dans le Journal of Medical Entomology – livraison de janvier 2011. L’agence états-unienne de sécurité alimentaire et sanitaire (FDA) a approuvé l’usage de l’engin, aussitôt breveté.
La machine est chère mais les institutions charitables peuvent se la procurer pour environ 2 000 € seulement. Dans le « delousing business », en pleine expansion, compter 100 à plus de 200 € pour une séance. Prévoir 30 mn dont, en seconde mi-temps, un peignage fin pour enlever les cadavres.
D’après « The LouseBuster returns », EurekAlert, lu le 6 décembre 2010 à www.scimag.com/          
NDLR : les poux vont donc disparaître ; s’ils survivent au LouseBuster® américain, ils crèveront entre les dents du Robicomb® sud-africain. L’appareil, léger et maniable, fonctionne avec une pile (AA). Lorsque ce gros peigne rencontre un pou ou une lente, il émet un son bref ; l’insecte, sans avoir le temps de dire ouf, est électrocuté.
A voir, dans la série des Insectes d'avant : Phthiriase ou Maldie pédiculaire, par Pierre Tournadour, 1816.

705 Mouche ou mouchard ?
L’armée de l’air états-unienne est un grand acteur dans le domaine de l’entomologie (de synthèse). Elle vient de faire construire, en Californie, un tunnel de vol très perfectionné. Les parois sont des écrans : y défilent des paysages (très simplifiés). Des drosophiles – en attendant les minuscules robots volants pas encore au point – y sont lâchées contre un courant d’air ; leurs trajets sont captés par des caméras et suivis et analysés par des logiciels. De telles installations existent dans le civil pour l’étude du vol des insectes.
Les militaires, en l’occurrence, font de l’entomo dans le but, déjà dévoilé ici, de produire et de faire voler des insectes artificiels. Seuls ou en essaim, ces aéronefs miniatures voleront dans des lieux autrement inaccessibles, pour espionner ou détruire leur cible. Ce travail en tunnel doit leur permettre de mettre au point un système de navigation embarqué indépendant des systèmes GPS (ça ne capte pas partout).
D’après « US Air Force studies fruit-flies to build killer insect swarm drones », par Lewis Page. Lu le 8 décembre 2010 à www.theregister.co.uk/
NDLR : regardons la
vidéo. Le faux pigeon est marrant, la fausse mouche ridicule. Qui s’y laisserait prendre ? Mais méfions-nous. Nos militaires seraient capables d’habiller leurs puces électroniques volantes d’un tégument réaliste. On s’inscrira à la formation ad hoc de l’OPIE pour apprendre à les repérer.
À (re)lire (et à pratiquer sur des mouches artificielles) : La mouche pour cible, par moi-même. Insectes n° 151 (2008-4).

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6 décembree 2010

À lire  sur Internet :

Harmonia - Coccinelles du monde n° 5 (septembre 2010, 35 p.) est en ligne.

En Ariège, le papillon et le protée. Vidéogramme (bref) d’Universcience. Le Monde, 28 novembre 2010. 630 Épingle anglaise
Le prix Bad Sex in Fiction, décerné par la revue Literary Review, a été décerné à Rowan Somerville pour sa nouvelle The Shape of Her.
Pour cette phrase : « Like a lepidopterist mounting a tough-skinned insect with a too blunt pin he screwed himself into her ».
D’après « Irish author takes bad sex prize », QMI Agency, lu le 29 novembre 2010 à cnews.canoe.ca/
NDLR : Google, qui lit régulièrement tout ce que l’OPIE publie et notamment mes articles et autres Épingles, est de ce fait capable de donner de ce bref texte entomologique une traduction intéressante, je vous la copie-colle : « Comme un lépidoptériste montage d'un insecte difficile à peau avec une trop brutale axe lui-même vissé dans son ». 


704 Fourmis de nuit
Les fourmis bouledogues du genre Myrmecia (Hym. Myrmicidés) sont connues pour leur grande taille, leur agressivité et leurs longues et fines mandibules. Et aussi pour leurs yeux composés très grands pour des fourmis, adaptés au repérage précis de proies potentielles (la nourriture de leur couvain) et, pour certaines, à la vision nocturne.
Ajay Narendra (Université nationale d’Australie) a comparé les yeux des individus des différentes castes de 4 espèces, toutes fourrageant sur les eucalyptus, en notant les périodes d’activité des individus.
Ces fourmis partagent le même habitat en étant actives à des périodes du nycthémère décalées. Les mâles, dans tous les cas, sont diurnes et ont les yeux les plus petits et pauvres en ommatidies. Les ouvrières de l’espèce M. pyriformis ont quelque 3 000 facettes à chaque œil, des facettes deux fois plus grandes que celles de sa congénère diurne M. croslandi et pourvue d’un rhabdome deux fois plus long et trois fois plus épais.
Pourtant, cette amélioration de l’équipement optique est faible et est insuffisante à permettre aux ouvrières nocturnes de se déplacer et de récolter leur nourriture efficacement dans le noir. Une fourmi vraiment nyctalope devrait porter une tête beaucoup plus grosse, ce qui épuiserait toute son énergie.
A. Narenda recherche maintenant les outils de navigation (intégration temporelle et spatiale de signaux) complémentaires que ces fourmis mettent en œuvre.
D’après « Australian Bull Ants First to Show Evolution of Night Vision », lu le 30 novembre 2010 à www.suite101.com/

703 Le Frelon électrique
Le Frelon oriental Vespa orientalis (Hym. Vespidé) vit autour du Bassin méditerranéen, à l’est. Il n’a jamais gagné le Maghreb ni l’Espagne, on se demande bien pourquoi. C’est un pilleur de ruches. À Chypre, l’abeille locale se défend en l’entourant (à plusieurs) : le frelon en meurt, non pas surchauffé comme on le pensait, mais proprement étouffé, ses stigmates occultés par le télescopage des segments de son abdomen. Car ce frelon résiste étonnamment bien à la chaleur (il est actif à 40 °C).
Il intrigue aussi les chercheurs par ses particularités électriques et thermiques.
Dès 1994, des entomoélectroniciens israéliens ont mesuré le courant produit (à l’obscurité) par son cocon de nymphose : de quelques dizaines à plusieurs centaines de nanoampères selon la température. Par ailleurs, si l’on éclaire ledit cocon, on en provoque la fluorescence.
L’imago, lui, possède une centrale solaire sur le dos. L’été, les ouvrières creusent le nid souterrain dans la boue et déblaient, larguant les matériaux en vol à quelque distance de l’entrée du nid. Ce travail est au maximum de son intensité à la mi-journée, alors que les espèces voisines sont très matinales. À midi, l’intensité des UV B est au plus haut et il s’agirait de récolter de l’énergie.
Marian Plotkin (université de Tel Aviv) et ses collaborateurs avaient mesuré que la température du frelon en vol au sommet du prothorax excède de 6 à 9 °C celle de l’abdomen et mis en évidence une structure cuticulaire particulière recouvrant plusieurs couches d’épithélium farcies de trachées et imbibées d’hémolymphe ; à proximité, des muscles puissants (qui ne servent évidemment pas au vol). Une sorte de machine énergétique présente également chez la Guêpe germanique Paravespula germanica.
Récemment, avec des moyens optiques plus puissants, ils ont examiné les zones brunes et les zones jaunes de la cuticule de l’insecte (couleurs aposématiques), teintées respectivement par la mélanine et la xanthoptérine et composées de l’empilement de 30 et de 15 couches. L’exocuticule brune est finement sculptée de façon à constituer une grille de diffraction de la lumière. Ceci ressemble à un dispositif photovoltaïque associé à une pompe à chaleur. Effectivement, éclairée, elle produit un faible courant et nos chercheurs ont construit une cellule de Grätzel (cellule à pigment photosensible ou DSSC) fonctionnant à la xanthoptérine.
À quoi notre frelon emploie ces électrons ? À deux choses, suggèrent les auteurs : climatisation et propulsion. L’électricité servirait à fournir la chaleur nécessaire à un travail souterrain intense et le rafraîchissement indispensable sous la canicule. Elle apporterait aussi un supplément d’énergie aux muscles du vol. En effet, un frelon qu’on a endormi s’envole doucement ; pour le voir partir comme une flèche, éclairez-le !
D’après, entre autres, « The solar-powered electric hornet», par Michael Marshall. Lu le 10 novembre 2010 à www.newscientist.com/
Article source : Marian Plotkin et coll., 2010. Solar energy harvesting in the epicuticle of the oriental hornet (Vespa orientalis). Naturwissenschaften, DOI: 10.1007/s00114-010-0728-1
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 25 novembre 2010

À lire  sur Internet :

Les Moché, la mouche et la mort, par Hervé Morin. Le Monde, 26 novembre 2010.
"L'étude de restes d'insectes trouvés dans une tombe précolombienne, au Pérou, montre que les défunts pouvaient rester à l'air libre plusieurs semaines avant inhumation".
À (re)lire : Entomologie médico-légale : les insectes au service de la justice (par Damien Charabidzé et Benoit Bourel), Insectes n°  147 (2007-4).

Effets de différents stress sur la santé des abeilles. INRA DSPE, 23 novembre 2010.
Les effets interactifs entre un pathogène, Nosema, et un insecticide, l’imidaclopride, comme la qualité de l’alimentation en protéines peuvent affecter de manière significative la santé des abeilles.

Ces insectes qui dévorent le massif des Landes, par Jacques Ripoche. Sud-Ouest, 21 novembre 2010.
"La tempête Klaus et des températures douces ont intensifié le développement et l'activité des populations de prédateurs"
[Processionnaire du pin, Thaumetopoea pytiocampa (Lép. Notodontidé) / Sténographe, Ips sexdentatus (Col. Curculionidé Scolytiné) / Monochame de Provence, Monochamus galloprovincialis (Col. Cérambycidé).

702 Mouches trans
Grâce à des drosophiles légèrement transgéniques quelque peu transsexuelles, on en sait plus sur ce qui fait passer un individu pour un concurrent ou un(e) partenaire sexuel(e) : l’odeur et le comportement.
La manip a consisté d’abord à modifier génétiquement (un seul gène est impliqué) des femelles pour faire produire par leur œnocytes les hydrocarbures cuticulaires typiques du mâle : au lieu de se faire courtiser, elles se font agresser par des mâles normaux dont c’est la façon de faire vis-à-vis de mâles normaux ; si c’est le système nerveux qui est ciblé, la femelle se comporte comme un mâle et il lui arrive la même chose. Dans une autre expérience, des mâles génétiquement féminisés ont subi plus de tentatives d’accouplement que de violences de la part de leurs camarades de cage.
Les mouches du vinaigre en société ne sont pas les esclaves de leurs odeurs seules : elles s’observent et en déduisent comment il convient de se tenir.
D’après « When fruit flies attack, it's usually about sex », lu le 23 novembre 2010 à //io9.com/
Article source : Fernández M.P. et al., 2010. Pheromonal and Behavioral Cues Trigger Male-to-Female Aggression in Drosophila. PLoS Biol 8(11): e1000541. doi:10.1371/journal.pbio.1000541. 
En ligne (en anglais, accès gratuit).

701 La Mineuse du labo
L’entomologiste (de laboratoire) dispose d’un couteau suisse, Drosophila melanogaster, la Mouche du vinaigre. Ce Diptère petit, prolifique, rustique, bon marché et entièrement décrypté lui sert à étudier à peu près tout (voir notamment « Droso… Mouche à tout », paru dans
Insectes n° 156) sauf les relations plantes-insectes. Vaste et important sujet, que l’on étudie désormais avec les outils de la biologie moléculaire ! La droso vit en nature sur des fruits tombés ; la plante ne réagit évidemment pas.
En physiologie végétale, le couteau suisse est l’arabette des dames, Arabidopsis thaliana. Cette Brassicacée n’est pas au menu de la droso. Si l’on trouvait une quasi-drosophile qui se nourrit de l’arabette vivante, se dit Noah Whiteman (université de l’Arizona, États-Unis), qui se met en quête des ravageurs des moutardes spontanées dans la bibliographie puis sur une friche. De mines repérées sur les folioles d’herbe de Saint Barbe, Barbarea vulgaris, et ramenées au labo éclosent des Scaptomyza flava (syn. S. apicalis, Drosophilidé), la Mouche mineuse des feuilles de colza, ravageur agricole et horticole. Dont les femelles pondent très volontiers sur les plants d’arabette, en insérant les œufs dans le limbe et en buvant le jus qui sourd de la blessure : des relations étroites et prolongées.
Le couple que cette mouche forme avec l’arabette a tout d’un modèle efficace pour l’étude au plan fondamental des réactions biochimiques des plantes aux insectes phytophages. Parmi les premiers travaux, l’étude du rôle de gènes communs avec D. melanogaster et connus pour intervenir contre les toxiques.
D’après « Evolutionary Arms Race Between Plant-Eating Insects and Host Plants Illuminated », lu le 22 novembre 2010 à www.sciencedaily.com/

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20 novembre 2010

À lire  sur Internet :

Quand une bactérie aide un insecte à se camoufler, par Stéphane Foucart. Le Monde, 19 novembre 2010.
[Le Puceron vert et rose du pois, Acyrtosiphon pisum (Hém. Aphididé) / Rickettsia]
Voir ci-dessous Le vert rose et l'article publié par l'INRA DSPE : Les pucerons passent au vert sous l'emprise d'une bactérie.

Les punaises à l’attaque de Paris. France Info, 16 novembre 2010.

Insecte de l'année 2011 : Formica exsecta. ADIT-MAEE, 10 novembre 2010.

700 Moustique, les antibiotiques, c’est pas automatique !
Sur une petite zone des îles Caïman, territoire d’outre-mer du Royaume-Uni, 3 millions de mâles « stériles » de l’espèce Aedes aegypti ont été lâchés par la firme anglaise Oxytec. Une opération de lutte autocide de plus mais pas banale.
Les moustiques ont été en effet modifiés génétiquement pour ne pouvoir vivre que sous tétracycline, laquelle leur est administrée tant qu’ils ne sont pas sortis de l’insectarium... Une fois dans la nature, les mâles s’accouplent sans tarder avec les femelles sauvages puis crèvent. Naissent des moustiques qui en font rapidement autant, privés de leur tétracycline.
À l’issue de cet essai (qui a duré 6 mois), l’effectif de la population cible se retrouve abaissé de 80%, ce qui, selon les auteurs, est suffisant pour réduire significativement le risque de transmission de la dengue.
Ce moyen de lutte anti-vecteur pourrait être un recours là où les autres pratiques s’avèrent inefficaces.
Ce premier lâcher d’insectes OGM en nature suscite des controverses.
D’après « Genetically modified mosquitoes lined up to tackle dengue fever », The Guardian, lu le 11 novembre 2010 à www.guardian.co.uk/

699 Leur bec sucré les perd effectivement
Un appât sucré empoisonné, répandu sur la végétation, attire et tue suffisamment d’imagos de moustiques pour réduire leurs populations et empêcher la transmission du paludisme : au bout d’un mois d’application, il ne reste que des femelles trop jeunes pour piquer les gens.
Le sucre de l’appât est fourni par des goyaves et des melons d’Espagne, poussant localement (on est au Mali). Le poison est de l’acide borique. Un colorant est ajouté pour marquer les insectes piégés. Les Diptères Culicidés vecteurs visés sont Anopheles gambiae et A. arabiensis.
Le procédé, fort simple et peu coûteux, a été proposé – voir l’Épingle «
Leur bec sucré les perdra » parue en 1996  - par des entomologistes de l’université hébraïque de Jérusalem (Israël) : les femelles adultes de moustiques, hématophages, se nourrissent aussi de nectar. Les travaux initiaux ont été soutenus par la fondation Bill-et-Melinda-Gates.
D’après « New insect control method can bring decline in malaria-bearing mosquitoes », lu le 11 novembre 2010 à www.news-medical.net/
NDLR : de nombreux insectes se régalent des nectars et miellats offerts par les végétaux…

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10 novembre 2010

À lire  sur Internet :

Une sauterelle commune remporte le record des testicules les plus gros. L’Orient-Le Jour, 10 novembre 2010.
[Decticelle côtière, Platycleis affinis, Orth. Tettigoniidé]

L'éclairage nocturne favorise certaines épidémies, par Yves Miserey. Le Figaro, 6 novembre 2010.
« En modifiant le comportement des gens et des insectes, l'éclairage nocturne favorise les contacts entre les humains et les vecteurs potentiels d'épidémies et même ceux qui ne sont pas traditionnellement impliqués dans la transmission de maladies à l'homme. »

Les bactéries intestinales influent sur l'évolution de la mouche ! Par Claire Peltier, Futura-Sciences, 3 novembre 2010.
" Une étude sur les drosophiles montre le rôle des bactéries intestinales... dans le comportement sexuel des mouches. Une pierre de plus pour la théorie selon laquelle l'entité subissant l'évolution ne serait pas l'organisme mais plutôt l'holobionte, c'est-à-dire l'ensemble hôte-microorganisme. "

Énorme gisement d'ambre découvert en Inde, par  J.I. Sciences et Avenir.fr, 26 octobre 2010.
"L’examen des insectes retrouvés incrustés dans des morceaux d'ambre trouvés dans le Nord-Ouest de l'Inde, un des plus importants gisements d'ambre au monde,  permet de considérer sous un jour  nouveau l'histoire du sous-continent indien."

La suprême ruse de l’orchidée, par Pierre Barthélémy. Globule et téléscope / Slate, 18 octobre 2010.
[Syrphe à ceinture, " Episyrphus balteatus (Dip. Syrphidé) / Epipactis veratrifolia]

698 Flag !
Il y a les caméras de surveillance qui, la (mal)chance aidant, enregistrent l’assassin en train d’assassiner sa victime. En flagrant délit. Auparavant, il fallait compter sur la résine s’écoulant des arbres. Ce fut parfaitement efficace, au moins cette fois là, comme le relate le journal Paleodiversity (dernière édition).
Là où se trouve actuellement la Birmanie, alias Myanmar, autour de l’an moins cent millions, un petit lézard a entrepris de dévorer une libellule, en commençant par la tête. Il n’a pu aller plus loin, l’insectivore et son repas (moins la tête) ont été prestement inclus dans ce qui, quelques temps géologiques plus tard, est devenu de l’ambre.
D’après « Culprit Snagged in 100 Million-Year-Old Decapitation », CBSNews, lu le 29 octobre 2010 à www.cbsnews.com/
La photo qui accuse 

697 Le cafard et l’air du temps
Dans des temps très anciens, des libellules de 70 cm d’envergure volaient dans un air plus riche en oxygène que celui que nous respirons. L’hyperoxie permet-elle l’existence d’insectes géants ? De leur côté, les blattes n’ont jamais été plus grosses que celles qui peuplent nos terrariums.
John VandenBrooks et son équipe, à l’université d’Arizona à Tempe (États-Unis), ont mis en élevage des libellules et des blattes mais aussi des vers de farine, des criquets, et d’autres espèces sous différentes concentrations en oxygène. Les larves de libellules en hyperoxie ont grandi plus vite et se sont métamorphosées en imagos plus grands. Les cafards, en revanche, ont traîné à l’état larvaire atteignant péniblement, une fois adulte, la taille normale de leur espèce.
Cette manip ne fut pas de tout repos : Elyse Muñoz et Michael Weed, étudiants, ont dû nourrir à la main les larves de libellules de proies vivantes. Celles-ci étaient trois lots de 75 individus sous 21, 12 et 35 % d’O2, concentrations respectivement actuelle, la plus basse et la plus élevée des temps géologiques.
Les blattes élevées (7 lots de 100, une tâche très facile) en hyperoxie ont subi un examen au synchrotron à rayons X : leurs trachées avaient subi un net rétrécissement.
Les auteurs de ce travail pensent pouvoir effectuer cette mesure sur des insectes fossiles conservés dans l’ambre et en déduire la composition de la paléoatmosphère.
D’après « Raising giant insects to unravel ancient oxygen », lu le 29 octobre 2010 à www.physorg.com/
Présentation de l’étude : GSA Denver Annual Meeting (31 octobre  – 3 novembre 2010). Communication n° 77-5.
NDLR : chez le plongeur en bouteilles l’hyperoxie altère les neurones par l’effet des radicaux libres avant d'altérer les poumons. Les performances intellectuelles des libellules et autres cancrelats ci-dessus n’ont pas été mesurées.

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15 octobre 2010

Cours du soir de l'OPIE : 4e saison. Le mardi de 20 h à 22 h, à partir du 12 octobre. Présentation et programme.

À lire  sur Internet :

Des moustiques génétiquement modifiés au chevet de la dengue, par Louise Cuneo. Le Point, 14 octobre 2010.
[Aedes aegypti, Dip. Culicidé]

Les papillons se soignent par les plantes, par Cécile Dumas, Sciences et Avenir.fr, 12 octobre 2010.
"Les papillons monarques se nourrissent de feuilles qui sont bonnes pour leur santé et les femelles seraient capables de choisir le meilleur plant pour leurs futures chenilles ! "
[Monarque d'Amérique, Danaus plexippus, Lép. Nymphalidé = Danaïdé / Ophryocystis elektroscirrha, Grégarine Olindiidé]

La disparition des abeilles aux États-Unis élucidée, par Yves Miserey. Le Figaro, 8 octobre 2010.

Wallonie : un plan "Maya" pour enrayer le déclin des abeilles. RTBF Info, 5 octobre 2010.

Le génome d'une troisième espèce de moustique décrypté. Actualités médicales, 4 octobre 2010. 
[Culex quinquefasciatus, Dip. Culicidé]

À noter :

Activités humaines et diversité entomologique. XIe renvontres entomologiques de la Région Centre. Blois, le  4 décembre 2010. Renseignements : Christian Sallé.

696 Candidats à l’entrée en Europe
Ils sont 10. 10 espèces d’insectes en faveur desquels une demande d’autorisation devrait être déposée, dans les prochaines 10 années. Ce sont des IGM, insectes génétiquement manipulés. Parmi eux, principalement, les moustiques vecteurs Aedes aegypti, A. albopictus (Moustique tigré), Anopheles gambiae et A. arabiensis, les Diptères nuisibles à l’élevage Lucilia cuprina (Lucile cuivrée australienne) et Stomoxys calcitrans (Mouche charbonneuse), les ravageurs agricoles Bactrocera (Dacus) oleae (Mouche de l’olive), Ceratitis capitata (Mouche méditerranéenne des fruits), Cydia pomonella (Carpocapse) et Pectinophora gossypiella (Ver de la capsule du cotonnier).
Certaines espèces inscrites ne sont présentes et dommageables que dans un territoire d’outre-mer, ainsi la 
lucilie en Nouvelle Calédonie.
Il y a actuellement dans le monde une trentaine d’insectes OGM ; presque tous ne sont jamais sortis du labo. Beaucoup servent d’outil, de modèle, pour la recherche. D’autres sont développés par les artisans de la lutte autocide contre les mouches du bétail et des ravageurs du cotonnier et des fruits. Leur mise au point est très active en entomologie médicale, contre les moustiques vecteurs. Le ver à soie GM est attendu comme « usine à protéines ». D’autres applications sont encore loin de la mise en pratique – heureusement ou malheureusement selon les opinions – comme les hématophages vaccinateurs, les dispensateurs de phéromones de confusion sexuelle, les auxiliaires ou l’Abeille domestique résistants aux insecticides…
Source : rapport public de l’Agence européenne de sécurité alimentaire établi par l’Umwelt Bundesamt (Autriche) et l’université de Berne (Suisse) daté du 10 septembre 2010 et portant particulièrement sur les arthropodes GM et l'évaluation des risques environnementaux, au regard des modifications génétiques, des espèces et le milieu récepteur : risques de flux de gènes, effets sur les organismes cibles et non cibles... Il donne également à lire des fiches détaillées sur les IGM existants.
En ligne à www.efsa.europa.eu/fr/scdocs/doc/71e.pdf (200 p., en anglais).

695 Land art
Une équipe d’entomologistes de l’université de Loughborough (Royaume-Uni) propose de peindre les éoliennes – toutes blanches ou gris pâle – en violet. En effet, d’après les captures de panneaux colorés englués disposés à l’altitude du rotor de ces engins, violet est la couleur qui attire le moins les insectes volants.
Ceux-ci sont effectivement attirés par les éoliennes – et même la nuit. Ce qui est grave, c’est que les oiseaux insectivores et les chauves-souris s’y précipitent à leur poursuite.
Des travaux supplémentaires devront établir le rôle de la chaleur dégagée par les aérogénérateurs.
D’après « Wind turbines wrong colour for wildlife », Matt Walker. BBC News, 15 octobre 2010, lu à //news.bbc.co.uk/

694 O157:H7 dans les limbes
Qui est cet agent ? De son vrai nom Escherichia coli, il se fait appeler familièrement le colibacille. En général, il ne fait pas de mal, il habite notre intestin. Le sérotype O157:H7 est particulier : il vit chez les bovins et peut déclencher chez les mangeurs de bifteck haché la maladie du hamburger, qui peut être mortelle.
On a trouvé récemment cet agent pathogène dans la feuille d’épinard. Grosse inquiétude et lancement d’un programme de recherches autour de la question : les insectes phyllophages sont-ils capables de faire pénétrer ce colibacille dans le parenchyme foliaire ? Une douzaine de chercheurs du département d’Agronomie de l’université de Géorgie ont procédé à l’inoculation superficielle de feuilles de laitue et d’épinard avec deux suspensions de O157:H7, à faible et à forte concentration. Puis ils ont installé sur ces feuilles des pucerons, des thrips, des aleurodes et des chenilles de la Fausse Arpenteuse du chou, Trichoplusia ni (Lép. Noctuidé). Au bout de 48 heures, la présence le l’agent pathogène n’est détectée que dans le cas de la dose forte.
Les auteurs de l’étude estiment que cette concentration à la surface des limbes est improbable dans les conditions du champ et que quand bien même elle serait atteinte, son incorporation serait « minimisée » par les défenses naturelles du végétal vis-à-vis des insectes mâcheurs et piqueurs – comme des autres agressions mécaniques.
D’après « Insects Unlikely Vectors for E. coli in Greens », par Dan Flynn. Food Safety News, 8 octobre 2010. Lu à www.foodsafetynews.com/

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2 octobre  2010

 À lire  sur Internet :

La menace de la « punaise puante ». Cyberpresse.ca, 2 octobre 2010.
[Punaise diabolique, Halyomorpha halys, Hém. Pentatomidé]
à (re)lire l’épingle de 2001 « Punaises diaboliques ».
la Punaise diabolique est arrivée en Suisse.

Papillons du Maroc. Jardins du Maroc, 1er octobre 2010.

Des insecticides « bios » ne sont pas toujours les plus positifs pour l’environnement, par Michel Deprost. Enviscope, 30 septembre 2010.
[Puceron du soja, Aphis glycines, Hém. Aphididé]

Un physique qui fait mouche, par  Cécile Dumas.  Sciences et Avenir.fr, 23 septembre 2010.
" Peu enviable chez les mammifères, l’asymétrie entre deux pattes semble réussir à une espèce de mouches du Japon. Un cas inédit."
[Empis jaschhoforum, Dip. Empididé]
Photos Christophe Daugeron

Une plante et une mouche éclairent la fonction d'un gène associé au cancer. Techno-Sciences, 28 septembre 2010.
[Arabidopsis thaliana / Mouche du vinaigre, Drosophila melanogaster, Dip. Drosophilidé]

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25 septembre 2010

 À lire  sur Internet :

Premier cas de chikungunya "autochtone" en France, Le Monde, 25 septembre 2010.
[Moustique tigre, " Aedes (Stegomyia) albopictus, Dip. Culicidé] [déjà signalé le 13 sept. ci-dessous]

Concerts immunisants chez les grillons, par Karine Poitrineau, Futura-Sciences, 22 septembre 2010.
"Quand il est exposé aux stridulations d'autres mâles de son espèce, un grillon renforce ses défenses immunitaires. Car il craint d'être contaminé par ses congénères..."

Un corbeau bien nourri grâce à son outil, par   Sciences et Avenir, 17 septembre 2010.
[Corvus moneduloides / Ver de Bancoule, Agrianome fairmairei (Col. Cérambycidé)]

Trafic d’insectes ravageur en Bolivie, par Jorge Quispe. Courrier international / La Razón. 16 septembre 2010."    
"Des centaines de milliers de spécimens sont braconnés chaque année pour alimenter la passion des collectionneurs du monde entier."

La Punaise des lits, Cimex lectularius (Hém. Cimicidé) sous toutes ses coutures : 10 photos au microscope électronique, Time, 21 septembre 2010.

693 Un sommet pour un cimicide
Il vient de se clore. 360 participants assis (et 200 dehors) ont travaillé mardi et mercredi à un grand et urgent projet d’éradication sur le Nord-Est de l’Amérique. De Cimex lectularius (Hém. Cimicidé), appelé localement bed bug.
Des édiles, des militaires, des maîtres désinsectiseurs et aussi des entomologistes ont déploré la situation gravissime (l’Empire State Building est contaminé) et présenté des solutions radicales. Se sont enchaînées les communications savantes et techniques sur l’emploi du froid, de la chaleur, de la destruction de leur habitat, des insecticides, des chiens renifleurs et des anti-grimpe-lit.
Point de démonstrations sur les bêtes, l’hôtel hôte avait été soigneusement choisi comme épargné par la peste. Mais une bonne ambiance : la Punaise des lits figurait en 2D sur les T-shirts et en 3 sur les couvre-chefs (avec pattes et antennes remuantes) ; on pouvait la manger sous forme de petits fours.
Tous ces experts sont formels : 1) la lutte est très difficile ; 2) il ne faut pas avoir honte d’héberger cet insecte.
D’après notemment  « BedBug Central conference offers victims invasive battlefield tactics for dealing with critters », par Joanna Molloy. New York Daily News, 22 septembre 2010, lu à www.nydailynews.com/news/
PS : les produits cimicides ménagers et les emballages à literie infestée (exposés au congrès) sont envoyés par la poste, sous pli discret.
À (re)lire « Punaises ! », rubrique Un insecte à la page, Insectes n° 147 (2007-4).

692 Marguerite aussi
Offrir un service sexuel (présumé) en échange d’un transport (réel) par air de sacs de poudre était jusque-là la spécialité de certaines orchidées (Ophrys). Le labelle de ces fleurs très sophistiquées ressemble à la femelle d’un insecte floricole (Hyménoptère dans la plupart des cas) et sent son odeur ; les mâles, leurrés, tentent de s’accoupler avec elles, s’agitent, se retrouvent avec des pollinies collées sur eux qu’ils iront à tire d’aile déposer sur la belle suivante.
Deux entomologistes sud-africains, Allan Ellis (université de Stellenbosch) et Steve Johnson (université du KwaZulu-Natal) viennent de confirmer que Gorteria diffusa (Astéracée) procède de même. Les pétales de cette marguerite sont très variables, certains portent des marques sombres qui les font ressembler à l’abdomen de la femelle de Megapalpus nitidus (Dip. Bombylidé). Le mâle, leurré, etc. (mais la poudre est en vrac). En remplaçant le pollen par de la poudre fluorescente, l’intensité du transport a pu être évaluée : les fleurs avec le plus de pétales à l’allure de mouches ont les meilleures performances de dispersion de leur pollen, attirant plus de mâles plus actifs.
À noter que dans cette fleur de marguerite, le pollinisateur est attiré à la fois par une offre alimentaire et par une offre sexuelle.
D’après notemment « Desirable daisies deceive male flies with sex offer », lu le 22 septembre 2010 à //sify.com/news/

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17 septembre 2010

À noter : 

À la découverte des insectes du Poitou-Charentes. Musée Bernard-d'Aguessi, à Limoges. Du 11 septembre au 7 novembre 2010. Renseignements au 05 49 78 72 04 et à musees@agglo-niort.fr

 À lire  sur Internet :

Biologie : le renouveau de l'écologie scientifique, par Hervé Kempf. Le Monde, 17 septembre 2010.

L'orageuse sexualité de la mouche Sepsis cynipsea, par Frédéric Lewino. Le Point, 14 septembre 2010.

Un premier cas non importé de dengue en métropole. Le Monde, 13 septembre 2010.
[Moustique tigre, Aedes albopictus, Dip. Culicidé]

Quand la nature inspire les chercheurs. BE Etats-Unis 218 du 10 septembre 2010.
[La soie des araignées, les écailles des ailes des papillons...]

691 Les insectes c’est sexy
Professeures, professeurs, voici comment décrocher le titre de meilleur cours de toutes les universités (états-unienne), qui vient d’échoir à Michael Burgett.
Premièrement la matière enseignée doit être l’entomologie et, deuxièmement, traitez ça avec humour. Au lieu de fournir à vos étudiant(e)s des articles de rang A sur l’hypermétamorphose chez les Platygastéridés, confiez-leur un dessin humoristique de la série Far Side de Gary Larson.
Le professeur émérite – et apiculteur amateur - Michael Burgett, à l’université de l’Orégon, propose – c’est l’exemple livré par le journal local – un cartoon où 2 insectes, à la fenêtre de leur pavillon de banlieue s’offusquent du comportement de leurs lucioles de voisines qui leur montrent la lune. Quelques jours plus tard, il ramasse les copies (sous forme de powerpoints) sur le sujet « Les insectes noctiluques » (le corrigé est ici), ainsi que, fournie ultérieurement en annexe, une petite vidéo amateur potache sur le « mooning ».
Et troisièmement, choisissez vos élèves : 20, pas plus, et des cadors.
Enfin quatrièmement, faites vous connaître de la revue qui décerne le prix : Playboy.
D’après « Best college class in the nation? Playboy magazine says it's at Oregon State », lu le 13 septembre à www.oregonlive.com/news/
Un dessin connu de G. Larson. Au lieu d’un topo bateau sur les yeux composés etc., développez à partir de « La mouche pour cible » (Insectes n° 151, 2008-4).

690 Filer un juteux cocon
Boursicoteuses, boursicoteurs, intéressez-vous aux insectes et, s’il n’en faudrait qu’un, à Bombyx mori (Lép. Bombycidé). Vos ancêtres auraient-ils été ruinés par l’effondrement de la sériciculture dans les Cévennes que cela ne devrait pas vous détourner du Ver à soie. C’est la chenille qui vous enrichira, pour peu que les annonces de Kraig Biocraft se confirment.
Cette petite firme états-unienne de biotechnologie a recruté une grosse équipe de transgénéticiens, notamment Malcolm Fraser (université Notre Dame) et Randy Lewis, des pointures. Elle s’apprête à lancer la production de fil d’araignée. Bien plus intéressante que celle de la soie d’insecte car ce fil a des propriétés extraordinaires (résistance, résilience, durabilité…) qu’on ne sait pas copier, seulement imiter imparfaitement. Les fibres artificielles composantes de câbles, de prothèses de ligaments, de gilets pare-balles (kevlar et autres) font l’objet d’un marché de 2,5 milliards d’euros pour l’Europe et l’Amérique du Nord.
Les araignées – pénibles à élever - produisent des quantités faibles de fil qu’il est très difficile de récupérer. Le Ver à soie, en revanche, est une grosse et docile usine, tout à fait capable de sécréter les protéines du fil d’araignée pour peu qu’on l’ait équipé du gène ad hoc – ce qui se fait par l’intermédiaire d’un transposon véhiculé par un baculovirus.
Pour en savoir plus, rendez-vous à la conférence de presse que Kraig Biocraft Laboratories (KBLB) va tenir ce mois-ci.
D’après « Transgenic silkworms could spin profits », par M.E.Garza. Lu le 2 septembre 2010 à //biomedreports.com/
NDLR : on ne négligera pas pour autant d’analyser le bilan de la firme canadienne Nexia qui produit depuis plusieurs années du « Biosteel » via le lait de chèvres également OGM.

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10 septembre 2010

À écouter/voir :

à la recherche de l'origine des insectes, par Stéphane Deligeorges avec Romain Garrouste et Cyrille D'Haese. Continent sciences - France Culture.

Un monde en miniature. France 5, les 10 et 11 septembre.
" Dans cette série, le grand naturaliste anglais David Attenborough emmène le téléspectateur à la découverte des créatures les plus résistantes de la planète : les invertébrés. "

À lire  sur Internet :

Rester à côté de ses morts, une stratégie pour éviter les ennemis naturels. INRA/DSPE, 9 septembre 2010.
[pucerons/parasitoïdes]

Les cafards pourraient être les antibiotiques de demain. Le Monde, 7 septembre 2010.

Les moustiques ont deux odorats ! Par Claire Peltier, Futura-Sciences, 1er septembre 2010

L’éléphant a peur des fourmis, ce qui sauve l'acacia, par Claire Peltier. Futura Sciences, 5 septembre 2010
[Crematogaster, Hym. Formicidae / Acacia mellifera]

689 Le sacrifice de Madame pot de colle
Quadrartus yoshinomiyai est un puceron (Hém. Aphididé) japonais qui induit des galles sur les feuilles de l’Hamamélidacée Distylium racemosum, son hôte primaire. La fondatrice s’enferme et donne naissance à des femelles aptères parthénogénétiques. Puis apparaît une génération d’ailés sexués qui sortent de la galle par des pertuis pour rejoindre le chêne Quercus acutissima. Le cycle dure 2 ans.
Les larves de premier stade se défendent et défendent leur colonie à coups de stylets contre les intrus (de petites chenilles, expérimentalement). Ces jeunes puceronnes ne sont pas différentiées en une caste particulière.
Keigo Uematsu et ses collaborateurs de l’université de Tokyo, poursuivant leurs observations et manipulations, ont mis en évidence un cas original de défense altruiste.
En ouvrant les galles à l’époque de la migration – où virginipares aptères et sexués ailés cohabitent, on trouve près de l’orifice des piles de cadavres de pucerons et de coccinelles, bien collés ensemble. De fait, les prédateurs sont attendus près du trou de sortie par des soldates. Surprise : ce sont des virginipares aptères adultes âgées, qui, contrairement à pratiquement toutes les puceronnes connues, ne contiennent pas d’embryons. Leur abdomen est plein d’une substance cireuse qu’elles sont prêtes à évacuer par leurs cornicules pour engluer pièces buccales et pattes avant d’un agresseur ; ce faisant, elles se suicident.
Des reproductrices se muent en soldates : c’est là un cas – fort rare chez les insectes – de spécialisation sociale acquise avec l’âge. Celle-ci a été sélectionnée par l’évolution du fait de l’avantage – meilleure survie – qu’elle confère à leur parentèle, les sexués.
D’après notemment « Suicidal menopausal aphids save their colony by sticking themselves to predators », paru le 17 juin 2010 dans Discover Magazine, lu à http://blogs.discovermagazine.com/
Article source : Altruistic Colony Defense by Menopausal Female Insects, Current Biology, 20(13), 13 juillet 2010. doi:10.1016/j.cub.2010.04.057
Vidéo sur YouTube.
À (re)lire l’Épingle de 2009 « Rustine suicide ».
Pour réviser ses Aphidoeidea, parus dans Insectes en 2006 : Les pucerons 1 ; Les pucerons 2

688 Le problème des bandes
Les criquets se déplacent et commettent leurs méfaits en groupes nombreux : quelques milliards d’individus voraces. Mais ces bandes (larves au sol) ou essaims (imagos en vol) sont mal organisées, sans but et toujours au bord de la dispersion. Contrairement aux nuées d’oiseaux où les parties externes sont plus denses que le centre, contrairement aux bancs de poissons plus serrés au milieu qu’à la périphérie, les criquets se précipitent tous à l’avant. Ceux qui trainent à l’arrière abandonnent la troupe et prennent n’importe quelle direction.
D’ailleurs un criquet tout seul en marche ou en vol prend n’importe quelle direction, de même font les bandes et essaims.
Le travail d’observation de Jerome Buhl et de son équipe réalisé en 2006 en Nouvelles Galles du Sud (Australie) – le suivi sur vidéogrammes de 65 000 larves en bandes et de 9 000 individus isolés – confirme les observations et les hypothèses issues de calculs de modélisation. Il livre la distance fatidique en dessous de laquelle le criquet suit le voisin - 13,5 cm – et s’enclenche, par panurgisme, le phénomène de déplacement en groupe. Il devrait, selon ses auteurs, permettre de mieux cibler les traitements.
D’après « Locust swarm 'secrets' may prevent insect plagues », BBC News, 2 septembre 2010, lu à //news.bbc.co.uk/
À (re)lire l’Épingle de 2008 «
Poussés au cul » .
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30 août 2010

À lire  sur Internet :

À Saint-Etienne, le tigre des platanes fait rugir les riverains. Par Yvette Granger, Le Progrès, 26 août 2010.
"Un minuscule insecte s'invite sur les balcons et terrasses des citadins résidant à proximité de groupes de platanes, les forçant à vivre fenêtres fermées, à partir du milieu de l'après-midi."
[Corythuca ciliata (Hém. Tingidé)]
À (re)lire : « Les tigres », par Alain Fraval. Insectes n° 140 (2006-1).

La vie sociale de la fourmi éclairée par le séquençage de son génome. AFP,  28 août 2010.
[Fourmi charpentière de Floride, Camponotus floridanus / fourmi sauteuse, Harpegnathos saltator, Hym. Formicidés]

Une plante en danger sauvée par des chenilles kamikazes, Par Claire Peltier, Futura-Sciences 30 août 2010.
Une chenille herbivore causerait sa propre perte en attirant son prédateur. Les signaux de secours émis par la plante seraient en effet plus efficaces en présence de la chenille. Une étonnante stratégie qui illustre la variété des moyens de défense des végétaux.
[Sphinx du tabac, Manduca sexta, Lép. Sphingidé  / Geocoris pallens, Hém. Lygéidé  / Nicotiana attenuata]

Le rôle fondamental des interactions entre espèces dans la stabilité des communautés écologiques. TechnoSciences, 25 août 2010.
[Travaux d'Elisa Thébault et Colin Fontaine. Réseaux trophiques / réseaux mutualistes. Architecture compartimentée / architecture emboîtée. Phytophagie / pollinisation]

687 Adoptez une notonecte !
Vous avez une petite mare dans votre jardin – c’est tendance – où vous avez apporté des animaux plaisants et qui se peuple d’autres, moins aimables. Comme des Diptères Culicidés. Sachez que les dames moustiques rechignent à pondre dans les mares infestées des insectes qui se repaissent de leurs futures larves.
C’est ce sur quoi travaille Leon Blaustein, de l’université d’Haïfa (Israël), qui vient de mettre en évidence la production par les notonectes (Hém. Notonectidés) d’une kairomone volatile perçue par les moustiques femelles à la recherche d’un site de ponte.
Ce répulsif n’a pas d’odeur pour l’homme : il pourrait s’avérer plus intéressant que les produits actuels (DEET).
En attendant sa mise au point, vous pourrez bénéficier du spectacle de cette punaise d’eau qui nage sur le dos.
D’après « Mimic a predator to avoid mosquito bites », par Ben Leach and Richard Gray. The Telegraph, lu le 28 août 2010 à www.telegraph.co.uk/

686 Vol de jour
Au prix de nombreux vols d’essai, des drosophiles viennent de nous faire comprendre comment elles maintiennent leur altitude.
Soit des chercheurs de l’institut de technologie de Pasadena (Californie, états-Unis) qui entreprennent de vérifier la théorie en cours qui stipule que les insectes se basent sur le flux d’images du sol qui défilent sous eux, en agissant de telle façon qu’il demeure constant. Pour ce faire, les expérimentateurs lâchent des drosos dans une chambre de vol très perfectionnée avec un grand nombre de caméras et un système d’imagerie capable d’afficher sur les parois tout ce qu’ils peuvent imaginer.
Résultat principal : la théorie est infirmée. Il faut chercher autre chose. Au bout de quelques manips, il appert que l’insecte utilise un système simple qui consiste à maintenir un angle constant entre son plan sagittal et une ligne horizontale du paysage – sans s’occuper de ce qu’il survole.
Résultat complémentaire : la mouche possède deux mécanismes qui assurent sa stabilité et lui évite les collisions (sans garantir une altitude constante). Elle réagit d’une part par des mouvements appropriés à toute modification soudaine dans son champ visuel et d’autre part par une montée en chandelle au grossissement rapide de ce qu’elle perçoit sous elle.
Sans doute tous les insectes volants ne contrôlent-ils pas leur altitude de vol de la même façon – comment font ceux qui traversent les déserts ou volent de nuit ? – et peut-être la drosophile a-t-elle d’autres instruments à sa disposition pour d’autres circonstances. Un grand champ de recherches qui intéresse les concepteurs de petits robots volants.
D’après « How Flies Set Their Cruising Altitude », lu le 20 août 2010 à www.sciencedaily.com/

685 La tête de l’emploi ?
Les guêpes, en particulier les femelles fondatrices de Polistes dominulus (Poliste gaulois, Hym. Vespidé) affichent leur rang social. Les dominantes arborent un facies plus fragmenté que les dominées, à la mine plus effacée ; leur statut est une question de taux d’hormone. Il s’agit, au moment de la fondation du nid, de savoir qui sera la patronne. Quel rôle joue ce polymorphisme facial et comment se maintient-il au fil des générations ? Un problème de biologie de l’évolution.
Elizabeth Tibbetts et Amanda Izzo (université du Michigan, états-Unis) ont maquillé et dopé des guêpes, les ont mises durant 2 heures en présence de congénères qu’elles n’ont jamais rencontrées, et ont compté les coups. En préparant ces lots : des costaudes la face repeinte en lavettes, des mauviettes grimées en terreurs, d’autres mauviettes dopées en plus à l’hormone d’agressivité – en plus des femelles témoins livrées à l’expérience au naturel. Dans tous les cas, les guêpes qui ne sont pas ce qu’elles ont l’air d’être sont tabassées ou, dans le cas des fortes à la mine de faibles, ne sont pas acceptées comme supérieures. Les pusillanimes déguisées et dopées sont respectées : c’est la tricherie qui est sanctionnée.
Allure ou comportement non-conformes à l’aptitude au combat sont sanctionnés ; l’agression est récompensée par l’accès à un degré de dominance supérieur à celui qu’aurait l’individu qui aurait fait confiance à la tête de l’autre. Il y a là un système de punition sociale qui, au travers de l’évolution, maintient la qualité du signal.
À quoi sert cependant l’affichage de la force de chacune puisque le seul moyen de la mesurer et de vérifier la pertinence du signal est d’attaquer ? Les auteures avancent une hypothèse : la destinataire du signal, dans le cas d’une interaction brève et pour un enjeu peu crucial, a peu à perdre en se fiant à lui ; en revanche, lors de confrontations prolongées ou pour une cause majeure, elle tirera bénéfice de provoquer l’épreuve de force.
D’après « Paper Wasps Punish Peers for Misrepresenting Their Might », lu le 19 août 2010 à www.sciencedaily.com/
Portraits de 9 individus de Poliste gaulois. Photo Elizabeth Tibbetts.

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23 août 2010

À lire  sur Internet :

Le Mexique stérilise les "mouches dévoreuses d'hommes" pour mieux les éradiquer, par Fédéric Saliba. Le Monde, 20 août 2010.
[Lucilie bouchère, Cochliomyia hominivorax, Dip. Calliphoridé]
À(re)lire " Toliman le magnifique ", " Évasions et mauvais triaitements " et " Lucilie GM ", Épingles de 2000, 2003 et 2010..

Une manipulation qui dure depuis presque 50 millions d'années, par C.D. Sciences et Avenir, 18 août 2010.
" Le parasitisme des fourmis par des champignons, qui manipulent les insectes pour mieux se reproduire, serait une très vieille histoire, affirment des chercheurs. "
[Camponotus leonardi (Hym. Formicidé] / Ophiocordyceps unilateralis ]

Un nouveau squat pour la Rosalie des Alpes, par Noémie Seguin. Sud-Ouest, 18 août 2010.
"Le Jardin respectueux aménage un lieu de vie pour cet insecte rare"
[Rosalia alpina, Col. Cérambycidé]

" Gerridae ", par Virginie Malbos. Libération, 16 août 2010 (5 articles à suivre).
[Gerris sp., Hém. Gerridé. Un jeu créé par 11 étudiants lyonnais en guise de travail de fin d'études.

Le pique-prune, scarabée amateur de vieux arbres, sème la discorde chez les hommes, par Laurence Caramel. Le Monde, 14 août 2010.
[Osmoderma eremita, Col. Cétoniidé)

684 Taon pis pour les noirs
Après avoir découvert que, seuls parmi les Diptères, les imagos de taons (Tabanidés) à la recherche d’un lieu d’accouplement ou de ponte (près d’un point d’eau) sont attirés par la lumière polarisée horizontalement, Gábor Horváths (université Eotvos à Budapest, Hongrie) s’est attaqué au mythe du cheval blanc.
Ce dernier serait moins piqué par les taons que ses congénères à la robe sombre. Trois chevaux (noir, marron et blanc) furent conduits dans un pré, enduits d’une glu inodore et incolore (marque Bábolna Bio). Des dénombrements effectués quotidiennement pendant 54 jours il ressort que les brun et noir ont « capturé » respectivement 15 et 25 fois plus de taons que le blanc. La cause : la fourrure blanche dépolarise la lumière et rend son propriétaire moins attirant pour le Diptère vulnérant – par ailleurs guidé vers une espérance de repas surtout par le gaz carbonique.
On doit à Gábor Horváths d’autres découvertes en opto-entomologie comme l’attraction particulière des automobiles rouges vis-à-vis des insectes aquatiques et celle exercée par les tombes noires sur les sympètres (Sympetrum spp., Odon.  Libellulidés).
D’après, notamment, « Improbable research: why horseflies don't trouble white horses », par Marc Abrahams. The Guardian, 2 août 2010, lu à www.guardian.co.uk/
NDLR  : le petit cheval blanc de la complainte n’a jamais vu le beau taon.

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2  août 2010

À voir sur Internet :

Les Insectes de l'OPIE, vidéo par O. Boutonnet et Marcel Chanet.

À lire  sur Internet :

Un programme sans précédent pour élucider la surmortalité des abeilles, par Gaëlle Dupont. Le Monde, 31 juillet 2010.

La migration des monarques aurait été démystifiée. Par Dominique Jarry-Shore. La Presse Canadienne, 24 juillet 2010.
"Une nouvelle étude menée par des chercheurs canadiens aurait résolu un mystère sur les habitudes migratoires des monarques et pourrait contribuer aux efforts de protection de ces papillons."
[Danaus plexippus, Lép. Danaïdé]

Le sauveur des palmiers. Le Figaro, 31 juillet 2010.
[Paysandisia archon (Lép. Castniidé) / Rhynchophorus ferrugineus (Col. Curculionidé) / Palmanem de Koppert )]

Un sacré coup de filet chez les auchenorrhynques... Par Brian Orsini. La Provence, 1er juillet 2010
"Près de 70 entomologistes ont parcouru le Ventoux hier à la recherche de ce cousin de la cigale"

À consulter :

Alien terrestrial arthropods of Europe, par Alain Roques et al. L'ouvrage  présente les 1 590 espèces exotiques établies sur le continent. Il est disponible sous forme imprimée (2 volumes pour plus de 1 000 p.) et en téléchargement gratuit, chapitre par chapitre, en pdf.

À noter :

Espèces en folie. Du 15 septembre 2010 à juillet 2011. Musée Vert. Musée d'histoire naturelle du Mans, 204, av. Jean-Jaurès 72100 Le Mans
Tél. : 02.43.47.39.94 ; musee-vert@ville-lemans.fr

"Mouches". Exposition du 25 juin 2010 au 27 mars 2011 au Museum d'histoire naturelle de Nantes

À lire et écouter sur Internet :

Sur les traces des premiers insectes : expédition événement au Spitzberg. Canal Académie, 7 juillet 2010.

683 Impressionnant
Le DARPA (département des recherches avancées de l’armée états-unienne) rêve de microespions volants de la taille et de l’agilité d’un insecte (volant). La mise au point des papillons et scarabées mi-bête mi-machine – les Zombiptères (souvent épinglés ici) – se poursuit (en secret ces derniers temps). En attendant les résultats brillants escomptés, on travaille sur des engins purement mécaniques (avec de l’électronique embarquée, bien sûr). Avions et hélicoptères ne peuvent être miniaturisés suffisamment : les lois classiques de l’aérodynamique cessent de s’appliquer. Il faut imiter l’aile de l’insecte et son battement.
Pour produire les prototypes nécessaires aux nombreux vols d’essai, rien de mieux que l’imprimante. D’un modèle 3D, capable de « sculpter » de tout petits objets (de l’ordre de 15 µ d’épaisseur et de 40 de largeur). Pour équiper un quadriptère, on obtient les 4 ailes en une heure.
D’après «Now, 3D printers to print tiny robotic insects ». Sify, lu le 17 juillet 2010 à //sify.com/news/
Photo du quadriptère construit par Hod Lipson à l’université Cornell (Ithaca, New York) : masse = 3,85 g ; autonomie = 85 s. 
NDLR : je les ai prévenus, les gens du DARPA, que le froid et les insecticides rendront inopérants leurs Zombiptères ; je reconnais que ces petits aéronefs échappent à cette limitation mais souligne qu’il faudra les améliorer considérablement (peut-on imprimer une cisaille ?) pour qu’ils franchissent sans casse du grillage à mouche. En tous cas, ils sont très vulnérables aux outils muscicides que j’ai décrits : (re)lire « La mouche pour cible » dans Insectes n° 151 (2008-4).

682 Droso médusée
L’œil serait donc apparu une fois chez les animaux et le nôtre serait homologue de celui de tous nos camarades animaux, insectes et hydrozoaires compris.
Si l’on insère à un embryon de drosophile un gène « Pax » de la méduse Cladonema radiatum qui lui fait des yeux à la base des tentacules, notre droso imaginale se retrouve avec des yeux (composés de quelques ommatidies) supplémentaires (sur le thorax).
Walter Gehring, de l’université de Bâle (Suisse), auteur de cette greffe, propose l’hypothèse « poupées russes » : à l’origine étaient des cyanobactéries photosensibles ; elles ont été incorporés par des algues rouges elles-mêmes incorporées par des dinoflagellés qui l’ont « transmis », suite à leur association symbiotique, à des méduses.
D’après « Jellyfish Eyes Solve Optical Origin Mystery », par Brandon Keim. Wired News, 27 juillet 2010, lu à www.wired.com/

681 Le Bourreau de la reine décharançonne
C’est un taupin de moins d’1 cm. Il s’appelle désormais comme ça, Bourreau de la reine, dans le civil ; au muséum il est Megapenthes lugens (Col. Élatéridé). Son nom vernaculaire a fait l’objet d’un concours, organisé par un journal et des institutions scientifiques dans le but de doter de noms signifiants et faciles à retenir (en anglais) 10 espèces (animales et végétales) en danger et d’attirer l’attention du public britannique (c’est là que ça se passe) sur leur sort.
Le lauréat créateur du nom Queen's executioner explique qu’il lui va bien : c’est un tueur (sa larve fil de fer chasse les larves de charançons dans la matière organique décomposée) et il est noir (la couleur de l’habit de la charge au près de Sa Majesté).
D’après « English names given to rare species after competition », BBC News, lu le 17 juillet 2010 à //www.bbc.co.uk/

680 Avec les tripes
Comment avancent les chenilles rampantes ? L’armée états-unienne et son DARPA (encore eux !) financent une étude dans le but de créer des « jambots », des robots mous ou fluides capables de se faufiler partout.
L’inspiration a été cherchée du côté de serpents arboricoles du Sud-Est asiatique ; ce sont maintenant les larves bleu-vert du Sphinx du tabac (Manduca sexta, Lép; Sphingidé) qui fournissent la matière à diverses expérimentations, observations et enregistrement à l’université Tufts (à Medford, Massachusetts).
Deux surprises : les chenilles rampent exactement de la même façon sur un support horizontal ou vertical et leur avancement est précédé de celui de leur tube digestif. Grâce à un équipement d’imagerie utilisant des rayons X puissants, il a été vu que, avant le moindre frémissement du tégument et de ses appendices locomoteurs, pattes et fausses pattes, l’ensemble stomodéum, mésenteron et proctodéum – qui n’est attaché pratiquement au tégument qu’aux deux bouts, se projette vers l’avant.
Cela est-il un gage d’efficacité ? Ou tout simplement une conséquence mécanico-hydraulique de l’anatomie de la chenille ? On l’ignore. Un peu comme dans le cas du marcheur ordinaire qui balance ses bras, sans aller plus vite ni plus loin pour autant.
L’engin militaro-médical qui sortira de ce travail d’entomolgie dynamique comportera-t-il un boyau projetable ?
D’après « Studying caterpillars to design robots », par Carolyn Y. Johnson, Boston Globe, lu le 27 juillet 2010 à www.boston.com/

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28 juin 2010

À noter :

Pollinisation, le gîte et le couvert. Conférence ONF / SERE / OPIE. Au Muséum à Paris, le 23 juin 2010. Tous renseignements ici.

À lire sur Internet :

Pour chasser, les fourmis s'accrochent, par Cécile Dumas. Sciences et Avenir.fr, 25 juin 2010.
" Ces fourmis de Guyane ne se contentent pas de s'organiser pour attraper leurs proies. A leur manière, elles ont inventé le Velcro, ont découvert des chercheurs. "
[Azteca andreae, Hym. Formicidé]

Capturer des moustiques? Les Estoniens se piquent au jeu. NouvelObs.com, 18 juin  2010.

Ventoux : interpellé en train de capturer des insectes protégés. La Provence, 18 juin 2010.

Gang des postiches chez les chenilles, par Cécile Dumas. Sciences et Avenir.fr, 17 juin 2010.

Le moustique-tigre arrive à Marseille, le chikungunya aussi ? Par Claire Peltier. Furura Sciences, 9 juin 2010.
[Aedes albopictus, Dip. Culicidé]

679 Le grillon, c'est grillé
L’entreprise de Beth Payne « Lucky Lure Cricket Farm » (en Floride, États-Unis) est silencieuse depuis mai, et en faillite ; 8 employés sont au chômage. Jusque là, des millions de Grillons domestiques Acheta domesticus y étaient engraissés, triés par taille, mis par mille dans une boîte avec une rondelle de pomme de terre et expédiés pour appâter les poissons ou nourrir les reptiles des terrariums qui n’aiment que les proies sautillantes.
Les grillons ont attrapé une maladie fatale et les efforts de l’équipe de l’insectarium pour désinfecter les locaux, les cages, le matériel… ont échoué. Le responsable est un virus Densoviridé Parvoviriné spécifique qui provoque une densonucléose et la mort des insectes surtout au dernier stade larvaire. Il n’y a aucun remède.
A. domesticus est le seul grillon élevé légalement en Amérique du Nord et les pêcheurs et herpétophiles sont en manque. En Europe, le cheptel gryllin ressortit à 3 espèces, outre celle-ci : le Grillon provençal Gryllus bimaculatus, Gryllodes sigillatus et Gryllus similis.
En 2002, les 5 plus gros éleveurs de criquets du Royaume Uni ont été frappés, après que l’épidémie ait fait son apparition en Allemagne. Le virus avait été découvert dans le Midi de la France (Constantin Vago, 1966).
Deux hypothèses courent le monde des lézards et des grenouilles en bocal : le virus serait transmis par les dermestes (Col. Dermestidés), détritiphages actifs dans les cages d’élevage ; il proviendrait de la mutation d’un des nombreus virus cultivés en laboratoire, à fins de recherches sur les auxiliaires de lutte biologique potentiels, sur la Fausse Teigne des ruches Galeria mellonella (Lép. Pyralidé).
Que faire ? Les A. domesticus états-uniens sont particulièrement sensibles. Sélectionner des lignées de résistants à partir de survivants et redémarrer la production dans des installations neuves ? Si les pêcheurs à la ligne ont d’autres appâts vivants dans leur musette, les terrariophiles sont frappés : rien ne vaut le Grillon domestique pour pas mal de leurs pensionnaires et son cours grimpe.
D’après, entre autres « Lethal virus wiping out cricket farms ». The Tampa tribune, lu le 27 juin 2010 à www2.tbo.com/
À (re)lire : Les grillons, par Gilbert et Julien Cousteaux. Insectes n° 129 (2003-2).
Grillon domestique et Grillon provençal sont en élevage à l’OPIE. Prenez de leurs nouvelles !

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4 juin 2010

À lire sur Internet :

Reproduisez-vous, vous êtes filmés, par Cécile Dumas. Sciences et Avenir.fr, 4 juin 2010.
"Pour mieux comprendre les chances de reproduction des grillons, des chercheurs ont placé ces insectes sous surveillance dans leur milieu naturel. Une télé-réalité très utile aux biologistes!"
[Grillon champêtre, Gryllus campestris (Orth. Gryllidé)]
À (re)lire : « Les grillons », par Gilbert et Julien Cousteaux. Insectes n° 129 (2003-2).

La lutte par confusion sexuelle contre les tordeuses de la grappe en vignoble se développe. La lettre du club Adalia, 1er juin 2010.
[Eudémis : Lobesia botrana (Lép. Tortricidé) ; Cochylis : Eupoecilia amuella (Lép. Phaloniidé)]

Dossier Abeilles, par le département Santé des plantes et Environnement de l’INRA, 4 juin 2010.

Une galerie d'art parisienne prise d'assaut par des abeilles. AFP, 4 juin 2010.
À (re)lire :  la série "Art et insectes" au fil des numéros d'Insectes.

Hôtels à insectes : 5 projets d’architecte. Treehugger, 2 juin 2010. (photos + texte en anglais).

Une nouvelle "palette" pour reproduire les couleurs des papillons, par Cécile Dumas, Sciences et Avenir.fr, 1er juin 2010.
"Les billets de banque seront-ils un jour aussi beau que les ailes des papillons? Des chercheurs s’inspirent des reflets de ces insectes pour créer de nouveaux procédés d’impressions sécurisés."
[Papilio blumei, Lép. Papilionidé]

678 Restauration collective
En cuisine, la nuit surtout, on les voit attroupés, en train de dévorer restes et miettes. Il y a de quoi se restaurer partout ; pourquoi ne sont-ils pas chacun tranquille dans son coin ?
C’est la question que se sont posée Mathieu Lihoreau et ses collaborateurs (Queen Mary's School of Biological and Chemical Sciences, Londres, Royaume-Uni). Leur dispositif expérimental : une arène, sous surveillance vidéo, avec deux sources de nourriture identiques où sont lâchés des individus affamés de Blattella germanica (Dict. Batellidé). Ces cafards domestiques se retrouvent rapidement tous au même endroit. Vidéogrammes et modèle mathématique suggèrent une communication rapprochée, via une phéromone de recrutement. Le message est « J’ai trouvé une bonne table, viens dîner près de moi ».
Reste à identifier le messager chimique (et à en faire un piège) ainsi qu’à préciser l’intérêt (pour la Blatte germanique) de prendre ses repas en commun.
D’après « How cockroaches 'talk' about food ». BBC News, lu le 4 juin 2010 à //news.bbc.co.uk/.

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31 mai 2010

À lire sur Internet :

Les insectes, biftek de l''avenir, par Gaëlle Dupont. Le Monde, 31 mai 2010.

Les termites dominent la savane, par J.L. Sciences et Avenir, 26 mai 2010.
" En dépit de leur taille, les lions, éléphants ou girafes qui peuplent la savane africaine ne jouent qu'un rôle mineur quand il s'agit de façonner l'écosystème. Le véritable roi de la savane semble être le termite, cette humble créature contribue puissamment au dynamisme des plantes et des animaux. "

Abeilles sous surveillance. La pollinisation du tournesol étudiée à l'INRA d'Avignon. Vidéo. Sciences actualités.

Un récepteur olfactif atypique conservé chez les noctuelles : une nouvelle cible à exploiter en protection des cultures ? INRA. Mai 2010.

À noter :

"Rencontres de la Biodiversité" en Tarn-et-Garonne, de juin à novembre 2010. 
Samedi 12 juin : « Les papillons, abeilles et bourdons pollinisateurs remarquables » de 14h à 17h30 : conférence à Caylus et sortie à Lavaurette. Par  Dominique Pelletier (OPIE-MP). 

Fourmis et libellules. Prochaines conférences de l’OPIE Midi-Pyrénées, le 19 juin à Gaillac.

677 Elles tombent dans le panneau
Les femelles des insectes aquatiques, notamment d’éphémères et de phryganes, tenteraient de pondre sur diverses surfaces artificielles réfléchissant une lumière polarisée, qui les attirent et les trompent. Elles s’exposeraient ainsi aux prédateurs et à une mort sans descendance.
D’après une étude réalisée en Hongrie et publiée dans Conservation Biology, les panneaux photovoltaïques, qui se multiplient sur les toits et les terrains, sont une menace grave pour le benthos et l’entomofaune en général par le jeu des réseaux trophiques.
Pour éviter leur nuisance, il conviendrait de les recouvrir d’un filtre, un fin grillage blanc par exemple – qui ne diminuerait leur production d’électricité que de moins de 2%. Toutes les surfaces noires brillantes sont dangereuses, des revêtements d’immeubles aux paillages plastiques en passant par les toits des voitures.
D’après « Solar Panels Can Attract Breeding Water Insects ... but Scientists Propose a Simple Fix », lu le 28 mai 2010 à www.sciencedaily.com/
NDLR : les éoliennes aussi feraient des victimes : voir la Brève «
À contre courant » parue dans Le Courrier de l’Environnement de l’INRA, n° 44 (2001).

676 En bandes, ils prennent la grosse tête
C’est un élevage fastidieux. Il faut maintenir isolés, chacun dans sa cage, une centaine d’individus de Criquet pèlerin et leur fournir blé en herbe et pâturin (ou pâtée ad hoc). Le but est de les maintenir pendant quelques générations en phase solitaire de façon à comparer leur « cerveau » à celui de leurs congénères en phase grégaire, élevés en masse.
Shistocerca gregaria (Orth. Acrididé) est bien connu pour ses changements de phases qui affectent sa morphologie, sa physiologie et son comportement – au point qu’on y a vu deux espèces distinctes – et qui se traduisent par des dévastations considérables.
Comparés avec ceux des grégaires, les ganglions cérébroïdes de ces solitaires sont plus petits d’un tiers, avec les lobes optiques et olfactifs relativement plus développés. Dans ce cas, chacun cherche sa pitance. En essaim, l’individu est mû par la masse. Pourquoi ce gros cerveau ? Les aires plus développées sont celles de la mémoire et de l’intégration. Le criquet en aurait besoin pour interpréter la situation au milieu de l’agitation et du bruit de la foule de ses voisins.
Recherches menées par Swidbert Ott et ses collaborateurs à l’université de Cambridge (Royaume-Uni).
D’après « Swarming 'swells' locusts' brain », par Victoria Gill. BBC News, lu le 24 mai 2010 à //news.bbc.co.uk
Montage colorié des ganglions cérébraux montrant les différences.

675 Bleu banane
L’asticot n'a pas de tête, n’y voit goutte mais a le nez fin. Le plus courant dans les labos, celui de Drosophila melanogaser, la Mouche du vinaigre, est connu sous toutes ses coutures. Il possède 28 neurones olfactifs, bien repérés. Cet équipement lui permet de s’orienter vers les odeurs de massepain, de colle ou de banane, signalant un délicieux fruit en train de pourrir.
Klemens Störtkuhl, avec des équipes travaillant à Bochum et à Göttingen (Allemagne), est parvenu à activer par de la lumière de 480 nm de longueur d’onde chacun de ces neurones, sur des mouches génétiquement modifiées, résultat vérifié par le suivi des trajets des influx nerveux au moyen de microélectrodes.
Ainsi, éclairé en bleu, notre jeune droso perçoit l’odeur de banane.
D’après « Gene Causes Blue Light to Have a Banana Odor in Fruit Flies », lu le 26 mai 2010 à www.sciencedaily.com/

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21 mai 2010

674 On recrute un nouvel agent…
…Mobilité exigée.
Dans le combat contre une jacinthe d’eau, l’Eichornie à pied gras, plante aquatique flottante et envahissante mondialisée, deux charançons et un papillon sont de vaillants agents de lutte biologique. Présente et très gênante dans tout le Sud-Est des États-Unis, cette peste végétale est traitée essentiellement à grands coups d’herbicides – ce qui nuit gravement à nos auxiliaires.
D’où une nouvelle tentative avec une cicadelle, Megamelus scutellaris (Hém. Delphacidé), repérée en Argentine (aire d’origine de la cible), étudiée (en quarantaine depuis 2006) et lâchée. L’espèce est prolifique ; larves et adultes sont des spécialistes de l’Eichornie et ne ponctionnent la sève d’aucune autre plante d’intérêt économique ou botanique. On attend d’eux qu’ils épuisent l’envahisseuse. Et qu’ils sachent se mettre à l’abri ou aller plus loin en cas d’épandage d’herbicide.
D’après « Scientists Release Biocontrol for Water Hyacinth ». Lu le 18 mai 2010 à www.sciencedaily.com
À (re)lire : «
Amat victoria curam », Épingle de 2007. 
Photo 

673 Vocation précoce
Les polistes sont des guêpes sociales prédatrices de chenilles qui construisent des nids sans enveloppe, en bois mâché. Reines (femelles reproductrices) et ouvrières (dévolues à la défense de la colonie et aux soins au couvain) cohabitent pendant un temps.
Chez Polistes metricus (Hym. Vespidé), commun dans le Sud des États-Unis, il est admis qu’une femelle adulte « choisit » sa condition : reproductrice (qui fondera un nouveau nid) ou gardienne-nourrice au service de ses sœurs.
Amy Toth et Tom Newman (université de l’Illinois) avec Gro Amdam et Florian Wolschin (université de l’Arizona) ont découvert que l’évolution de chaque femelle est en fait déterminée bien avant, lors du développement larvaire. Les larves sont toutes semblables et traitées pareil mais l’étude du protéome et du génome a révélé la présence, chez les futures reines, de protéines leur permettant de passer l’hiver.
De plus, chez celles-ci, des gènes sont plus actifs ; ils sont ceux qui, chez l’Abeille domestique, gouvernent l’orientation sociale. L’ancêtre commun entre les deux espèces date de 100 millions d’années.
D’après « The making of a queen: Road to royalty begins early in paper wasps », lu le 19 mai 2010 à www.physorg.com

672 Amours torrides
La demoiselle Mnais costalis (Odon. Zygoptère Calopterygidé) est endémique des montagnes japonaises ; elle y vit dans puis le long des torrents. Les imagos mâles, territoriaux, s’efforcent d’intéresser les femelles par leurs acrobaties aériennes. Mais les demoiselles demoiselles sont également très sensibles à leur ardeur, mesurable en degrés centigrades.
Les systèmes d’imagerie infrarouge en temps réel sont désormais à la portée des entomologistes. Une équipe anglo-nipponne a ainsi pu évaluer à distance et sans les perturber la température corporelle de mâles en pleine cour. Et établir que ce sont les plus chauds qui ont le plus de succès.
Mademoiselle se donnera à un monsieur qui possède du bien au soleil, autrement dit un territoire ensoleillé, un bout de berge où elle sera à l’aise pour pondre et, le cas échéant, échapper à un prédateur ; ses œufs se développeront plus rapidement et avec une mortalité moindre. Bien échauffé, le monsieur fera plus de rencontres et aura plus de descendants mais… s’il advient qu’il se pose à l’ombre, il perdra tout rayonnement et deviendra un laissé pour compte.
D’après « Female damselflies prefer hot males, finds Japan study », par Jody Bouton, BBC News, lu le 18 mai 2010 à news.bbc.co.uk/
Image thermique d'un mâle
Mâle de Mnais costalis (posé) en vidéo 

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16 mai 2010

À lire sur Internet :

lnquiétude des producteurs de châtaignes. France 3, 17 mai 2010.
"Le Cynips, une petite guêpe, principal ravageur du châtaignier, vient d'être repéré pour la première fois en Ardèche."
Paru en 2004 dans Insectes n° 134 : "Un Cynips menace la châtaigneraie à fruits", par Valérie Belrose.
Et parmi les 'Épingles' de 2005 sous le titre "Châtaigniers en danger".

Les bourdons de la Belgique, par A. Pauly et P. Rasmont. Atlas Hymenoptera.

OPIE-Benthos : les insectes et l'entomologie aquatiques sur leur site refait à neuf.

À noter :

Rappel : mardi 18 mai à 20 h 35 sur ARTE : Le mystère de la disparition des abeilles, par Mark Daniels, 2010 - 90 mn.

Petite Nature : avec des portraits d'insectes, par 8 photographes. Paris, Champs-Elysées, du 22 au 24 mai 2010. 

671 Le grésillement qui fait mâle
Les expériences sociales que font les jeunes peuvent déterminer ce que sera leur vie sexuelle une fois adultes. Qui a une certaine plasticité, même chez les insectes non sociaux.
Dans un labo de l’université de Californie (à Riverside, États-Unis) deux groupes de Teleogryllus oceanicus (Orth. Gryllidé) sont élevés dans les mêmes conditions, sauf qu’un lot bénéficie d’un complet silence tandis que l’autre baigne dans les stridulations d’appel sexuel des mâles. Les deux situations expérimentales miment respectivement des populations avec très peu ou beaucoup de mâles grésillants.
Une fois parvenus à l’état adulte, les grillons sont observés, mesurés, pesés puis disséqués.
Les individus gavés de chants mâles sont plus grands, en meilleure forme, avec des testicules 10% plus gros – un avantage sexuel augmentant leurs chances de se reproduire ; leurs congénères ont tendance à se comporter en pirates muets, interceptant sans avoir bougé un élytre les femelles répondant à l’appel d’un mâle tonitruant.
Article source : Bailey N.W., Gray B., Zuk M. 2010. Acoustic Experience Shapes Alternative Mating Tactics and Reproductive Investment in Male Field Crickets. Current Biology, 20(9), 845-849.

670 La fête de la Coupe du monde
Elle s’est déroulée le 14 mai à Saiden, dans l’état de Meghalaya (au nord de l’Inde). Petits et grands, munis de lampes, se sont joyeusement répandus dans la forêt, à la recherche d’individus tout frais de Coupes du monde - c'est ainsi qu'on les nomme.
Appelés traditionnellement Niangtaser, Chremistica sp. de leur nom scientifique, ces Hémiptères Cicadidés sont prestement insérés dans un tube en bambou. Ainsi emprisonnées, les larves au bord de la mue imaginale ne muent pas et, une fois lavées et cuisinées, constituent un mets très apprécié.
Ces cigales périodiques sortent de terre tous les 4 ans, en synchronisme parfait - et avec exactement un mois d’avance – avec un grand événement footballistique.
D’après « Unique festival dedicated to insect held ». Press Trust of India, lu le 15 mai 2010 à www.ptinews.com/news/

[R]


5 mai 2010

À noter :

La page Facebook de l'OPIE est ouverte. C'est ici.

À lire sur Internet :

Comment les chenilles de pyrale parviennent à éviter la « grande Faucheuse ». Presse Info, INRA, 28 avril 2010.
Un exemple d'adaptation comportementale d'un ravageur aux pratiques agricoles.
[Ostrinia nublilalis, Lép. Pyralidé. Fiche HYPPZ]

La volte-face de la mouche, par Maurice Mashaal. Pour la Science, 29 avril 2010.
Une équipe américaine a décrypté les subtils mouvements des ailes qui permettent aux drosophiles de pivoter rapidement en vol.

669 Ils craquent pour des criquets
 Ces habitants des hauts-plateaux herbus de l’Ethiopie sont végétariens, contrairement à tous leurs cousins. Mais envahis par un essaim de Criquets pèlerins (Schistocerca gregaria, Orth. Acrididés), les 220 individus du groupe se sont mis à pousser des cris d’effroi puis se sont jetés dessus et les ont mangés (ceux qu'ils ont pu attraper).
Le phénomène s’est passé en juin 2009 sous les yeux et la caméra de Peter Fashing, de l’université de Californie à Fulerton (états-Unis), qui n’avait rien vu de tel depuis 17 ans qu’il est sur le terrain.
On peut être inquiet : les criquets sont traités à l’insecticide et risquent d’empoisonner nos Theropithecus gelada, alias babouins Gelada.
D’après « Monkeys filmed feasting on locust swarm in Ethiopia », par Jody Bourton. BBC News, lu le 30 avril 2010 à //news.bbc.co.uk/
À (re)lire la série des «
Eux aussi ils aiment les insectes ».

668 Indifférence atavique
Pour s’épargner la piqûre des moustiques femelles et le risque d’attraper la fièvre jaune ou la dengue, le moyen préféré des touristes, travailleurs et militaires est l’application d’un répulsif sur les parties exposées de leur peau. Le plus classique et le plus efficace est le N,N-diéthyl-m-toluamide, connu comme le DEET.
On avait des indices de l’héritabilité de l’indifférence de moustiques à ce répulsif. James Logan et son équipe (Rothamsted Research à Harpenden, Royaume-Uni) ont trié des individus « résistants » de Stégomyie, alias Moustique à pattes blanches, (Aedes aegypti, Dip. Culicidé) et les ont croisés avec des individus ordinaires. La moitié de la descendance pique le bras oint de DEET du volontaire. La « résistance » serait due à un gène unique – on ignore lequel -, dominant agissant sur un type unique de récepteur olfactif des antennes.
L’étude se poursuit, sur des populations sauvages. Le DEET, en dépit de soupçons d’effets neurologiques, reste très largement employé.
D’après « Mosquitoes inherit DEET resistance», par Janelle Weaver. Nature News, lu le 3 mai 2010 à www.nature.com/
À (re)lire : «
Entomologie militaire », par Alain Fraval. Insectes n° 140 (2006-1).

667 Punaisés
Un marsupial, une sarigue, et un singe, un saïmiri, possèdent dans leur génome des transposons quasi identiques à ceux de la punaise Rhodnius prolixus (Hém. Triatomidé). Le transfert « horizontal » d’ADN aurait été effectué par l’entremise du protozoaire agent de la maladie de Chagas, qui infecte ces animaux. Trypanosoma cruzi est transmis aux mammifères par les fèces de la punaise qui s’infecte par son repas de sang.
La découverte, publiée dans Nature (doi:10.1038/nature08939), est due à Clément Gilbert et ses collaborateurs, à l’université du Texas à Arlington (États-Unis).
On ignore encore si les Sud-Américains victimes depuis toujours de la trypanosomiase sont également porteurs de ces séquences d’ADN « entomologiques ». On cherche aussi à savoir dans quelle mesure le parasitisme peut ainsi influer sur l’évolution génétique des hôtes.
La proportion de matériel génétique « exogène » dans le génome humain est connue depuis 2001 : 8%, en provenance de rétrovirus, s’exprimant dans les cellules germinales. En janvier 2010, l’intérêt pour le phénomène a été ravivé par la découverte de séquences d’ADN issues d’un bornavirus (provoquant une encéphalite du cheval) dans le tissu nerveux. Une piste pour expliquer des maladies mentales.
D’après « Scientists Uncover Transfer of Genetic Material Between Blood-Sucking Insect and Mammals », ScienceDaily, lu le 30 avril 2010 à www.sciencedaily.com/

666 Le vert rose
Le génome du Puceron vert et rose du pois vient d’être décrypté. Il est copieux (35 000 gènes, 10 000 de plus que chez l’aphidologue) et une partie est recopiée – une sorte de sauvegarde, pense-t-on. Autre surprise : il comporte des gènes de la synthèse des caroténoïdes identiques à ceux des champignons.
Acyrthosiphon pisum (Hém. Aphididé) est un ravageur commun des légumineuses, monoécique (l’oeuf d’hiver et les générations parthénogénétiques sont sur les mêmes plantes), qui choit quand on souffle dessus (amusant) et existe en plusieurs couleurs selon la « race », notamment rose ou vert (troublant).
Quel est l’avantage conféré à l’espèce par ce polymorphisme ? Les roses sont moins parasités par les microhyménoptères mais sont préférés par les coccinelles : une double pression qui explique le maintien de cette particularité.
Les pigments roses sont à base de caroténoïdes, substances liposolubles que les animaux ne synthétisent pas et que les pucerons en particulier sont incapables de puiser dans la sève. Ils pourraient être fabriqués par des symbiontes, comme Buchneria aphidicola ; l’analyse du génome de cette bactérie, hôte obligatoire, montre qu’elle n’est pas la source des caroténoïdes ni l’origine des gènes de leur production.
En analysant plusieurs souches, dont une jaune – résultant d’une mutation – on a pu confi rmer que le phénotype est bien déterminé par le jeu d’un gène, absent chez les verts.
On connaît des cas de transmission horizontale de gènes entre bactéries symbiotiques et insectes. Certains n’ont pas de fonction, d’autres s’expriment comme ceux de Wolbachia (du cytoplasme des oeufs) dans les glandes salivaires de moustiques.
Les gènes « fongiques » du rose sont entrés dans le patrimoine il y a 30 à 80 millions d’années, chez l’ancêtre commun au Puceron du pois et au Puceron vert du pêcher, Myzus persicae, qui possède également ce matériel rapporté. Quant au champignon donneur, il pourrait avoir été un endosymbionte ou un pathogène.
C’est la première fois qu’est mis en évidence que cette façon d’enrichir son génome procure une caractéristique aussi visible et aussi importante pour l’adaptation écologique de l’espèce.
Article source : Takema Fukatsu, 2010. A Fungal Past to Insect Color. Science, 328, 574-575.
Un autre exemple de transmission horizontale de gène entre eucaryotes a été épinglé le 2 mai 2010 :  " Punaisés ".
[R]
28 avril 2010

À écouter sur Internet :

Myrmécophonie. Synthèse sonore par fourmis circulantes... Vidéo

À noter :
A la découverte des papillons : week-end formation organisé par Planète Sciences Méditerranée, Proserpine et Arborescence et Vie, les 8 et 9 mai 2010 à Grasse. Contact : S.-G. Mareschi.

Mardi 18 mai à 20 h 35 sur ARTE : Le mystère de la disparition des abeilles, par Mark Daniels, 2010 - 90 mn.

À lire sur Internet :

L'Insectarium se renouvelle. Canoë, 26 avril 2009.
[Montréal, Canada]

Nabokov, suite 60, Montreux Palace. L'Express, 23 avril 2010.
« Et puis, il y a les papillons... Nabokov, on le sait était un lépidoptériste de haut vol, qui travaillait alors d'arrache-pied à un ouvrage de taxinomie […] »

Ier Colloque national d'Ecologie scientifique. Du 2 au 4 septembre 2010 au Palais des Congrès (Corum) de Montpellier. Site.
La lutte contre le paludisme progresse en Afrique, par Catherine Vincent. Le Monde, 24 avril 2010.
[grâce notamment à la généralisation des moustiquaires empoisonnées]

665 Nouvelles mines
En 2004, un amateur anglais du nom de Bob Heckford remarque des chenilles d’un vert brillant inhabituel minant des feuilles tendre de chêne dans les bois d’Hembury (Devon, Royaume-Uni), une réserve du National Trust.
Cette semaine, la bête est officiellement présentée au Muséum national d’histoire naturelle de Londres. C’est une espèce nouvelle pour la science, Ectoedemia heckfordi, Lépidoptère Nepticulidé.
D’après « New British moth found in Hembury Woods is world first », par Matt Walker.
BBC News, 28 avril 2010.
Photos des mines, du papillon et des genitalia sur Wikipédia
NDLR : amateurs, regardez bien en vous promenant, préparez la déclinaison latine de votre patronyme et prévenez l’OPIE qui épinglera.

664 Le mot « abeille » en éléphant
Les éléphants d’Afrique n’aiment pas les abeilles. Des ruches, voire des zonzonnements enregistrés, peuvent servir à protéger les cultures qu’ils dévastent volontiers.
Lucy King et son équipe (université d’Oxford, Grande Bretagne) poursuivent l’étude des réactions de Loxodonta africana vis-à-vis d’Apis mellifera scutellata. L’observation du comportement de familles d’éléphants soumis - en comparaison avec des bruits blancs - au bourdonnement d’abeilles en colère leur a permis de repérer l’émission d’un grondement particulier associé à des hochements de tête.
C’est un signal pour les congénères, qui se joignent au mouvement de fuite. À l’intention des éléphanteaux, ce grondement spécifique est pédagogique : il leur apprend à se méfier d’un danger réel. Les piqûres sont particulièrement douloureuses pour ces pachydermes quand elles sont infligées près de l’œil ou à l’intérieur de la trompe, ce que les abeilles n’hésitent pas à pratiquer.
Il reste à déterminer la spécificité entomologique de ce signal : est-il général ou modulé selon l’espèce d’insecte agresseur ?
Article source : King L.E. et al., 2010. Bee Threat Elicits Alarm Call in African Elephants. PLoS ONE 5(4): e10346. doi:10.1371/journal.pone.0010346. 
À relire, signalé sur la page En épingle de 2007 : « Les abeilles font fuir les éléphants ». 
[R]
16 avril 2010
 
À noter :

Le 6 juin 2010 : Portes ouvertes de l'OPIE à la maison des Insectes.
L'Agenda de l'OPIE  :  avril à  décembre 2010 (prévisions).

XVIe Colloque de biologie de l'insecte. Lyon, du 18 au 20 octobre 2010.  Renseignements : www.insavalor.fr/CBI2010

À lire sur Internet :

Tous naturalistes, par Gaëlle Dupont. Le Monde, 16 avril 2010.
[Sur la science participative.]

Trouillométrie (voir ci-dessous)  suite.

Les vignerons de Champagne plongent les papillons dans la confusion sexuelle. AFP, lu le 14 avril 2010 à www.sciencesetavenir.fr/
[Cochylis, Eupoecilia amuella, Lep. Phaloniidé]

663 Attention chenille méchante (suite)
La chenille de la Faucille lignée (Drepana arcuata, Lép. Drépanidé) défend sa feuille contre ses congénères en grattant son support de ses mandibules et de ses fausses-pattes anales modifiées (Épingle «
Attention chenille méchante » de 2001).
Jayne Yack, de l’université Carleton à Ottawa (Canada), a poursuivi ses travaux en étudiant l’évolution de ce comportement chez les espèces voisines dont certaines procèdent de même pour assurer leur tranquillité. À partir d’un classement (fait sur des bases moléculaires), il apparaît qu’il y a eu évolution à partir de chenilles d’espèces primitives, fort agressives, se contentant de marcher sus à l’ennemi et souvent de le tuer. L’emploi de signaux vibratoires serait une forme « civilisée » de défense du territoire.
À voir : une vidéo  (commentaires en anglais).
À (re)lire, dans Insectes n° 146 (2007 – 3) « Campophonies », par Alain Fraval.  

662 À chacun sa chacune
Il y a plus de 100 000 espèces de Lépidoptères, chez qui le papillon mâle répond à l’appel chimique de la femelle en vue de l’accouplement. Celle-ci émet une phéromone d’appel – caractéristique de son espèce - et seul un mâle de son espèce y répond et la rejoint. De nombreuses hypothèses ont été lancées pour expliquer cette spécificité.
On vient d’isoler les gènes responsables de ce mécanisme. Fred Gould et ses collaborateurs (université de Caroline du Nord) ont réussi à transférer – par toute une série de croisements - des caractères propres à la Noctuelle verdoyante (Heliothis virescens) à sa cousine proche H. subflexa. C’est un petit groupe de gènes qui permet d’obtenir un mâle hybride sensible à l’appel de la femelle de la Noctuelle verdoyante. Ils ont ensuite mesuré, en enregistrant la réponse électrique des neurones de l’antenne du mâle, la réceptivité des papillons issus de rétrocroisements : la réponse dépend bien des gènes hérités.
Une toute petite modification génétique, influant sur quelques neurones chemorécepteurs, est donc responsable de l’isolement reproducteur d’une espèce. Autrement dit, pour qu’une espèce nouvelle de Lépidoptère apparaisse, il faut qu’une mutation affecte simultanément la femelle – modifiant la formule de la phéromone – et le mâle. Sinon, la sélection naturelle joue contre elle : elle n’attirera personne.
Ces travaux sont une première avancée dans la compréhension de ce paradoxe évolutionniste.
D’après « Gene studies lead to kissing cousins », lu le 13 avril 2010 à www.innovations-report.com
NDLR : ces deux espèces de noctuelles (Lep. Noctuidés) ont été étudiées dans les années 1970 dans le cadre de la mise au point de la lutte « par stérilité hybride » contre les insectes ravageurs. Son principe : des hybrides peu ou pas fertiles concurrencent les individus présents et la population s’effondre.
La Noctuelle verdoyante attaque le cotonnier tandis qu’
H. subflexa se nourrit d’adventices. Chez les hybrides de première génération, les mâles sont stériles, les femelles sont fertiles mais n’engendrent que des mâles stériles.
D’après Combattre les ravageurs des cultures, enjeux et perspectives, par Guy Riba et Christine Silvy.
Quae, 1989.

661 Le cafard vieux comme le monde
Il est très aplati mais on reconnaît une sorte de blatte. Avec des mandibules, des ailes, des pattes munies d’euplantulae (organes adhésifs du tarse, différents de l’arolium) et terminées par des griffes. Et de l’espèce Archimylacris eggintoni.
On n’est pas dans une enquête policière, penchés sur un indice, en train d’examiner la victime d’une semelle. L’insecte vivait au Carbonifère, il y a 300 à 350 millions d’années. À cette époque, les animaux venaient de conquérir la terre ferme et, déjà, parmi eux, les insectes étaient une composante importante de la faune, sous forme notamment d’ancêtres de nos Dictyoptères (mantes, blattes dont termites) actuels.
A. eggintoni est un fossile très répandu, cosmopolite. Mais, pour la première fois, on a pu l’examiner sous toutes ses faces et découvrir ses appendices, sur un modèle en 3 dimensions. Ceci au moyen du scanner à rayons X et des ordinateurs de l’Imperial College à Londres.
Grâce aux détails morphologiques révélés, on peut imaginer les traits de vie principaux de ce protocafard. Il se nourrissait essentiellement au sol, de matière végétale en décomposition et de cadavres (comme nos blattes forestières) ; ses pattes en faisaient une bête très agile, se jouant des obstacles et capable de grimper et de se fi xer sur des végétaux, sans doute pour pondre à l’abri de ses prédateurs.
Avec leurs outils, nos archéo-entomologues britanniques s’attaquent maintenant à des opilions et à l’inclassable Camptophyllia, Arthropodes de la même ancienneté. 
D’après « Creepy crawly cockroach ancestor revealed in new 3-D model », lu le 13 avril 2010 à //cdn.physorg.com/
[R]

8 avril 2010

À lire sur Internet :

Une faune africaine sans précédent piégée dans l'ambre, par Cécile Dumas. NouvelObs, 6 avril 2010.
" Des insectes vieux de 95 millions d'années, fossilisés dans la résine, ont été mis au jour en Ethiopie: une découverte inédite en Afrique. "

À voir sur Internet :

Les insectes attaquent. Christian Science Monitor. Série de photos avec légendes (en anglais). 6 avril 2010.

À noter :

Observatoire des bourdons : la saison 2010 est lancée.

660 Sagesse ?
La raison plaide pour mais est-ce bien sage ? Le débat ne va-t-il pas tourner au vinaigre ? Devra-t-on, en parlant de la Mouche de ce produit issu des biotechnologies, oublier l’ « Amie de la rosée » et adopter « Porteuse de sagesse » ?
Raisonnablement, le nom de genre Drosophila doit rester à D. funebris, espèce type, tandis que D. melonogaster – trop différente dans ce groupe surpeuplé - devra rejoindre un nouveau genre, Sophophora.
Tandis qu’Insectes consacre à ce Diptère un article intitulé « Mouche à tout » sous son nom correct à la date de parution de sa dernière livraison, alors qu’il est établi que c’est l’insecte le plus valeureux rapport aux services qu’il a rendus à la Science, vu que d’aucuns vont ignorer toute la biblio qui lui est consacré s’ils tapent son nouveau nom dans Google… une part de l’entomosphère plaide pour qu’on ne le renomme jamais.
On pourrait inscrire funebris et ses proches dans un nouveau taxon mais il faudrait renommer des centaines de mouches des fruits, certes moins célèbres. La Commission internationale de nomenclature zoologique (ICZN), après 3 ans de débats, a rejeté la proposition par 23 voix contre 4.
Écrire Drosophila melanogaster est encore licite, mais pas pour longtemps.
D’aprè « Identity crisis for fly that’s the apple of scientists’ eye », par Mark Henderson. The Times, lu le 8 avril 2010 à www.timesonline.co.uk/

659 Trouillométrie
Les Français sont 64 % à ressentir du dégoût pour les insectes, les Françaises 79 %, dont une sur deux éprouve de la peur et même de l’angoisse. Par rapport à l’an dernier, plus de gens (« + 10 points ») estiment que leur sentiment est rationnel, notent les auteurs du sondage (1 000 réponses, via Internet).
Ils nous apprennent que 4 individus sur 10 sous-traitent l’élimination de l’insecte domiciliaire intolérable. Sont appelés à la rescousse le conjoint, un éradicateur professionnel, un enfant. L’homme de métier est payé (fort cher), les autres font l’objet de manœuvres ad hoc : de la cajolerie à la simulation de panique. Autre type de réaction : fermer la pièce et attendre que la bête meure ou quitter la maison.
Face à leur conjointe paniquée, une petite moitié des conjoints adopte une attitude protectrice, l’autre se moque gentiment, quelques uns s’énervent.
Les Français estiment pour la plupart être de plus en plus souvent confrontés aux mouches, aux abeilles et guêpes, aux araignées et aux fourmis – taxons qu’ils reconnaissent.
On n’omettra pas de signaler que 52% des gens manifestent (entre autres) de la curiosité.
D’après « Les Français et la peur des insectes », par Anne Sophie  Vautrey. Enquête Ipsos pour Vitomit, lu le 7 avril 2010 à www.ipsos.fr/
Voir le diaporama
À (re)lire, épinglé en 2006, « Yeah faut les anéantir ! ». 
NDLR : personne – mais y avait-il une case à cocher pour ça ? - n’a avoué faire un petit cours d’entomologie ou proposer un abonnement à Insectes.

[R]


2 avril 2010

À voir sur Internet :

Des photos d'insectes sous la rosée.  De Miroslaw Swietek.

À lire sur Internet :

La mystérieuse dépopulation des abeilles se poursuit aux Etats-Unis. Atlas Info (AFP), le 30 mars 2010.
[CCD]

Madame scarabée sait se battre, par Susan Milius. Courrier International, 25 mars 2010.
" Une espèce de bousier australien se caractérise par la présence d’une paire de cornes offensives chez la femelle. Une rareté. "
[Onthophagus sagittarius, Col. Scarabéidé]

658 Rencontre du 3e biotype
Depuis une décennie, les cultivateurs états-uniens de soja ont un ennemi spécifique, Aphis glycines (Hém. Aphididé). Le Puceron du soja, originaire d’Extrême Orient, vole par ailleurs en essaims compacts et perturbe, entre autres activités cruciales, les matches de baseball.
Les agriculteurs limitent ses dégâts en semant des variétés résistantes et en traitant les champs infestés aux insecticides. En 2006, on a découvert des populations capables de pulluler sur certains cultivars résistants et les a déclarées du « biotype 2 ».
Cet hiver, le biotype 3 est apparu à Springfield Fen (Indiana). Les entomologistes de l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign ont constaté que les descendants de pucerons hivernant sur bourdaine prospéraient sur les variétés résistantes. Jusque-là, de tels pucerons – se riant des gènes Rag1 et Rag2 - n’ont pas été trouvés ailleurs.
Ce ravageur très « créatif » inquiète : les cultivars résistants devenant inopérants, il reste la lutte chimique. Celle-ci marche bien, à condition de surveiller scrupuleusement l’évolution des effectifs du ravageur et de déclencher les traitements dès que le seuil d’intervention (de l’ordre de 250 individus par plant) est atteint.
On attend la mise au point de marqueurs (ADN) pour repérer ce biotype 3 et adapter dans chaque région l’offre de sojas résistants.
D’après « U of I researchers identify new soybean aphid biotype », lu le 29 mars 2010 à www.eurekalert.org/
À (re)lire l’encadré « Le tout jeune roi du Web » en dernière page de l’article « Les Pucerons I », par Alain Fraval, Insectes n° 141 (2006-2) ;
« Le puceron du soja : ravageur agricole et peste du piéton », par Alain Fraval, Insectes n° 155 (2009-4) ;
Et l’Épingle « Aphidoculture » de 2008. 

657 Le wiliwili est sauvé
Victimes d’un défoliateur, les wiliwili (grande érythrine) d’Hawaï avaient triste figure, certains mouraient. Grâce à l’opération de lutte biologique classique menée par Mohsen Ramdan, ils portent beau, refeuillés.
Le défoliateur – récemment introduit - est un Hyménoptère Eulophidé cécidogène, Quadrastichus erythrinae. L’agent de lutte bio, du même ordre, a été rapporté en 2005 de Tanzanie ; c’est Eurytoma erythrinae, parasitoïde du ravageur. Après des tests pour s’assurer que l’auxiliaire n’attaque pas des insectes utiles ou en danger, quelque 5 000 individus ont été lâchés sur les arbres d’Honolulu à l’automne 2008. Dès l’année suivante, les premiers wiliwili reverdissaient.
Près de 250 agents de lutte bio ont été introduits à Hawaï, avec parfois des échecs et, pire, des résultats inattendus et dommageables. M. Ramadan souhaite s’attaquer de la même façon à d’autres envahisseurs indésirables, en prospectant dans leur aire d’origine à la recherche d’un ennemi naturel efficace.
Mais les crédits « déplacements » de son labo ont été coupés.
D’après « Hawaii's infested wiliwili trees being rescued by African wasp », par Robbie Dingeman, lu le 26 mars 2010 à www.honoluluadvertiser.com/
À(re)lire l’Épingle « Sauver le wiliwili » de 2006.  

[R]


25 mars 2010

À consulter : 

Agenda 2010 de l'OPIE Midi-Pyrénées. Ici

À noter : 

Les 37e journées des entomophagistes (ENT0M2010) se tiendront à Antibes-Juan-les-pins du 5 au 7 mai 2010.

À lire sur Internet :

Des moustiques programmés pour vacciner, par Pauline Fréour. Le Figaro, 23 mars 2010.
"Une équipe de chercheurs japonais est parvenue à modifier génétiquement un moustique pour qu'il diffuse un vaccin lorsqu'il pique une souris. Une expérience qui soulève de nombreuses questions pratiques et éthiques."
[Anopheles / Leishmania]

656 Bêtes curieuses
Les îles Hawaï recèlent de nombreuses curiosités biologiques (beaucoup son éteintes…) et ont vu se dérouler des processus évolutifs un peu étranges. Dernière découverte en date, celle du mode de vie unique des chenilles de 4 Hyposmocoma (Lép. Cosmoptérigidés), un genre endémique riche de 350 espèces.
Celles-ci sont en effet capables d’effectuer leur développement aussi bien sur la terre que sous l’eau. Ce sont jusque-là les seuls insectes vraiment amphibies connus. Leur habitat : des zones soumises fréquemment à la submersion, par des nappes d’eaux courantes, suite aux ouragans. La chenille n’a pas de branchies ni de plastron et respire au travers de la cuticule – et meurt d’asphyxie dans une eau stagnante.
Parmi les Hyposmocoma, phytophages, ces chenilles à fourreau se distinguent par leur régime zoophage, qui est tout à fait particulier. Elles avisent un escargot (petit) au repos, le bousculent pour vérifier qu’il est vivant puis l’emmaillotent d’un réseau de fils de soie. Une fois leur proie fixée, elles s’extraient de leur abri pour y pénétrer et dévorent la bête. La coquille vidée est souvent détachée de son support et « cousue » sur leur fourreau. Trophée ou ornement ?
Le mode de vie amphibie de ces espèces, d’après les résultats de l’analyse de leur génome, est le fruit d’une évolution parallèle, les cas étant apparus indépendamment les uns des autres – et ce 8 millions d’années avant la formation des îles actuelles.
D’après, entre autres, « Scientists discover world's first amphibious insects: Hawaiian caterpillars », par Jeremy Hance, lu le 22 mars 2010 à mongabay.com
Photos et dessin  
La chenille d’Hyposmocoma est à rajouter au chapitre Lépidoptères de « Les insectes fileurs de soie », par Alain Fraval, Insectes n° 156 (2010-1).

655 Les costauds et les couillus
Les concurrents, de diverses nationalités, ont subi des mois d’épreuves dans un laboratoire anglais. À la fin, c’est le Scarabée taureau, un Européen, qui a été déclaré champion du monde.
Ontophagus taurus (Col. Scarabéidé) est l’insecte le plus fort de l’Univers. Il peut pousser 1 141 fois son poids vif. Pour faire image, disons que cela correspond à un humain capable de pousser une file de 6 autobus à impériale bourrés de passagers.
La rédaction d’Insectes félicite le vainqueur et rappelle que ce résultat a été obtenu à l’eau pure et à la bouse, grâce à une prédisposition pour les combats très durs entre mâles.
Toutefois, cette gloire ne concerne que certains Taureaux. Il en est en effet qui émergent petits avec des cornes courtes et qui ne poussent personne ; à la dissection, il apparaît qu’ils ont des testicules nettement plus gros. Les deux formes sont bien distinctes et correspondent à deux stratégies sexuelles. Les gros aux grandes cornes, les costauds, défendent l’entrée de la galerie de « leur » femelle. Les petits, eux, capables de se faufiler, profitent d’un moment de distraction de leur part pour contribuer, avec prédominance, à la descendance de Madame.
Les Ontophages ont servi surtout à des études sur l’allocation des ressources entre organes et sur la sélection sexuelle.
D’après, entre autres, « Beetle 'world's strongest insect' », lu le 24 mars 2010 à www.independent.ie/
À (re)lire l’Épingle de 2001, «
Le poids des cornes ».

[R]


18 mars 2010

654 Les voies de l’immigration clandestine
Dans plusieurs cas, on soupçonne que l’invasion d’un nouveau territoire par un insecte (indésirable) n’est pas partie de son aire d’origine mais d’un foyer intermédiaire. Là, une population aurait acquis les caractères qui font dudit insecte une espèce « invasive ». C’est l’« effet tête de pont ».
Pas facile à prouver.
Une équipe de chercheurs de Montpellier et de Sophia Antipolis s’y est attaquée, sur le cas de la Coccinelle asiatique, Harmonia axyridis (Col. Coccinellidé). Une envahisseuse quasi cosmopolite désormais. Analysant (par une méthode statistique de comparaison de scénarios) les variations des microsatellites (courtes séquences d’ADN particulières) et les relevés historiques des premières observations, ils ont établi la carte des chemins empruntés par la coccinelle.
Depuis 1916, on l’a introduite, comme auxiliaire prédateur de pucerons ravageurs des cultures, à partir de plusieurs prélèvements en Extrême Orient et à plusieurs reprises en Amérique du Nord. Mais elle ne s’y est jamais maintenue au-delà de quelques décennies. Mêmes échecs en Europe (1982) et en Amérique du Sud (1986).
En 1988, une pullulation est signalée en Louisiane, puis une autre en 1991 en Oregon (côte nord-ouest des États-Unis). En 2001, le phénomène se manifeste en Belgique et en Argentine, en 2004 en Afrique du Sud. La gentille bête à bon dieu, le secourable agent de lutte biologique devient une peste honnie, dévorant les coccinelles autochtones, envahissant les maisons et dépréciant les récoltes de fruits. Les entomologistes sont vilipendés.
Surprise : toutes ces populations proviennent de la « souche » est-états-unienne, la tête de pont de l’invasion mondiale. En Europe, des caractères d’une souche introduite comme auxiliaire s’y mélangent (sans effet sur ses capacités « invasives »).
La coccinelle a cheminé toute seule, en passagère clandestine de billes de bois, entre autres, où elle s’était installée pour passer l’hiver.
Article source : Lombaert E, Guillemaud T, Cornuet J-M, Malausa T, Facon B, et al., 2010. Bridgehead Effect in the Worldwide Invasion of the Biocontrol Harlequin Ladybird. PLoS ONE 5(3): e9743. doi:10.1371/journal.pone.0009743.
En ligne.
À (re)lire : La Coccinelle asiatique Harmonia axyridis (par Gilles San Martin, Tim Adriaens, Louis Hautier et Nicolas Ottart). Insectes n° 136 (2005-1).

653 Droso Alzheimer
Après avoir montré in vitro que la protéine Affibody se lie avec le peptide A-bêta, l’empêchant de former des agrégats, Leila Luheshi et ses collaborateurs (University de Cambridge, Royaume-Uni) ont vérifié ce résultat chez la Mouche du vinaigre. 
Affibody est le nom d’une firme suédoise qui produit cette petite protéine de synthèse, inventée sur ordinateur ; le peptide A-bêta (ou bêta-amyloïde) est une forme anormale et neurotoxique d’une glycoprotéine de la membrane cellulaire qui forme des plaques (dites amyloïdes ou séniles) extracellulaires dans le cortex des malades d’Alzheimer.
Des mouches d’une souche génétiquement modifiée pour développer des plaques amyloïdes dans leur « cerveau » ont été croisées avec celles d’une seconde lignée, génétiquement modifiée pour produire la protéine Affibody. Leur descendance produit bien l’A-bêta mais leur tissu nerveux ne montre pas les plaques typiques d’un Alzheimer.
Une avancée due aux progrès de l’ingénierie des protéines.
D’après « Fruit flies and test tubes open new window on Alzheimer's disease », par Nick Saffell. Lu le 15 mars 2010 à www.eurekalert.org/
Voir le cerveau de la droso en 3 D

652 Accueillante Californie
L’Eudémis de la vigne, après avoir, depuis l’Italie méridionale, établi il y a longtemps ses quartiers en Europe (jusqu’en Russie), en Afrique (du Nord et de l’Ouest), au Moyen-Orient a gagné tout récemment le Chili et le Japon. Des papillons de Lobesia botrana (Lép. Tortricidé), ont été pris au piège en septembre 2009 près d’Oakville (comté de Napa) – on ignore comment ils sont arrivés là - et l’inquiétude est très grande dans cette contrée de vignes et de vergers.
Les chenilles de l’Eudémis, carpophages, s’attaquent surtout aux raisins mais elles sont également potentiellement nuisibles à d’autres fruits comme, chez nous, aux groseilles et aux cassis. En Californie, les kiwis, les olives, les grenades et les kakis sont, en plus des raisins, menacés.
Les autorités ont défini une zone de quarantaine (en 2 parties) : les fruits produits à l’intérieur doivent être consommés sur place… Elles envisagent une lutte par confusion sexuelle, au moyen d’un analogue de synthèse de la phéromone de rapprochement des sexes de la femelle diffusé massivement mais discrètement.
En effet… La région vient d’être envahie par la très polyphage et très vorace Pyrale brun pâle de la pomme, Epiphyas postvittana (Lép. Tortricidé), découverte en 2006 et maintenant répandue partout. On avait l’occasion, grâce à des épandages aériens de la « phéromone » faits au début de l’installation du ravageur, d’éradiquer l’envahisseuse. Mais les gens se sont opposés aux traitements aériens, qui ont été arrêtés.
D’après « Invasive moth threatens wine grape crop”, par Peter Fimrite. San Francisco Chronicle, lu le 10 mars à www.sfgate.com/
À(re)lire l’épingle «
La Pyrale de la pomme de la discorde » de 2008, en ligne à 
La fiche HYPPZ de l’Eudémis de la vigne 
PS : en 2008, une « terrible » mouche des fruits est apparue, venant d'Asie : Drosophila suzukii, qui a gagné l'Oregon voisin.
PPS : le vignoble californien a dû affronter la résurgence d’un américain de souche : voir « Phylloxéra, le retour », par Alain Fraval, Insectes n° 136 (2005-1).

[R]


10 mars 2010

À voir sur Internet :

Un hôtel à abeilles au ministère du Développement durable - une action OPIE-ONF. En vidéo.

À lire sur Internet :

Un cachet contre les poux ? Par C.D. NouvelObs.com, 10 mars 2010.
" Un nouveau médicament anti-poux pourrait faciliter la lutte contre les pédiculoses, selon des chercheurs français."
À (re)lire : "L'éradication du varron :  Inquiétudes d'un biologiste", par Thierry Lecomte. Insectes n°111 (1998) et l'encadré " Bouses toxiques", p. 7, Insectes n° 149 (2008).

Quand les papillons racontent l'histoire de la vie. Ouest France, 10 mars 2010
" L'Atlas entomologique régional a inventorié des milliers de papillons. Le Nantais Christian Perrein, son fondateur, veut éditer une Biohistoire des Papillons, qui peine à éclore en raison de son coût. "

Abeille et environnement, par INRA-Audiovisuel - 3 mars 2010 : restitution des exposés et des discussions, en vidéos.
Introduction -Économie de la filière apicole - Abeilles, pollinisation et biodiversité : les risques du déclin - Abeilles, concentrateur du paysage.
Caractère imprévisible de l’action des pesticides à faibles doses chez l’abeille - Abeilles et produits phytosanitaires : exposition et évaluation des risques  - Présentation du rapport AFSSA : Mortalités, effondrements et affaiblissements des colonies d’abeilles - Vers la construction d’une analyse globale du déclin des abeilles intégrant les multiples facteurs explicatifs.

651 Mme Muscle
Au bout des 25 000 épreuves de vol qu’ils ont fait subir à des imagos de la Mouche du vinaigre, Frank Schnorrer et son équipe (institut Max-Planck), ont déterminé les 2 000 gènes qui pilotent la formation de ses muscles alaires. Des muscles qui en font une athlète hors pair, dans les toutes premières du règne animal : ils développent en effet une puissance de 100 W par kg (poids vif).
Chez Homo sapiens, le coureur du Tour de France égale le culturiste avec un petit 30 W/kg. Ces deux dernières catégories de musculeux, bien au fait que beaucoup de gènes sont communs entre eux et le Diptère Drosophila melanogaster, espèrent que ces recherches déboucheront sans tarder sur une amélioration de leurs performances. D’autres y voient des pistes pour le traitement ciblé de maladies.
D’après « Fruit Flies – A Model for Bodybuilders », lu le 10 mars 2010 à www.newswise.com/

650 Naviguer au pif
Cataglyphis fortis (Hym. Formicidé) est une fourmi du désert, habitante des zones salées du Sud tunisien. Son nid souterrain s’ouvre par un petit orifice, à peine visible. Ses capacités d’orientation, pour retrouver sa colonie, ont été bien étudiées. Adaptée à un milieu où les traces chimiques ne sont pas opérantes, elle dispose de plusieurs systèmes de navigation : l’enregistrement de repères visuels, un compas solaire, un podomètre et un lecteur de paysage olfactif.
Ce dernier équipement était jusqu’aux tous récents travaux des myrmécologues de l’institut Max-Plank, à Iéna (Allemagne), l’apanage de l’homme et du rat.
Des ouvrières dressées à reconnaître 4 odeurs – différentes de celle du nid – lâchées sur le sable sans relief retrouvent le trou d’accès au nid dont elles sont sorties. Ceci même si ledit trou ne correspond plus à aucun nid. Pour réussir cette performance, elles ont besoin de leurs deux antennes (portant les organes de l’olfaction) : elles perçoivent les senteurs et leur emplacement en stéréo.
Article source : Steck K., Knaden M., Hansson B.S., 2010: Do desert ants smell the scenery in stereo? Animal Behaviour, online first (doi:10.1016/j.anbehav.2010.01.011)

649 Le ver rose résiste à Monsanto
Dans certaines zones de l’état du Gujarat (Inde), le cotonnier produit par la firme ne résiste plus au Ver rose du cotonnier. Le « pinkLes planteurs de coton l’avaient bien repéré, Monsanto l’admet – et c’est une premiè bollworm » se rit désormais des toxines de Bacillus thuringiensis produites par la plante génétiquement modifiée. 
Des suivis pratiqués par Monsanto en novembre 2009 ont révélé des taux de survie anormalement élevés des chenilles du ravageur. Des échantillons ont été rapportés au labo en janvier et février : les populations de Ver rose sont bel et bien résistantes.
Rashmi Nair, directeur scientifique du semencier, conseille aux agriculteurs de semer du cotton Bollgard II, qui possède deux gènes de Bt, développé pour retarder l’apparition de la résistance. Il leur recommande en outre de ménager des refuges (des cotonniers normaux). Mais les planteurs n’y croient plus et n’envisagent pas de consacrer une part de leur terrain à nourrir la peste.
D’après « Bt cotton ineffective against pest in parts of Gujarat, admits Monsanto », par Priscilla Jebaraj, The Hindu, 6 mars 2010, lu à //beta.thehindu.com/
On ne peut lire cette Épingle sans avoir pris connaissance de la précédente sur le sujet « Alteroviposition » , tout fraîche, ni sans revenir à l’articulet paru dans Insectes n° 122 en 2001 sous « En bref… », recopié tel quel ci-dessous.

LES PAPILLONS FONT DE LA RÉSISTANCE
La presse relaie l'information depuis un certain temps déjà : non, les cotons transgéniques de la firme Monsanto ne sont pas si efficaces que cela. Ils accuseraient en effet quelques faiblesses vis-à-vis des attaques du Ver rose du cotonnier, Pectinophora gossypiella (Lépidoptère Gelechiidé)... Par quel prodige ? Des chercheurs américains ont étudié, au laboratoire, le mécanisme d'acquisition de la résistance du papillon à la toxine CryiAc de Bacillus thuringiensis. En analysant la descendance issue de croisements entre papillons résistants et non résistants, ils ont déterminé que cette résistance dépend de la concentration en CrylAc : plus la concentration de la toxine est faible (moins elle est synthétisée), plus la mutation responsable de la résistance a des chances d'apparaître en descendance. Pour éviter l'émergence d'une telle résistance, il faut donc envisager d'emblée une forte expression de la toxine bactérienne dans le coton. Ce que Monsanto n'aurait apparemment pas suffisamment pris en compte dans sa production de coton Bt...
Lu sur le Journal des biotechnologies de l'INRA

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6  mars 2010

À noter :

L'INRA organise une rencontre intitulée "Abeilles et environnement" dans le cadre du salon de l'agriculture le mercredi 3 mars de 14h à 16h30.Cette rencontre sera retransmise sur le site de l'INRA.

Cartographie des fourmilions. Appel à contribution. R.A.R.E.

Effets des éléments boisés sur les populations de pollinisateurs dans les paysages agricoles. Proposition de thèse au CEMAGREF. Contact : Christophe Bouget (christophe.bouget(a)cemagref.fr)

À lire sur Internet :

De la part de l'INRA :
Les criquets : une valeur sûre pour la biodiversité
Une méthode d’échantillonnage fiable et reproductible, destinée à estimer le nombre de criquets présents dans les prairies d’un vaste site d’études. 
L’interaction entre pathogène et insecticide affecte la santé des abeilles
L’effet combiné induit un taux de mortalité plus élevé que chaque agent seul.
Biodiversité des pollens et santé des abeilles
La quantité et la diversité des ressources alimentaires (pollen) ont un impact direct sur la santé du pollinisateur.
Quels facteurs déterminent la biodiversité de la flore adventice en France ?
La diversité de la flore adventice analysée à une large échelle est favorisée par des systèmes agricoles peu spécialisés et peu intensifs. La conservation de cette biodiversité doit être raisonnée au niveau des territoires.

648 Alteroviposition
Cela fait treize ans qu’on cultive à grande échelle des cotonniers génétiquement modifiés, produisant des toxines de la bactérie Bacillus thuringiensis,  résistants aux attaques de ravageurs. Ceci se passe notamment en Inde, en Chine et aux États-Unis.
Normalement, les insectes « bioagresseurs » subissent une pression de sélection et, au bout de quelques générations, apparaissent des populations résistantes et les dégâts se manifestent. Les modèles mathématiques ont indiqué qu’il faut une dizaine de générations si les gènes sont dominants, un trentaine s’ils sont récessifs.
Pour éviter – ou tout au moins ralentir fortement – le phénomène, on a mis au point et appliqué la stratégie des refuges : des cotonniers normaux jouxtent des cotonniers GM. Ceci pour que les populations se mélangent en permanence et que les gènes de résistance se diluent.
Effectivement, on n’a observé que peu de cas de résistance, au bout d’une cinquantaine de générations des ravageurs (depuis 13 ans, les planteurs doivent semer 20 % de coton non GM).
Mais ceci ne serait pas tellement dû à l’installation des refuges qu’au comportement des femelles émergées dans les champs de coton Bt. D’après l’étude conduite par l’université de Wageningen (Pays-Bas) en collaboration avec l’université de la Caroline du Nord (États-Unis), des femelles pondent sur d’autres plantes. Leur descendance a une meilleure survie et la proportion de ces individus qui ont moins d’appétence pour le cotonnier augmente dans la population. Il en résulte des dégâts moindres, même en présence d’effectifs similaires. Et ce de façon durable.
Nos entomologistes vont maintenant vérifier leur hypothèse issue de modèles tournant sur ordinateur sur le terrain et étudier les préférences de ponte des insectes du coton dans les champs.
D’après « Oviposition behaviour of pest insects keeps Bt-cotton durably resistant », d’après l’université de Wageningen, lu le 3 mars 2009 à www.physorg.com

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23 février 2010

À lire sur Internet :

Guerre de moustiques, par J.L. Sciences-et-Avenir.com, 23 février 2010.
" Des moustiques génétiquement modifiés pour ne pas voler pourraient permettre de lutter contre la propagation de la dengue selon de nouveaux travaux. "

Les fourmis se cachent pour mourir… et protéger la colonie, par Grégoire Macqueron, Futura-Sciences, 19 février 2010.
" Chez plusieurs groupes d’animaux sociaux, les individus mourants partent parfois finir dans la solitude. Des chercheurs allemands ont découvert que chez les fourmis cet isolement social était une tentative volontaire pour éviter de transmettre leur infection au reste de la colonie. "

647 Une pincée de camions d'hiver
Le philanthrope Bill Gates appuie ses discours par un lâcher d’insectes : après des moustiques (symboles du paludisme), il vient de libérer un plein bocal de lucioles (l’énergie propre…).
En Australie, le Crapaud de la canne à sucre, Buffo marinus, envahisseur envahissant originaire d’Amérique du Sud, s’avère inadapté et donc en péril face à une fourmi indigène, Iridomyrmex reburrus. Contrairement aux grenouilles du cru, il vit le jour, ne les voit pas et, trop pataud, ne leur échappe pas. D’après Rick Shine (université d Sydney), l’efficacité de l’auxiliaire autochtone de lutte biologique est grandement augmentée en disposant de la pâtée pour chats, très prisée de la fourmi, dans son habitat.
En activant ou en désactivant le gène de la production d’une protéine nommée Rac, chez une drosophile génétiquement préparée, une équipe sino-états-unienne dirigée par Yi Zhong, a provoqué ou empêché l’oubli, par ladite mouche, d’une association d’odeurs avec un petit choc électrique : son cerveau efface chimiquement les souvenirs.
En Indonésie, des ouvriers préparent une statue de bronze de Barack Obama enfant - qui a vécu dans ce pays et doit s'y rendre en mars - avec un papillon sur le doigt.

646 Prolétaire sans défenses
Le Puceron rose et vert du pois est un ravageur important des légumineuses. Acyrtosiphon pisum (Hém. Aphididé) est aussi l’hôte de nombreux labos pour l’étude de la symbiose, de la transmission des virus, des relations plantes-insecte et du polymorphisme.
Son génome a été décrypté (il comporte deux fois plus de gènes que celui des autres insectes analysés jusque-là) et Nicole Gerado, chef de l’International Aphid Genomics Consortium, s’est penchée particulièrement sur les gènes des défenses immunitaires. Surprise : ils manquent presque tous. Le puceron affronte donc ses ennemis (de nombreux microorganismes pathogènes, principalement des champignons, en plus des insectes parasitoïdes et prédateurs) dépourvu de la plupart des moyens d’y résister qu’ont les autres insectes.
Les pucerons s’en sortent pourtant et sont capables de rapides proliférations conduisant à de belles pullulations. Ce sont d’efficaces suceurs de sève, qu’ils digèrent avec l’aide de bactéries (Buchnera) associées avec eux depuis 50 millions d’années. Il se pourrait que la perte de défenses immunitaires soit nécessaire pour conserver ces symbiontes. Les pucerons ont en même temps « fait un choix » particulier d’« investissement » : grosso modo, toutes les ressources du puceron – des puceronnes virginipares - sont affectées à la fabrication de pucerons, et de plusieurs générations emboîtées.
Autrement dit, sa seule richesse est dans sa lignée (proles en latin), c’est un vrai prolétaire.

D’après, notemment, « Pesky aphid thrives despite weak immune system », lu le 22 février 2001 à www.eurekalert.org/

645 La méfiance en héritage
Le Grillon automnal, Gryllus pennsylvanicus (orth. Gryllidé nord-américain), a tout à craindre de l’araignée-loup Hogna helluo (Lycosidé). Les individus rescapés de ses tentatives de prédation, et ceux des populations qui sont en contact avec elle, se protègent mieux contre ses assauts. Et les enfants des rescapées aussi, de façon innée. Telle est la découverte faite par Jonathan Storm et Steven Lima (université de l’Indiana, États-Unis), publiée dans American Naturalist.
Ils ont déposé des femelles dans un terrarium occupé par une araignée affamée mais aux chélicères neutralisées par de la cire. Puis observé le comportement des grillons de leur descendance (il n’y a pas de soins maternels), dans les mêmes conditions. Par rapport à des témoins dont la mère n’avait pas connue l’araignée-loup, ils se protègent mieux, restant deux fois plus longtemps à l’abri et sont repoussés par les déjections et les fils de soie de leur ennemie.
C’est la première fois qu’on met en évidence ce phénomène. La transmission de facteurs de résistance à un pathogène était connue. Le mécanisme reste mystérieux.
D’après « Grillen warnen via Ei », lu le 18 février 2010 à www.scienceticker.info/

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18 février 2010

À lire sur Internet :

Le SPIPOLL - suivi photographique des insectes pollinisateurs. Programme de science participative lancé par le Muséum National d’Histoire Naturelle, l’OPIE, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme et la Fondation Nature & Découvertes.
Première présentation.

Quand la mouche remplace le diamant sur le crâne de Damien Hirst,  20 minutes, 4 février 2010.

La diversité des paysages au service des papillons, par Grégoire Macqueron, Futura-Sciences, 13 février 2010.
" Quand l'environnement est varié, les papillons se portent mieux. C'est ce que démontre une équipe de chercheurs britanniques. Moralité : les paysages devraient être inclus dans les programmes de conservation et il ne serait pas inutile d'en créer. "

L'OPIE-MP investit le camp militaire du Larzac. Midi Libre, 13 févrer 2010.

Une coccinelle télécommandée, par par Isabelle Burgun.  Lien multimédia, 11 février 2009.
" Ce n’est pas un robot. Mais une véritable coccinelle qui, le temps d’une « couvaison », abrite une larve de guêpe pour en assurer sa survie. Et, une fois la mission accomplie, la coccinelle retrouve sa liberté ! "
[Dinocampus coccinellae, Hym. Braconidé]

À noter :

La biodiversité: qu'est ce que c'est ? par Laurent Pélozuelo et Le naturaliste et les fourmis, par Laurent Cournault. Conférences de l'OPIE-MP, samedi 6 mars, 14h30, à Gaillac (Tarn); Contact : lpelozuelo@yahoo.fr
 
644 Greffe du nez
Un bon moyen de répertorier les odeurs auxquelles les insectes sont sensibles (les aimant ou les détestant) est de transposer leurs sensilles olfactives – situées sur leurs antennes – une par une à des œufs de grenouille. Lesquels sont plongés dans une solution de la substance chimique en examen. On enregistre les variations de potentiel électriques induites en cas de réaction. On a ainsi étudié l’odorat de papillons de nuit, de l’Abeille domestique, de la Mouche du vinaigre.
L’outil ne convient pas pour des produits volatils, comme ceux qui guident les moustiques vecteurs vers leur repas de sang. D’où la mise au point d’un nouveau dispositif, certes plus long à mettre en œuvre. Il est constitué d’une drosophile mutante anosmique à laquelle on a greffé un par un les gènes des récepteurs olfactifs du moustique.
La méthode se révèle capable de repérer aussi les composés chimiques qui inhibent l’olfaction. On a pu ainsi montrer qu’Anopheles (Dip. Culicidé) possède des sensilles spécialistes à côté de généralistes et inventorier 27 substances « olfactoactives » spécifiques de la peau humaine.
Travaux conduits aux États-Unis par les équipes de Laurence Zwiebel (œufs de grenouille, à Vanderbilt) et de John Carlson (droso, à Yale).
D’après « Scientists Transplant Nose of Mosquito, Advance Fight Against Malaria », lu le 16 février 2010 à //www.sciencedaily.com


643 Regarder penser les mouches
Une équipe du Caltech (Institut californien de technologie) vient de réussir à enregistrer les variations d’activité de neurones du « cerveau » de la Mouche du vinaigre. Un peu (un tout petit peu) comme une IRM fonctionnelle.
Un groupe de cellules nerveuses qui participe au maintien de la stabilité du vol en réponse à des stimulus visuels voient leur réactivité doubler brusquement dès que la mouche se met à voler. Ce résultat était connu du criquet, bien plus gros ; la droso est avantageuse car son génome est parfaitement connu, ce qui permet d’aller plus loin.
Pratiquement, l’insecte dont les circuits neuronaux intéressants ont été marqués génétiquement, est scalpé ; une électrode de mesure est insérée au travers d’une sorte de casque renversé plein de liquide physiologique et collé à la fois à la cuticule et à un support. Devant notre patiente, un écran panoramique de diodes électroluminescentes lui présente un « paysage survolé » (schématique). Derrière elle, une soufflerie dispense un courant d’air qui lui fait battre des ailes. Sur le côté, des capteurs et une caméra infra-rouge.
D’après, entre autres, « Scientists record fruit fly brain waves », lu à www.upi.com/Science_News/ le 15 février 2010.
Article source (
en ligne) : Maimon G., Straw A.D., Dickinson M.H., 2010. Active flight increases the gain of visual motion processing in Drosophila. Nature Neuroscience, 14 février 2010 - doi:10.1038/nn.2492

642 De la poudre jusqu'aux yeux 
Un asticot de Mouche du vinaigre (c’est encore elle qui expérimente) plongé dans un tube avec différentes sortes de carbone sous forme de nanoparticules s’en sort sans aucun dommage. Une mouche adulte moins bien. Les nanotubes monofeuillets (SWNT) lui sont fatals, mais le banal noir de fumée aussi. Dans tous les cas, elle contamine un tube propre.
Aveuglée, étouffée et n’arrivant pas à faire convenablement sa toilette, elle meurt au bout de quelques heures. Ce qui ressemble à l’effet de bien des poudres.
Des expériences plus fines sont sans doute en cours. Faut-il avoir peur, suite à cette manip ? Les nanoparticules font l’objet d’oppositions virulentes. Déjà incorporées dans de nombreux produits dont elles améliorent les qualités, elles sont fabriquées et mises en œuvre dans des conditions très contrôlées ; elles ne s’offrent pas aux asticots pour s’y vautrer ni aux mouches pour s’y baigner.
D’après, entre autres, « Dangerous Nanoparticles Can be Transported by Insects », lu le 12 février 2010 à www.naturalnews.com/
C'est une vieille manip, épinglée en 2007 :  " Nanotuber les mouches "

641 Maigre espoir
La droso (toujours et encore elle) est plus attirée par le sucre le jour que la nuit. En détruisant une fonction « horloge » contenue dans les sensilles de sa trompe, on la rend gourmande en permanence. Son cerveau n’intervient que pour commander en réponse l’acte de lécher les jus sucrés.
Si jamais Homo sapiens possédait aussi une horloge dans ses papilles, si on arrivait à la dérégler…
D’après « Tiny Tongue of a Fruit Fly Could Offer Clues in Fight Against Obesity, Researcher Says », ScienceDaily, 11 février 2010, lu à //www.sciencedaily.com/
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9 février 2010

À lire sur Internet :

Des fourmis sous contrôle video, par caroline Depecker. Le Temps, 6 février 2010.

Les papillons migrateurs gardent le cap dans le vent dominant, par Hervé Morin. Le Monde, 5 février 2010.

La fructueuse rencontre d'une orchidée et d'un criquet, par C.D. Sciences-et-Avenir.com, 12 janvier 2010.
"Pour la première fois, un criquet a été observé se nourrissant du nectar d’une orchidée, œuvrant du même coup à la pollinisation de cette plante."
[Glomeremus sp. (Orth. Gryllacrididé / Angraecum cadetii]
L'article source est en ligne ici (en anglais) : Claire Micheneau et al., 2009. Orthoptera, a new order of pollinator. Annals of Botany ; doi:10.1093/aob/mcp299

640 Entomologie spatiale (suite)
Le 2 février, une fusée iranienne propulsait dans l’espace un rat, deux tortues et des « vers ».
L’occasion de rappeler que :
-    le premier animal jamais envoyé dans l’espace fut une drosophile ; c’était en 1947, la fusée était d’un modèle allemand (V2) recyclé aux Etats-Unis et la mission de ces héroïques et anonymes Diptères était d’étudier l’effet des radiations ;
-    Félix fut le premier chat spationaute. Lancé à bord d’une fusée française, il a été récupéré en bonne forme sur le plancher des vaches ; des électrodes plantées dans le cerveau, il a rapporté des informations inédites sur la transmission de l’influx nerveux ;
-    Parmi de nombreux programmes gouvernementaux avec drosophiles, œufs de phasme et de Bombyx disparate, Vers à soie, abeilles charpentières et autres fourmis moissonneuses, il faut retenir l’expédition privée Genesis de 2006. Elle fut en effet l’occasion pour la chenille du Lépidoptère Tortricidé Cydia deshaisiana (= Laspeyresia saltitans) d’orbiter (sa chenille habite et meut les pois sauteurs) ;
-    le dernier envol d’insectes, en novembre 2009, a été épinglé ici. Belles Dames et Monarques ont travaillé sur le développement.
Graines et pois sauteurs, par Remi Coutin. Insectes n° 132 (2004-1)

639 Buis envahi
Le buis dont on fait les rameaux, les bordures des jardins de curé et des pièces d’échecs est-il menacé ? Originaire d’Asie, Diaphania perspectalis (Lép. Crambridé) a été repérée en Allemagne en 2007. Comme signalé ici en 2009, elle a colonisé les buis alsaciens depuis 2008 et devrait étendre rapidement son aire.
La chenille est glabre, vert clair avec des lignes vert foncé et deux rangées de verrues noires  pourvues de longues soies claires. Elle se développe en 5 semaines (il y plusieurs générations par an) aux dépens des feuilles. Elle en réunit plusieurs par des fils de soie pour constituer son abri de nymphose. La chrysalide est vert jaune avec deux bandes latérales parallèles brun noir.
Le papillon, nocturne, est de couleur générale blanche (il existe des formes brunes) avec des bandes brunes sur les ailes ; son envergure est de 4 cm.
D’après Feldtrauer J.F, Feldtrauer J.J, Brua C., 2009. Bull. Soc. ent. Mulhouse, 65(4), 55-58.
Fiche Pyrale du buis (illustrée) par la Société alsacienne d'entomologie.
Le buis est déjà victime de plusieurs ravageurs installés : la Tordeuse de l’if (Ditula angustiorana, Lép. Tortricidé), la Cochenille virgule du pommier (Lepidosaphes ulmi, Hém. Diaspididé), et deux espèces européennes qui se sont répandues en Amérique du Nord, la Cécidomyie du buis (Monarthropalpus buxi, Dip. Cécidomyidé) et le Psylle du buis (Psylla buxi, Hém. Psyllidé).
Réf. : Alford D. V., 1994 - Ravageurs des végétaux d'ornement - Version française :
Commeau M. F., Coutin R., Fraval A., Quae (ex-Éd. INRA), 464 p. En ligne partiellement sur Google books.

638 Ouvrières en CDD
Pour une période d’essai d’un an et dans le cadre de l’effort général pour soutenir les Abeilles domestiques et la pollinisation, deux ruches seront installées à Gwent près de Cwmbran (Pays de Galles, Royaume-Uni).
La situation de l’apiculture est mauvaise, 60% des abeilles ont disparu. Le site est idéal : il donne sur un vaste parc, le Jardin du souvenir, géré en bio.
On salue donc la décision du comité directeur du crématorium, qui escompte un meilleur classement aux concours des établissements les plus verts et a tenu à préciser que cela n’affectera pas le fonctionnement normal de l’entreprise.
D’après « Honey bees plan for crematorium », BBC News, lu le 7 février 2010 à //news.bbc.co.uk/

637 Les pieds propres des adhérants
 Pour une expérience sur les conditions et les limites de l’adhérence, Christofer J. Clemente et son équipe (université de Cambridge, Royaume-Uni), ont recruté le Dixippe morose, Carausius morosus (Phasm. Diaphéroméridé) et la Chrysomèle de l’oseille, Gastrophysa viridula (Col. Chrysomélidé).
Le premier, qu’on nourrit de lierre, est très connu dans les terrariums, il a beaucoup servi aux entomologistes pour étudier la parthénogenèse et l’autotomie : il perd patte très facilement. Pourtant il ne perd jamais pied, même sur une surface lisse et verticale. Le second se distingue au potager par l’abdomen gonflé de sa femelle ; il adhère également parfaitement. Le premier a les pelotes (à l’extrémité du tarse, en contact avec le support) lisses, celles du second sont poilues.
La manip a consisté à essayer de faire tomber nos cobayes aux tarses recouverts de microbilles (d’1 ou 10 μm de diamètre, simulant la poussière) d’une plaque de verre en la secouant de différentes façons. Résultat : il suffit de quelques pas, à l’un comme à l’autre, pour avoir les pelotes parfaitement propres, sans les toiletter, et adhérer au support.
Un nettoyage automatique qui intéresse beaucoup les créateurs de matériaux. 
D’après, notamment, « Insekten müssen sich die Füsse abtreten », lu le 2 février 2010 à www.scienceticker.info
Publié dans Insecte n° 157 [R]
2 février 2010

À lire sur Internet :

Bouquet garni pour les abeilles, par C.D. NouvelObs.Com, 22 janvier 2010.
" L'alimentation des abeilles est importante pour leur santé: elles gagnent à varier les fleurs qu'elles butinent, montre une étude. "

Les abeilles capables d'abstraction pour distinguer un visage humain. AFP, 30 janvier 2010.

Libellule africaine cherche coin sympa. La Dépêche, 24 janvier 2010.
Nature. Les scientifiques l'appellent Trithemis annulata. Elle a été surprise en juillet dans la région de Gaillac puis à Lavaur.
[Libellule purpurine, Od. Libellulidé, en Corse depuis 1989]

636 Zombiptères nucléaires
Ces êtres mi-insectes mi-machines, moitié vivants moitié électroniques, soumis à la volonté de leur maître et pilote, devraient bientôt équiper l’armée états-unienne et s’y voir ordonner d’aller dans des endroits pas possibles pour y faire du renseignement.
Le DARPA (département des recherches avancées du Pentagone) planche actuellement sur une source d’énergie prometteuse : une centrale atomique embarquée.
N’imaginons pas un réacteur avec une vaste cheminée, oublions la fusion comme la fission. Le générateur fonctionne au nickel 63, élément instable qui évolue en cuivre en émettant des particules bêta. La substance radioactive est fixée au bout du bras élastique d’une courte potence qui se trouve attiré vers le substrat. À son contact, il se décharge et remonte ; un capteur piézoélectrique récupère alors l’électricité produite. Et ainsi de suite, pendant un siècle, la période de l’isotope.
Le processus fournit 5 mW pendant 0,01 seconde toutes les 3 minutes. C’est assez pour alimenter les capteurs et l’émetteur dont notre insecte est harnaché. D’ailleurs, on est en train de l’améliorer.
Et notre insecte, légèrement irradié et quelque peu cuivré ? On va examiner si ses performances sont affectées.
D’après « Cyborg Insect Spies to Become Nuclear Powered », par Aaron Saenz, lu le 1er février 2010 à //singularityhub.com/
À (re)lire : « Les insectes s’améliorent », Épingle en ligne à la suite de bien d’autres sur le sujet. http://www.inra.fr/opie-insectes
NDLR : il est rappelé que les Zombiptères sont un ordre (militaire) d’insectes caractérisés par leur association (par une greffe effectuée au stade nymphal) à un équipement électronique.

635 PiézopodePiézopodes/Alain Fraval
Qu’est ce qu’un microid ? Un petit robot, pas plus gros qu’une fourmi, créé et baptisé par des chercheurs de l’université de Purdue (Indiana, États-Unis). Avec sa symétrie bilatérale, ses six pattes qui s’appuient sur le sol 3 par 3 (comme celles de la plupart des insectes), avec sa paire de mandibules dirigées vers l’avant… on rangera volontiers cet insectoïde dans les Hexapodes. Mais pas dans les Arthropodes. Ses pattes se meuvent en effet sans aucune articulation. Elles sont constituées de 3 brins d’un matériau piézoélectrique et se courbent donc sous l’effet de courants électriques ad hoc. Agitées par une force extérieure, elles alimentent la bestiole en électricité. Le microid est fait d’une pièce, c’est un circuit intégré – une micropuce – comportant unité centrale, batterie et effecteurs.
D’après ses auteurs, leur fourmi électrique est nettement supérieure à tous les robots-insectes fabriqués jusque-là, gros, patauds et confi nés au labo : elle ne s’use pas même en crapahutant dans le sable et peut se remettre sur pattes une fois renversée ; légère mais costaude, elle est capable de soulever plusieurs fois son poids ; on peut – avec les procédés existants en fabriquer des myriades et constituer des essaims où les individus communiqueront entre eux et feront advenir des propriétés émergentes épatantes…
Ceci d’après les modèles tournant sur ordinateur. Un brevet est pris. Reste à construire un microid (ou à animer les prototypes ci-contre réalisés, épinglés et photographiés par l’auteur de cette note ?).
D’après « Miniature insect-like robots could lead to solid state microids », lu le 29 janvier 2010 à //machineslikeus.com/
NDLR : un matériau piézoélectrique comprimé produit un courant et, inversement, se raccourcit si on lui applique un courant. Parmi les tout premiers à étudier le phénomène (sous le nom de pyroélectricié), un certain Carl von Linné.
Publié dans Insectes n° 156
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23 janvier 2010

À lire sur Internet :

Les colonies d’insectes seraient-elles des super-organismes ? par Grégoire Matheron. Futura-Sciences, 23 janvier 2009.

Un nouvel institut technique pour les abeilles sème le buzz chez les apiculteurs. Dépêche AFP 21 janvier

Des fleurs vont être plantées le long des routes pour les abeilles. Dépêche AFP, lue le 18 janvier 2010 à www.lesinsectes.biz/

634 Sans papier en rétention
Les douaniers états-uniens qui surveillent le passage sur le Gateway International Bridge qui relie Matamoros (Tamaulipas, Mexique) à Brownsville (Texas) on réalisé un belle prise. Jeudi dernier, ils interceptent une dame arborant une broche constituée d’un Coléoptère vivant orné de pierreries. La dame n’a pas été jetée en prison : elle avait déclaré le bijou. Mais le coléo s’est retrouvé expédié à la Protection des végétaux (à Los Indios International Bridge) pour vérification d’identité, car il ne possédait aucun permis d’importation de ravageur agricole.
D’après, notamment, « CBP Officers Intercept Live Jeweled Beetle », lu le 21 janvier 2010 à www.krgv.com/
PS : Jaime Zalac, porte-parole de l’association People for the Ethical Treatment of Animals est indigné : cette femme est une fashion victim ; elle fait souffrir un animal et a payé quelqu’un pour mutiler cet insecte alors que nous passons notre temps à expliquer aux gens comment replacer dans la nature les fourmis, les abeilles et les blattes égarés chez eux.
Photos de l’envahisseur

633 Tabac de nuit ouvert le jour
Les papillons de nuit sont les bienvenus sur les fleurs de tabac : attirés par leurs couleurs et leurs senteurs, ils en assurent la fécondation. Mais une fois repues, les femelles pondent sur les feuilles et une armée de chenilles dévore le tabac. Comment arrêter cet engrenage ?
Les blessures infligées par les mandibules des chenilles – grâce à une cascade de réactions déclenchées par leur salive et où intervient le jasmonate de méthyle (médiateur connu) – déclenchent une modification radicale de la phénologie de la plante. Au lieu de fleurir le soir, les boutons s’ouvrent au petit matin – en l’absence desdits papillons. En plus, ces fleurs ne sentent pratiquement rien. Et un nouvel agent intervient pour polliniser le tabac, le colibri.
L’oiseau s’avère convenablement efficace et la plante échappe au gros des ravages.
Ceci se passe en Amérique du Nord. Le tabac est Nicotiana attenuata, espèce sauvage autochtone, et le papillon est le Sphinx de la tomate, Manduca quinquemaculata (Lép. Sphingidé), espèce indigène univoltine.
Travaux du Max Planck Institut für Chemische Ökologie
Article source : Kessler D., Diezel C., Baldwin I.T., 2010. Changing pollinators as a means of escaping herbivores. Current Biology, Online First, January 21, 2010, DOI 10.1016/j.cub.2009.11.071

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15 janvier 2010

À lire sur Internet :

Les papillons menacés par le changement climatique et la perte d'habitat. BE Etats-Unis 191, 15 janvier 2010.

La guêpe parasite, nouvel outil génétique et pesticide. 24 heures, 15 janvier 2010.
Des chercheurs de l’Institut suisse de bioinformatique, à Genève, ont contribué à l’étude du patrimoine de l’insecte génétiquement prometteur.
[Nasonia vitripennis, Hym. Préromalidé]

À Angers, un labo invente l'insecticide du futur. Ouest-France, 15 janvier 2010.
"Une hormone sexuelle, un virus et un insecticide dans une microcapsule. Des chercheurs angevins révolutionnent le traitement des vergers et des vignes. Les doses seront considérablement réduites".
[Cydia (Laspeyresia) pomonella, Lép Tortricidé]

Les geckos, amis des ruches, Maurice Mashaal. Pour la science. 14 janvier 2010
"Les geckos pourraient débarrasser les ruches d'abeilles d'un de leurs principaux fléaux, des papillons nocturnes nommés fausses teignes."
[Galleria mellonella et Achroia grisella, Lép. Pyralidés / Hemidactylus mabouia]

La fructueuse rencontre d'une orchidée et d'un criquet, par C.D. Sciences-et-Avenir.com, 12 janvier 2010.
"Pour la première fois, un criquet a été observé se nourrissant du nectar d’une orchidée, œuvrant du même coup à la pollinisation de cette plante."
[Glomeremus sp. (Orth. Gryllacrididé / Angraecum cadetii]

Lutte contre les taupins, INRA, 2009.  Doc pdf à télécharger.
 "Les taupins sont des insectes coléoptères dont la larve vit pendant cinq ans dans le sol et se développe aux dépens des racines de cultures très variées. De nombreuses cultures connaissent une recrudescence des dégâts de taupin depuis dix ans. A la demande du ministère de l’Agriculture et de Pêche, un chercheur de l’Inra a coordonné, en collaboration avec Arvalis-Institut du végétal, un rapport présentant un état des recherches et des connaissances techniques en France et en Europe et les voies de recherche à privilégier pour lutter contre ce ravageur."
[Col. Elatéridés.]

Patrimoine naturel de Rhône-Alpes, ateliers invertébrés : Les actes. Colloque tenu les jeudi 20 et vendredi 21 novembre 2008 au musée des Confluences.

632 Lumière très réfléchie
Les autorités portuaires de Tauranga (Nouvelle Zélande) vont installer un nouvel éclairage pour repousser les attaques des indésirables. Ce lieu est le siège d’une intense activité d’exportation de grumes ; on y travaille jour et nuit. Le bois gisant là est à la merci, entre autres, d’Arhopalus ferus (Col. Cérambycidé, burnt pine longhorn beetle de son nom vernaculaire), attiré là nuitamment par les projecteurs.
Pendant 6 semaines, on fera l’essai d’une lumière jaune d’une longueur d’onde précise et qui, selon Steve Pawson, entomologiste chef du projet, est répulsive pour les insectes xylophages. On espère ainsi réduire les traitements au bromure de méthyle imposés par l’exigence des importateurs de se voir livrer du bois indemne de tout insecte.
D’après « Ugly lighting may deter insects », lu le 15 janvier 2010 à www.sciencealert.com.au/news/

631 Ya pas d'mâles
La fourmi champignonniste Mycocepurus smithii (Hym. Formicidé) se reproduit perpétuellement par parthénogenèse. C’est la seule fourmi à ne pas pratiquer, au moins de temps en temps, la reproduction sexuée.
Ce résultat a été obtenu par Christian Rabeling et Ulrich Mueller, en Amérique centrale. En élevage, il n’apparaît jamais de mâles, quelque soit le niveau de stress appliqué. Mais il existait en collection des spécimens de mâles capturés au Brésil dans les années 1960 ; réexaminés, ils s’avèrent appartenir à l’espèce voisine M. obsoletus, « normale ». Enfin, la dissection de reines fertiles a montré que leur spermathèque était vide.
M. smithii est une espèce de fourmi jeune – apparue il y a 2 millions d’années au sein des fourmis champignonnistes, vielles quant à elles de 50 millions d’années.
D’après « Fungus-gardening Ant Species Has Given Up Sex Completely », lu le 9 janvier 2010 à //engineering.curiouscatblog.net/

630 Les mouches quittent le navire
Le Puceron noir du bananier, Pentalonia nigronervosa (Hem. Aphididé), possède heureusement des ennemis. Parmi ses prédateurs, les larves de chrysopes ; parmi ses parasites, Endaphis fugitiva (Dip. Cécidomyiidé), espèce récemment découverte. La femelle de ce dernier pond sur les feuilles ; les larves éclosent et rampent jusqu’au puceron le plus proche, s’y introduisent en perçant la membrane articulaire entre patte et thorax puis s’y développent en endoparasitoïdes jusqu’à l’approche de la nymphose. La larve abandonne alors son hôte (dont il ne reste guère que la cuticule) et se nymphose au sol.
Particularité remarquable de cette cécidomyie, sa larve, depuis l’intérieur du puceron-hôte, perçoit l’imminence de l’attaque de la larve de chrysope - dont elle ne réchapperait pas - et précipite sa sortie pour se nymphoser en catastrophe. Un comportement singulier étudié par Frédéric Muratori et ses collègues à l’Université catholique de Louvain (Belgique).
Les rescapés verront la durée de leur nymphose augmentée et leur fitness diminuée. Ils ont « préféré » la vie sauve. Et alloué des ressources à la détection du prédateur - dont le mécanisme reste à préciser : perception de molécules de stress dans l’hémolymphe du puceron ou de la pression exercée par les mandibules du chrysope.
Parmi les projets de F. Muratori : examiner le cas de multiparasitoïdes et voir si tous les « habitants » d’un hôte se sauvent ou seulement quelques-uns, et évaluer l’augmentation de la mortalité des individus sortis avant terme, exposés plus longtemps à la prédation.
D’après « Parasitic larva ditches doomed host », par Lucas Laursen, naturenews, 13 janvier 2010, lu à www.nature.com

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12 janvier 2009

L'abeille à longues antennes est l'animal 2010. tsrinfo.ch, 5 janvier 2010.
"Pro Natura a choisi l'abeille à longues antennes comme "Animal de l'année 2010". Ces véritables "taxis à pollen" font partie des quelques 580 espèces d'abeilles sauvages de Suisse. Ils symbolisent l'incroyable diversité de ces indispensables animaux, selon l'organisation écologiste."
[Eucera longicornis, Hym. Apidé]

629 Lucilie GM
Des hangars d’aviation transformés en usines à mouches, des bombes au cobalt, des escadrilles d’avions pour lâcher les « mâles stériles ». C’était il y a 55 ans, les débuts réussis de la lutte autocide, appliquée à la Lucile bouchère, Cochliomyia hominivorax. Ce Diptère Calliphoridé du centre de l’Amérique pond dans les tissus vivants des animaux, notamment du bétail, causant de lourdes pertes. En 1982, l’insecte était déclaré éradiqué des États-Unis.
En lutte autocide, il s’agit de répandre dans les populations naturelles des mâles manipulés incapables d’avoir une descendance, qui copuleront à la place des individus sauvages. Si tout va bien, les effectifs de la peste diminuent très rapidement.
On fabrique actuellement les mâles stériles par irradiation. Le procédé est coûteux et les individus produits ne sont pas parfaitement compétitifs avec leurs congénères sauvages. Depuis 2004, une équipe de l’Agricultural Research Service cherche à manipuler les auxiliaires par génie génétique. Elle est parvenue déjà à créer des lucilies fluorescentes aux mâles aussi séduisants que les sauvages de l’espèce ; ce qui valide le vecteur  de la transformation (le transposon piggyBac). Reste à produire une souche qui ne donne que des mâles et des beaux.
D’après « Biotech Advance May Yield Genetically Sterile Screwworms », par Jan Suszkiw. Communiqué ARS/USDA du 29 décembre 2009, lu à www.ars.usda.gov/

628 La chrysomèle du biocarburant
La Chrysomèle du maïs, ravageur nord-américain récemment arrivé en Europe, sera-t-elle un ennemi de l’eulalie (Miscanthus sp.), cultivé pour l’ornement (herbe à éléphant, roseau de Chine…) et surtout pour la production d’agrofioul ?
S. Raghu, Joseph Spencer et leurs assistants (université de l’Illinois, États-Unis) ont disposé dans des cages autour de plants de Miscanthus x giganteus et de maïs des oeufs de Diabrotica virgifera (Col. Chrysomélidé) de diverses populations, ceci sous serre. Tous les plants ont assuré le développement complet de l’insecte (avec une mortalité plus forte sur les Miscanthus), y compris de la souche résistante à la rotation des cultures. Celle-ci est le cauchemar des maïsiculteurs états-uniens : les femelles pondent sur le soja.
Ils ont ensuite installé des pieds d’eulalie entre des lignes de maïs et constaté que les effectifs d’œufs pondus étaient équivalents.
Ces expériences montrent que la Chrysomèle du maïs pourrait, d’une part, constituer un problème nouveau pour l’agroléiculture et, d’autre part, aggraver la pression sur le maïs à partir de populations développées dans les champs de Miscanthus voisins.
Mais peut-être cela se traduira-t-il par un bénéfice. En effet, ces populations pourraient constituer un réservoir de chrysomèles sensibles, non soumises à la pression de sélection de lignées résistantes qu’exercent le maïs tolérant génétiquement modifié ou les traitements insecticides.
À moins qu’on n’en vienne à devoir traiter l’eulalie…
D’après « Miscanthus, a biofuels crop, can host western corn rootworm ». PhysOrg, lu le 5 janvier 2010 à www.physorg.com/
À (re)lire :
La Chrysomèle du maïs est en France, par Pierre Zagatti et Sylvie Derridj. Insectes n° 127 (2002 -4).
Biocarburer plus pour travailler moins, Épingle parue dans Insectes n° 146 (2007 – 3).
La mineuse du biocarburant (ci-dessous)

627 Il met le grappin sur elle
Non, la droso ne pratique pas l’insémination traumatique à l’instar de la Punaise des lits. Le mâle possède des épines crochues sur son pénis mais ce n’est pas pour blesser la femelle lors de l’intromission et faire s’écouler son sperme dans sa cavité générale, comme d’aucuns l’ont indiqué.
Armés d’un laser, Michal Polak et Arash Rashed (université de Cincinnati, États-Unis) ont retiré ces épines – des structures cuticulaires de taille de l’ordre du micron. Les cobayes, anesthésiés légèrement, étaient des mâles fraîchement émergés de Drosophila bipectina (Dip. Drosophilidé du groupe melanogaster). Des tout jeunes car, âgés de plus d’un jour, les individus gigotent trop, au risque de dégâts les rendant impropres à la suite de la manip.
Les opérés, mis en présence de femelles, copulent mais très brièvement. Ils sont pourtant tout à fait fertiles. La compétition avec des mâles normaux tourne absolument à leur désavantage.
Les crochets ne pénètrent pas ; ils servent visiblement à maintenir le mâle au contact de la femelle, agissant comme un grappin. Lequel servirait au mâle à vaincre les réticences d’une femelle peu consentante, qui rue des pattes arrières et dévagine violemment son ovipositeur (avant de s’en aller).
Ces épines crochues semblent s’accrocher presque toujours à un endroit particulier des génitalia de la femelle : des observations sont en cours pour vérifier l’hypothèse « velcro » - il y aurait là une structure cuticulaire particulière servant d’ancre. À préciser dans le cadre des recherches sur la sélection sexuelle.
D’après « Fruit flies take hooking up literally », par Charles Choi. LiveScience, lu le 8 janvier 2010 à /www.msnbc.msn.com/
À (re)lire : « Punaises ! », par Alain Fraval. Insectes n° 147 (2007 – 4).

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1er janvier 2010  En Epingle 2009

À lire sur Internet :

Le mimétisme, art guerrier animal, par Pierre Le Hir. Le Monde, 1er janvier 2010.
[Citronnelle rouillée, Opisthograptis luteolata, et Ennomos lunaire, Selenia dentaria (Lép. Géométridés)]

Les ravageurs des forêts: étude sur les insectes destructeurs des arbres
 par Henri de La Blanchère (1866) - extrait ci-contre

Les criquets migrateurs utilisent leur vue pour s'orienter. Dépêche AFP du 24 décembre 2009.

Un nouveau cafard semble avoir fait son apparition à New York. Dépêche AFP, 23 décembre 2009.

622 L’acacia imite le cri de la fourmi
La symbiose entre fourmis et acacias est bien connue. En Afrique des Crematogaster, en Amérique des Pseudomyrmex, profitent de l’abri (des organes creusés) et de la nourriture (nectaires extrafloraux, corps de Belt) fournis par l’arbre ; en échange, ils assurent sa protection en s’attaquant aux consommateurs de feuilles, insectes comme mammifères.
Ce service n’est pas effectué sur les fleurs (largement ouvertes et sans défense) et les pollinisateurs peuvent les fréquenter sans être agressés par les fourmis.
Nigel Raine, entomologiste à l’université de Londres, a recherché, avec son équipe, ce qui empêche les fourmis de patrouiller sur les organes floraux. C’est une odeur, émise par le pollen, présent en grande quantité dans les fleurs nouvellement écloses, qui repousse spécifiquement les fourmis – et pas les autres Hyménoptères floricoles qui seraient plutôt attirés. En mettant des fleurs dans une seringue et en en chassant l’air parfumé au-dessus d’une fourmi, on provoque un comportement agressif, analogue à celui déclenché par la phéromone d’alarme.
Il semble bien que l’acacia imite un signal chimique propre à sa foumi pour la tenir à l’écart de ses fleurs durant la pollinisation.
D’après « cacia plant controls ants with chemical », par By Victoria Gill, BBC News, lu le 27 décembre 2009 à //news.bbc.co.uk/

623 Emprunt
Les Homoptères opophages (pucerons, cochenilles, psylles…) ont recours à des microorganismes symbiotiques pour digérer la sève des végétaux qu’ils ponctionnent. Il s’agit notamment de bactéries logées dans des cellules circulant dans l’hémolymphe (bactériocytes) ou dans des organes particuliers appelés mycétomes (ou bactériomes).
Les fourmis Camponotines (Hym. Formicidés) exploitent des Homoptères, qui leur fournissent du miellat. Elles hébergent dans leur tube digestif, pour digérer cette nourriture, des bactéries du genre Blochmannia, présentes également chez des Homoptères.
Cette tribu de fourmis est remarquable par son succès évolutif : plus de 1 000 espèces qui exploitent des niches écologiques inaccessibles à leurs concurrents. Grâce à cet équipement, ses représentants profitent de miellats normalement indigestes.
Jennifer Wernegreen (université de l’Arizona, Tucson, États-Unis) a comparé les séquences d’ADN de diverses lignées de Blochmania de fourmis avec celles trouvées chez des Homoptères fréquentés par ces fourmis. Il en ressort principalement que les Camponotines et la bactérie ont coévolué (cospéciation), à partir d’une souche provenant d’une cochenille.
D’après « New research: ants acquired microbial symbionts from honeydew-producing insects », Myrmecos, lu le 19 décembre 2009 à
//myrmecos.wordpress.com/

624 La mineuse du biocarburant
La Grande Prairie nord américaine a disparu à l’exception de quelques réserves. Les plantes qui la composent éveillent depuis peu l’intérêt des agronomes : certaines sont cultivables (avec des besoins relativement faibles en intrants) et devraient « entrer dans la filière biomasse énergétique ». On sème ainsi du panic érigé (Panicum virgatum, switchgrass), une graminée pérenne.
En 2006, Paul Johnson, de l’université du Dakota du Sud, est sollicité par un producteur de graines de panic qui voit les plantules périr. L’année suivante, la perte s’élève à 40 %. Après avoir suspecté un gel tardif, au vu de trous au collet, on dispose des cages d’émergence qui piègent un petit papillon inconnu.
Des recherches poussées livrent le nom du lépido : Blastobasis repartella. L’espèce avait été décrite en 1910 sur deux spécimens mâles capturés au piège lumineux ; on la trouve tant sur les herbes sauvages que cultivées. La chenille de ce Blastobasidé (ou Coléophoridé Blastobasiné – groupe réputé réunir les papillons les plus insignifiants, esthétiquement parlant) vit en mineuse dans la tige du panic. Il y aurait une génération par an.
Une autre mineuse a été détectée, une espèce nouvelle du genre Chilophaga (Dip. Cécidomyidé) et la culture des autres plantes de la Prairie pour fabriquer de l’éthanol (barbon, spartine, silphie…) fera apparaître des ravageurs, jusque-là insectes « indifférents » négligés (car petits et moches).
Contrairement aux espérances de leurs promoteurs, ces plantes indigènes ne sont pas dépourvues de phytophages – qui peuvent devenir des ennemis très agressifs une fois qu’elles sont domestiquées, et risquent bien de ne pas échapper à des traitements insecticides…
D’après, notamment, « SDSU Scientists ‘Re-discover’ Switchgrass Moth », par Lance Nixon, Biomass Magazine, janvier 2010, lu le 29 décembre 2009 à www.biomassmagazine.com

625 Pour le maintien de l’ordre
L’extraction du charbon, dans les Appalaches (à l’est des États-Unis) se fait à bas coût en décapitant les collines à coups d’explosifs (la technique est nommée MTR = mountain top removing). Cette activité primaire rapporte plus de 3 milliards de dollars par an aux trois principales compagnies. Les déblais et les stériles comblent les vallées. On estime que 500 « sommets » ont été arasés et 2 000 km de rivières gravement perturbés (cours modifié, eau polluée).
Le lobby du charbon ( Coal lobby) est inquiet. En septembre 2009, l’Environmental Protection Agency (EPA) constate que les 79 permis en vigueur violent tous le Clean Water Act (loi sur la protection de l’eau, en vigueur depuis 1972). Désormais, la délivrance des permis d’extraction, sous la coupe jusque là des ingénieurs de l’armée, sera désormais soumise au respect, par l’exploitant, de mesures de protection des éphémères. Cette audace inédite semble bien liée à la présidence de Barak Obama.
Depuis la fin des années 1990, les résultats s’accumulent sur les dommages infligés à ces insectes aux larves aquatiques. Ce ne sont pas les populations d’une espèce particulière qui sont menacées. L’ordre des Éphéméroptères tout entier risque de disparaître de ces contrées.
La pollution de l’eau potable, la destruction des forêts et des paysages et les atteintes à la santé causées par le MTR n’ont pas été suffisants pour obtenir l’interdiction de cette façon d’extraire du charbon. Le destin des éphémères touche le public et les politiques ; l’espoir renaît chez les opposants aux décapiteurs, encouragés par le précédent de la lutte contre l’exploitation de forêts anciennes, non loin de là, amenée au succès sous l'égide de la chouette tachetée.
D’après, entre autres, « Appalachia’s Spotted Owl: Will a Tiny Fly Stop Mountaintop Removal Mining?  », lu le 13 novembre 2009 à //understory.ran.org/
Décembre 2009

626 Course de bêtes
L’épreuve se déroule sur un terrain marqué de deux cercles concentriques : au centre se tiennent les entraîneurs ; les concurrents maintenus sous un verre renversé sont lâchés au signal de l’arbitre sur le cercle intérieur ; le premier (concurrent) qui a franchi le cercle extérieur a gagné.
Le règlement, mis au point par le Science Club, stipule entre autres que :
- ne sont pas admis à concourir les individus non vivants, d’espèces menacées ou exotiques ;
- la ligne d’arrivée sera franchie à la marche (vol, saut ou propulsion par l’entraîneur interdits) ;
- les concurrents devront être assez gros pour être visibles (les puces et les acariens sont notamment exclus) ;
- sera disqualifié tout concurrent qui en a dévoré un autre ;
- il est interdit d’apporter des modifications substantielles aux concurrents comme l’ajout de pattes ou d’ailes, l’éjointage de ces dernières ou leur collage ;
- l’usage (par les concurrents) d’anabolisants ou de dopants est strictement prohibé et les comportements suspects déclencheront des contrôles antidrogues et alcoolimétriques.
La Great American Bug Race se tient depuis 27 ans le campus de l’université à West Palm Beach, en Floride (États-Unis), au lieu-dit Orthoptera Downs. L’inscription coûte 1 $ ; si l’on n’a pas amené sa blatte, des vendeurs en proposent sur place à partir de 50 cents.
D’après « Great American Bug Race », Palm Beach Atlantic University, lu le 9 novembre 2009 à www.pba.edu/
NB. L’OPIE propose des lots de Blatte géante du Mexique, à 9 € les 6 adultes, très bien élevées et parfaitement propres du point de vue dopage mais pas spécialement sélectionnées ni entraînées pour ce genre de compétition.
Voir ici
Décembre 2009

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714 Tête d’épingle
Le Daily Mail (quotidien tabloïd anglais très lu) annonce que les insectes, au cerveau gros comme une tête d’épingle, pourraient avoir une conscience et même savoir compter. Ceci à la suite de la publication d’un article scientifique* (une solide mise au point) intitulé « Are ger Brains Better? », soit vaut-il mieux avoir un gros cerveau ?
Les insectes ont effectivement un tout petit « cerveau », en rapport avec leur taille, et sont pourtant capables d’une sorte d’intelligence dont on peut s’émerveiller. Chez l’Abeille domestique, celui-ci pèse 1 mg et comporte moins d’1 million de neurones. On ne peut s’empêcher de le comparer avec celui de la baleine : 9 kg et 200 milliards de neurones (ou avec celui, intermédiaire, de l’entomologiste : 1,3 kg et 85 milliards de neurones). Des deux  animaux, nul n’apparaît plus intelligent que l’autre, chacun dans son milieu et dans son style…
La complexité des comportements des insectes et l’étendue de leurs performances ne doivent pas surprendre. Une simulation avec des réseaux de neurones artifi ciels montre que l’équipement de l’Abeille domestique est amplement suffi sant pour lui faire accomplir parfaitement les 50 tâches précises de son répertoire. Le « Nématode des labos », Caenorhabditis elegans, est bien capable d’apprentissage avec en tout et pour tout 302 neurones ! Alors pourquoi les cerveaux géants des Mammifères ? Très probablement pour assurer le pilotage fi n d’organes très gros et l’exploitation et l’interprétation des signaux des organes des sens, de taille en proportion ; pour plus de rapidité (traitement en parallèle) et plus de souplesse aussi.
Si les neurones des insectes et les nôtres fonctionnent de façon similaire (à peu de choses près mêmes canaux ioniques, mêmes neuromédiateurs…), les systèmes nerveux sont organisés différemment (double chaîne nerveuse ventrale avec des ganglions relativement autonomes chez les Arthopodes, pas de cortex…).
L’insecte n’est certainement pas l’automate proliférant qu’on a vu en lui ; peut-on pour autant lui reconnaître qu’il peut souffrir, qu’il sait qu’il existe, que la vie lui importe ? Les tenants des droits des animaux et autres antispécistes (les rares qui considèrent les insectes…) en sont persuadés. Les entomologistes et les neurobiologistes observent les comportements et évaluent les capacités cognitives, avec d’infinies précautions. Pas question de conscience dans l’article de synthèse cité. Le tabloïd accroche le lecteur…
D’après, entre autres, « Insects may have consciousness and could even be able to count, claim experts », lu le 17 novembre 2009 à www.dailymail.co.uk/
À (re)lire l’Épingle « Les insectes ont-ils mal ? » parue dans Insectes n° 148, 2008(1).
* Par Lars Chittka and Jeremy Niven, paru dans Current Biology, 19, 17 novembre 2009. DOI 10.1016/j.cub.2009.08.023 - en ligne gratuitement.
[R]
Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002,  Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005,  Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008,  Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009)  ici.
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