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Miscellanées

Les insectes d'avant

 
PHTHIRIASE ou Maladie pédiculaire

suivi de PHTHIROPHAGE

 

PHTHIRIASE ou MALADIE PÉDICULAIRE, pediculatio des Latins ;  […] des Grecs. On désigne ainsi l'état dans lequel les individus atteints de cette maladie éprouvent une démangeaison continuelle, déterminée par la présence de certains insectes appelés poux. […]

L'insecte pédiculaire de la tête se rencontre ordinairement dans les parties chevelues et sa présence est annoncée par des démangeaisons accompagnées souvent de pustules, de puanteur, de saleté, de croûtes minces d'abord, mais qui, bientôt, en raison d'un suintement ichoreux plus abondant, s'épaississent ; et sous lesquelles l'animal se tapit, dépose ses œufs et pullule avec une rapidité effrayante. […]

Lorsque l'on n'a pas le soin d'entretenir toutes les parties du corps, la tête surtout, dans un état de propreté convenable, il en résulte que la pullulation des insectes pédiculaires forme un foyer toujours renaissant d'accident tels que, inflammation, afflux d'humeurs qui, prenant un caractère acrimonieux, ulcèrent profondément le cuir chevelu. De ces ulcères sort une sanie ichoreuse, fétide, qui, se séchant à l'air, ou par la chaleur de la partie, finit par envelopper la tête d'une croûte épaisse sous laquelle restent enfouis des milliers d'insectes qui, par leur mouvement continuel, entretiennent ces démangeaisons horribles qui forcent les malheureux d'arracher ces croûtes : de là une cuisson vive, une irritation extrême qui, se propageant dans toute l'étendue du crâne, augmente l'état de souffrance du malade, et rend souvent les organes voisins participans de cette douloureuse affection. […]

Les insectes s'engendrent de préférence chez ceux qui se couvrent de laine, et qui sont privés pendant un temps plus ou moins long de l'avantage de changer de vêtemens. Des observateurs disent avoir remarqué que, les poux se développaient plus promptement dans les vêtemens faits avec la laine prise sur les animaux après leur mort. Cependant le phtiriasis qui, autrefois, fut regardé comme pénal, ne paraît pas toujours dépendre des causes que nous venons d'assigner, puisque des individus riches et d'un rang élevé, ont pu en être atteints. Il serait assez difficile de s'en rapporter au témoignage des anciens pour expliquer les causes qui peuvent, dans certaines circonstances, donner naissance à la maladie pédiculaire. Aristote et Théophraste la faisaient dépendre, l'un de la chair corrompue, ex carne corrupta ; l'autre, d'un sang corrompu et putréfié, ex sanguine corrupto et putrefacto. D'autres out avancé que le développement des insectes pédiculaires était déterminé  calore concoquente partent, illorum humorum qui putrefiant. C'est cette chaleur qu'Avicenne croit devoir distinguer en chaleur universelle, créatrice ou médiate, et en chaleur particulière, naturelle ou immédiate. Reste maintenant à savoir comment cette chaleur, soit médiate, soit immédiate, peut engendrer ces insectes qui, selon ces mêmes auteurs, naissent au sein de la putréfaction, quoique la matière putréfiée ne jouisse par elle-même d'aucune chaleur naturelle, mais semble possidere duntaxat putredinalem. Il résulte de toutes ces hypothèses que la cause n'est pas plus expliquée d'une manière que de l'autre; et que l'on ne peut tirer aucune conséquence du sentiment d'auteurs qui ont donné des définitions aussi vagues.
Selon Mercurialis, un léger frottement occasionné par la démangeaison sur une partie quelconque du corps, lorsque lui même est vicié par des humeurs, peut faire affluer vers cette partie un principe qui, âcre par sa nature, deviendra la cause principale du phthiriasis.
Le changement des eaux, la suppression d'exercices habituels, l'usage de certains alimens, tels que les figues sauvages, la chair de vipère, etc., une disposition particulière à la dégénérescence des humeurs, comme le dit Amatus Lusitanus , ont été regardés comme cause de la maladie pédiculaire. […]

Lorsque l'imagination s'égare dans de fausses hypothèses, l'esprit ne fait plus que divaguer; on embrouille tout en voulant tout expliquer. Est-il rien de plus ridicule que l'opinion, de Q, Serenus qui pensait que la nature avait créé les poux pour tenir l'homme toujours éveillé, afin qu'il n'oubliât pas les devoirs qu'il avait à remplir ? C'est inutilement qu'il a cherché à nous convaincre de celte vérité par les vers suivans :
Noxia corporibus quœdam de corpore nostro
Progenuit natura, volens abrumpere somnos 
Sensibus adimonitis vigilesque inducere curas.
Quelle autre idée se former de certains auteurs qui, par des raisonnemens métaphysiques, s'efforcent de prouver que le but final de la nature dans la propagation de certains insectes, des poux surtout, a été d'empêcher la destruction des espèces créées par elle , n'importe le motif de leur utilité ou de leurs désavantages. On ne croira pas plus ce que dit Avicène : « que les insectes pédiculaires sont destinés à absorber les humeurs corrompues qui existent dans le corps. » La véritable philosophie médicale doit faire justice de tontes ces absurdes propositions. Quant aux parties dans lesquelles les poux s'engendrent, Avenzoar pensait, comme Galien, que ces insectes, soit qu'ils se manifestassent à la tête, soit qu'ils parussent sur les autres parties du corps, prenaient naissance au dessous de la peau. « Les poux, dans cette étrange maladie, se présentent, dit Lieutaud, non-seulement au dehors et en prodigieuse quantité, mais ils s'engendrent encore sous les tégumens et même sous le péricrâne. Ce qu'il y a encore de plus surprenant c'est qu'on en a trouvé, par l'ouverture des cadavres, qui, après avoir percé le crâne et les deux enveloppes du cerveau, s'étaient logés dans la propre substance de ce viscère.» […]

Les préjuges sont aussi difficiles à déraciner que les hypothèses sont faciles à imaginer. Si l'on en croit Apollonius, Aristote pensait que les poux abandonnaient ceux qui étaient sur le point de mourir, qu'on n'en retrouvait plus que dans les oreillers, les couvertures, etc., parce qu'alors ces insectes ne trouvant plus le suc nourricier nécessaire à l'entretien de la vie, la nature leur indiquait d'aller le chercher dans des lieux où la sécrétion de ces sucs pouvait s'opérer. 11 paraîtrait néanmoins qu'avant cette désertion totale, la nature aurait également indiqué à ces insectes de mettre en sûreté le germe de leur postérité; car le professeur Duméril a observé plusieurs fois sur des cadavres d'hommes indigens soumis à ses dissections, et qui avaient vécu dans la malpropreté, que des œufs de poux et même de punaises avaient été déposés sous les ongles de leurs pieds. […]

Le phthiriasis naît-il spontanément? Bonet en fournit plusieurs exemples. Blondelin parle d'un seigneur qui, ayant voyagé sur mer avec des juifs, crut qu'il eu avait été maléficié, et qu'ils lui avaient donné la maladie d'Hérode. Toute sa peau était pleine de poux ; il eu sortait du creux de ses mains, des narines, des oreilles, etc. La personne qui l'accompagnait n'était occupée qu'à chercher les insectes et à les tuer.

Si l'on en croit le fait rapporté par Amatus Lusitanus , un homme riche mourut de la maladie pédiculaire. Les poux, dont son corps était couvert, étaient en si grande abondance, et se multipliaient avec une telle rapidité que deux de ses serviteurs n'étaient occupés qu'à porter à la mer des corbeilles remplies des insectes qu'ils recueillaient de toute la surface de son corps. […]

Le phthiriasis, qui ne reconnaît pour cause que la malpropreté ou l'indigence, peut être facilement combattu par tous les moyens sanitaires sans qu'il soit nécessaire de recourir à aucun traitement médical : ainsi ,chez les enfans, à la tête desquels les insectes s'attachent particulièrement, on aura l'attention de les peigner souvent, de leur raser même la tête, afin d'éviter que, parle grattement auquel les expose la démangeaison continuelle, il ne survienne une complication d'accidens plus ou moins fâcheux ; car, c'est ainsi que dans la classe indigente se manifestent ces croûtes teigneuses produites par le suintement dont nous avons parlé: ajoutez à cela une disposition première des humeurs. […]

Mais si le phtiriasis dépend ou paraît dépendre de maladies particulières, le traitement ainsi administré ne serait que palliatif, si l'on ne combattait la maladie première, cause efficiente de la maladie pédiculaire.
Provient-elle ou présume-t-on, qu'elle peut provenir d'une dégénérescence dans les humeurs? il faut s'occuper de combattre cette dégénérescence par les moyens propres à la maladie principale. Les anciens, qui jugeaient que le phthiriasis devait reconnaître pour cause un vice dans le sang, employaient de suite la saignée. Ce moyen, dans les progrès actuels de la science, serait regardé comme illusoire, à moins qu'un état de pléthore ou de phlegmasie locale n'invoquât la nécessité d'y avoir recours. Ils ajoutaient ensuite à ce traitement la purgation des humeurs, afin d'entretenir non-seulement la-liberté du-ventre, mais pour procurer des évacuations qu'ils regardaient comme indispensables pour détruire la cause à laquelle ils attribuaient la génération de ces insectes. Tous ces différens moyens pouvaient, selon les cas, convenir comme traitement interne, mais ne dispensaient point d'avoir recours à différens autres moyens externes, tels que poudres, lotions, linimens , pommades, tous composés de substances plus ou moins actives qui, en portant leur action médiate sur l'insecte, devaient le détruire lui et sa postérité.
Si la maladie pédiculaire est le résultat de maladies graves et chroniques, d'affections débilitantes, qu'elle soit un symptôme des fièvres lente, hectique, et de la phthisie, il sera nécessaire de combiner le traitement, de manière à s'opposer aux progrès de l'une et de l'autre. Si la pédiculaire est un signe d'altération dans les humeurs, on retirera le plus grand avantage des stomachiques, des amers. […]

Le phthiriasis, pouvant être attribué à un défaut d'exercice habituel, le médecin doit recommander ceux de ces exercices qui peuvent favoriser l'action des vaisseaux cutanés, et cette transpiration si indispensable dans les fonctions de la vie. […]

par Pierre Tournadour, Essai sur le phthiriase et sur l'œdème, considérés comme maladies qu'il est quelquefois dangereux de guérir ; 20 pages in-4° Paris, 1816. 
in Dictionaire des sciences médicales, vol. 42. Charles-Louis-Fleury Panckoucke (París), 1820.

Extraits



PHTHIROPHAGE, s. m., mangeur de poux […].

Les oiseaux et les singes mangent les poux des animaux de leurs espèces, et même de espèces différentes. Par exemple, il y a des singes dressés à chercher les poux des enfans et des hommes, et qui font leur délice d'avaler ces insectes.
Plusieurs peuples d'Afrique, au rapport des voyageurs, mangent les poux humains. Les nègres de la côte occidentale d'Afrique se font chercher leurs poux par leurs femmes, qui ont grand soin d'avaler ces insectes à mesure qu'elles en trouvent. Les Hottentots,dit Rolbe, mangent avec plaisir des poux humains. M. Labillardière raconte aussi, dans son Voyagea la recherche de Lapeyrouse, avoir vu des femmes sauvages, à la Nouvelle-Hollande, chercher les poux de leurs enfans et les manger. Ceci est un nouvel exemple qui montre que les goûts sont différens parmi les hommes, et que ce qui est un objet d'horreur pour les uns en peut être un de plaisir par d'autres, et nous fait voir qu'il n'y a rien d'absolu en ce monde.
On voit même en Europe des individus dont le goût bizarre ou malade les porte à manger des poux : tels sont de jeunes filles attaquées des pâles couleurs, des hypocondriaques, de» maniaques , etc. ( p. T. ». )


Pou de tête, Pediculus humanus capitis, Phthiraptera Pédiculidé.

 [R]


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