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En épingle
L'insecte ou l'événement entomologique du jour, celui qui défraye la chronique et qui alimente les conversations en ville et dans les insectariums, sera épinglé sur cette page abricot, qui s'enrichira au fur et à mesure des événements entomologiques.

Épingles d'hiver
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Au creux de l'été...
Art et insectes, Coriace, Sous les lignes, Bourdons de panurge, Katrina 1, Katrina 2, À force de formiquer…, Le papillon papillonne, la chenille trinque,Coup(e) à blanc, Prix Nobel à deux entomologistes, Entomologie hippique, Entomologie ferroviaire, Grillé, scotché, mais célèbre…, Si jamais la reine meurt, Réplique, Moustique luisant, Ça fait bondir, Ce Microgastriné est un grand nez !, Sainte mouche, Sales mouches, Ennemi(s) du régime, OGM souricide, Au pied du mur, La grillonne tient à sa patte, Les insectes parlent aux insectes, La richesse du Pérou, Vol spécial, La Suisse contre les envahisseurs, Pile à mouches.

Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002,  Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005,  Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008,  Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009)  ici.


31 décembre 2005

L'armée napoléonienne rongée par les poux, par Yves Miserey, Le Figaro, 30 décembre 2005.
Des chercheurs français ont détecté des traces génétiques de typhus en analysant des restes de soldats napoléoniens morts lors de la retraite de Russie en 1812. [Et retrouvé 3 poux.]

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29 décembre 2005

À lire sur Internet

Quand les secrets des papillons dopent les diodes de demain. Futura Sciences.

La Suisse contre les envahisseurs

Une procédure de consultation sur la révision de l'ordonnance sur la dissémination dans l'environnement est en cours, en Suisse, pour " permettre d'éviter la propagation d'espèces portant atteinte à la diversité biologique, mettant en danger l'homme, les animaux et l'environnement ou causant des dégâts économiques ". Est visée, entre autres organismes indésirables, la Coccinelle asiatique, Harmonyia axyridis. Cet auxiliaire de lutte biologique exotique est pour l'heure absent du pays. Il a été répandu un peu partout ailleurs, en Europe et en Amérique du Nord et est considéré comme un fléau, nuisible notamment aux coccinelles indigènes.
Selon ces nouvelles dispositions, il sera interdit de propager, outre cette coccinelle, notamment une plante particulièrement envahissante, la renouée du Japon, Fallopia japonica (Polygonacée). Imoprtée et acclimatée jadis pour ses qualités ornemantales et, surtout, comme provende automnale pour les abeilles, cette plante a colonisé de nombreux terrains au détriment de la végétation naturelle.
D'après " Vers une interdiction de la coccinelle asiatique ", Télévision suisse romande, lu le 22 décembre 2004 à www.tsr.ch/
À (re)lire, parus dans Insectes en 2005 : La Coccinelle asiatique Harmonia axyridis (par Gilles San Martin, Tim Adriaens, Louis Hautier et Nicolas Ottart )   et "suite "

Pile à mouches

Kristine Ann Sotelo, Ivy Oclares, Eliza Matote et Leda Firmanes sont les inventeurs d'une nouvelle source d'énergie pour alimenter des appareils portables en lieu et place des batteries. Pas chère, faisant intervenir des éléments naturels renouvelables (ô combien !), cette filière est promise à un brillant avenir. À sa base, pour fournir l'enzyme nécessaire à la réaction chimique entretenue dans cette nouvelle sorte de pile à combustible à biocarburant, des insectes domiciliaires : moustiques, blattes, mouches… Chaque élément délivre un courant de faible voltage (0,5 à 1,25 V) et d'ampérage dépendant de l'espèce - les blattes étant les plus intéressantes.
Les entomoélectriciens sont étudiants en ingénierie chimique à la Featy University, à Manille (Philippines).
D'après " Students find energy source in house pests ", The Manilla Times du 25 août 2005, lu à www.manilatimes.net/

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17 décembre 2005

"Plus de 95 % des cicadelles ont été détruites en quelques mois par les micro guêpes dont les lâchers ont été effectués à Tahiti et Moorea en mai 2005". Agence Tahitienne de Presse, lu le 17 décembre 2005.
Parasitoïde auxiliaire : Gonatocerus ashmeadi (Hym. Mymaridé).
À relire : Le tireur d'élite et la mouche pisseuse (par Alain Fraval )

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7 décembre 2005

La richesse du Pérou

En forêt amazonienne, on dénombre quelque 7 500 espèces de papillons, contre 65 en Grande-Bretagne. Un travail mené à l'University College de Londres apporte un éclairage nouveau sur les raisons de cette différence. Le prof. Mallet et sa thésarde Alaine Whinnett ont comparé les " horloges " à ADN mitochondrial de plusieurs Lépidoptères de différents genres vivant sur le versant oriental des Andes au Pérou. Cette technique donne une estimation des âges relatifs des espèces en fonction de l'importance de la disparité entre les ADN.
Ainsi les Melinea (Nymphalidés) se sont diversifiés depuis au plus quelques centaines de milliers d'années alors que les Oleria (de la même famille et proches), il n'est pas apparu d'espèce nouvelle depuis plus de 10 millions d'années.
Ceci remet en cause la théorie courante qui explique la très grande richesse faunique de l'Amazonie par l'effet de sécheresses graves survenues au Pléistocène, qui auraient réduit les zones habitables à de petits refuges où la spéciation aurait été intense.
La biodiversité constatée au niveau des Lépidoptères (pas seulement) serait bien plus due à des particularités biologiques et écologiques différent d'une espèce ou d'un groupe à l'autre - lesquelles restent à découvrir - qu'à un bouleversement climatique.
L'Amazonie aurait bénéficié de conditions propices stables pendant très longtemps, permettant l'éclosion d'espèces diversifiées; aucun indice archéologique clair ne vient étayer l'existence des refuges allégués. En revanche, pendant ce temps, l'Europe était sous les glaces et les espèces présentes actuellement sont des (ré)immigrants, en petit nombre.
D'après " Why the Amazon rainforest is so rich in species ", communiqué de presse de l'University College London, lu le 6 décembre 2005 à www.scienceblog.com
Image d'Oleria

Vol spécial

Chacun sait que l'Abeille domestique vole. Dans les années 1930, en France, on avait démontré que c'était impossible, car contraire aux lois de l'aérodynamique. Le mystère vient seulement d'être résolu. Il s'agit d'une particularité d'Apis mellifera (Hym. Apidé), mise en évidence au California Institue of Technology.
Les ailes (couplées) de l'Abeille battent - en effectuant une rotation - à 240 coups par seconde (une fréquence moyenne chez les insectes) et - c'est là l'élément déterminant - avec une amplitude limitée à 90°. Dans une atmosphère d'héliox, mimant les conditions d'un vol (difficile) en altitude, l'abeille augmente cette amplitude, la fréquence restant la même.
Ce mode de fonctionnement des ailes est globalement moins efficace que les mouvements plus amples et plus lents des mouches des fruits (par exemple). Son avantage est d'autoriser en cas de besoin l'emport d'une lourde charge. On ignore s'il a été sélectionné chez des Hyménoptères sociaux ayant à transporter au nid proies, nectar et/ou pollen, ou s'il résulte de particularités musculaires.
D'après " Longstanding Puzzle of Honeybee Flight Solved at Last ", Scientific American.com, lu le 29 novembre 205 à www.sciam.com

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27 novembre 2005

Oscar, un robot qui a l’oeil, Science et vie junior
La dextérité de la mouche en vol a inspiré des chercheurs dans la réalisation de robots terrestres ou aériens.

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25 novembre 2005

À lire sur Internet

Quand les grillons inspirent les scientifiques, Le Journal du CNRS, 25 novembre 2005.
Pourquoi ne pas imiter la nature quand celle-ci fait preuve d'une grande ingéniosité ? Voilà l'idée d'une équipe de biologistes en partance pour l'Afrique qui cherche à mesurer les performances des détecteurs de mouvements d'air de nos amis les grillons.

Les insectes parlent aux insectes

Résumons : au fin fond de la fourmilière, la chenille-coucou se fait copine avec les fourmis ses hôtes grâce à diverses substances stupéfiantes et en leur racontant un bobard comme quoi elle est une gentille fourmi ; mais elle parle trop fort et son ennemi mortel l’ichneu aux grandes oreilles la repère et se lèche les babines. Mais comment ne pas se faire jeter, voire croquer tout cru, par les fourmis ? En arborant un parfum qui les énerve, au point qu’elles se battent. Profitant de la confusion et méprisant la protection européenne dont bénéficie l’espèce, l’ichneu pond dans la chenille qui, lentement dévorée de l’intérieur, crèvera dans sa galerie obscure tandis que les enfants du perfide s’envoleront. À diabolique, diabolique et demi.
Mais quels sont (en langage entomologiquement châtié) les protagonistes de ce conte ?
La chenille est celle de l’Azuré des mouillères, alias le Protée, Maculinea alcon, un Lépidoptère Lycénidé. Après une courte vie (3 semaines) endophyte spermophage (elle dévore les semences de la gentiane pulmonaire – et de rien d’autre), elle se laisse tomber au sol. Là, elle est recueillie par des fourmis (Hym. Formicidés) du genre Myrmica (et de nul autre) qui l’emportent dans la fourmilière, comme si elle était une de leurs larves (elle en a pris un peu l’allure et beaucoup l’odeur). Commence alors une vie de cleptoparasite, soignée et nourrie (par trophallaxie) par les fourmis qui viennent sucer le miellat qu’elle leur offre et s’euphoriser à une kairomone qu’elle leur dispense. À la fin de son développement, notre chenille émet des sons qui concourent à charmer les fourmis. Lesquelles semblent protéger leur « invitée » de toute attaque de parasitoïde (in Lhonoré, 1998).
En 2002, Jeremy Thomas, entomologiste anglais, découvre comment Ichneumon eumerus (Hym. Ichneumonidé) parvient à pondre dans la chenille. La femelle sécrète au moins 6 composés (kairomones) qui agissent sur les fourmis : celles-ci se tiennent à distance de l’intrus et deviennent agressives les unes envers les autres, produisant elles-mêmes des phéromones d’alarme qui ne font qu’augmenter le chaos (qui peut durer plusieurs jours). Pendant ce temps, I. eumerus a pondu dans la chenille. Ses descendants émergeront de la dépouille de la chenille au moment de la chrysalidation et, usant du même stratagème chimique, sortiront de la fourmilière sans encombre.
Fin 2005, une équipe de la télévision britannique BBC a pu filmer, grâce à des appareils miniaturisés, toutes ces scènes – et enregistrer le son émis par la chenille avec une qualité inégalée. Réémis dans une fourmilière, ces « éruciphonèmes » semblent plaire aux fourmis qui viennent tapoter le haut-parleur avec leurs antennes.
Et vient cette hypothèse : le son émis par la chenille est le seul signal perceptible par le parasitoïde, les kairomones de déguisement chimique en fourmi de celle-ci n’étant pas volatils et devant être perçus au toucher. L’Ichneumon détecterait ainsi l’Azuré en interceptant ses « paroles » prononcées à l’intention des fourmis.
D’après , notamment, « BBC listens in to insect chatter”, BBC News, lu le 23 novembre 2005 à news.bbc.co.uk
À lire, les chapitres consacrés à Maculinea alcon dans le Rapport d'études de l'OPIE, vol. 2, décembre 1998 : « Biologie, écologie et répartition de quatre espèces de Lépidoptères Rhopalocères protégés (Lycaenidae, Satyridae) dans l'Ouest de la France », par Jacques Lhonoré, en ligne à www.inra.fr//OPIE-Insectes/re-rhopa.htm

Photo d'Ichneumon eumerus

La grillonne tient à sa patte

De nombreux insectes supportent l'amputation d'une patte, ou même la provoquent (autotomie) pour échapper à un prédateur. Chez le Grillon provençal, Gryllus bimaculatus (Orth. Gryllidé), tenu par une patte entre le pouce et l'index, l'insecte s'échappe au bout de 10 secondes en moyenne (sur 5 pattes). Mais ce n'est qu'au bout de 26 secondes qu'une femelle vierge se résout à abandonner à l'entomologiste une patte avant.
La raison : privée de cet appendice - qui porte l'organe auditif -, la demoiselle entendra mal et surtout ne pourra pas localiser le partenaire sexuel candidat.
D'après, entre autres, " Jungfräuliche Grillen fürchten Beinverlust ", Spiegel Online, lu le 23 novembre 2005 à www.spiegel.de
Article source : Bateman W., Fleming P.A., 2005. Sex and the single (-eared) female: leg function, limb autotomy and mating history trade-offs in field crickets (Gryllus bimaculatus). Biology letters, doi 10.1098/rsbl.2005.0408

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21 novembre 2005

À lire sur Internet

Les dessous chimiques de la maladie de l'orme, par Yves Miserey, Le Figaro, 21 novembre 2005.
Le champignon responsable de la disparition des ormes joue un rôle actif dans la propagation de la maladie en attirant des insectes .

La technologie du papillon, Sciences et avenir, 21 novembre 2005.
Observer la nature et recréer en laboratoire ses secrets de fabrication et ses inventions exclusives, la tentation est grande. Cependant, parfois, l’homme l’imite à son insu. Peter Vukusic et Ian Hooper viennent de découvrir que l’homme a ainsi copié, il y a plus de quarante ans de cela, les les capacités optiques de certains papillons..

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19 novembre 2005

OGM souricide

En 2000, une équipe australienne annonçait l'excellente efficacité au champ d'un pois (Pisum sativum, Fabacée) génétiquement modifié. Efficacité contre la Bruche du pois, Bruchus pisorum (Col. Bruchidé), ravageur important de cette culture, capable de détruire 30% de la récolte. Pois modifié pour produire l'inhibiteur d'alpha-amylase ?AI-1 naturellement présent chez le Haricot (Phaseolus vulgaris, Fabacée).
Le 18 novembre 2005, T.J. Higgins, de la Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO), annonce que ces recherches sont abandonnées et que les pois produits dans le cadre de ce programme seront détruits. Nourries avec ces pois OGM insecticides à la John Curtin School of Medical Research, des souris ont, en effet, développé des réactions allergiques, avec atteinte des poumons. Un effet provoqué par l'?AI-1 produit par le pois et inexistant avec l'?AI-1 du haricot. Des résultats publiés cette semaine dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry.
La transgenèse peut donc aboutir à des formes modifiées (variants structurels) de protéines d'intérêt.
C'est la seconde fois qu'un OGM est abandonné après essais - le premier cas était celui d'un soja enrichi, modifié avec un gène provenant du pacanier, qui provoquait des allergies chez certaines personnes.
Les chercheurs du CSIRO, bien que privés des résultats d'une décennie de recherche et d'expérimentation, se félicitent de l'efficacité des épreuves imposées aux plantes OGM avant commercialisation. Les anti-OGM y voient une preuve des dangers introduits par cette technologie.
D'après " GM Crop Scrapped As Mice Made Ill ", par Selina Mitchell et Leigh Dayton, The Australian, lu le 19 novembre 2005 à www.agbios.com
Morton L.R.et al., 2000. Bean ?-amylase inhibitor 1 in transgenic peas (Pisum sativum) provides complete protection from pea weevil (Bruchus pisorum) under field conditions. PNAS, 97(8), 3820-3825.

Au pied du mur

Les fourmis (Hym. Formicidés) fourragent en suivant des pistes chimiques (phéromones). Certes, mais pas seulement. Pour, notamment, emprunter le chemin dans le bon sens, elles se repèrent d'après des éléments du " paysage " et en fonction de l'état de remplissage de leur jabot. C'est le résultat d'un travail mené notamment par Rob Harris (université du Sussex, Royaume-Uni) sur une fourmi des bois (Formica rufa ?).
Des individus sont dressés à suivre une paroi noire située à leur gauche pour atteindre une récompense sucrée. Puis, certains étant nourris et d'autres à jeun, on les lâche au milieu du parcours. Les premiers, la paroi à leur droite, reviennent au nid tandis que les seconds suivent la paroi à leur gauche et trouvent le sucre. Des rotations de la paroi ne les dérangent pas, la présence d'une paroi noire parallèle, à quelque distance, non plus.
D'après " How Ants Navigate ", par Ker Than, lu le 16 novembre 2005,à www.livescience.com
Article source paru dans Nature du 17 nov. 2005.

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16 novembre 2005

À lire sur Internet

"Un ravageur du maïs est venu d'Amérique en avion" apr Hervé Morin, Le Monde, 14 novembre 2005, suivi de "D'autres insectes en embuscade", Le Monde, ibid.
Diabrotica (cf ci-dessous) et autres evahisseurs.

Ennemi(s) du régime

À l'occasion de la Fête nationale de la datte, célébrée les 13 et 14 novembre dans la vallée de Ghardaïa (Algérie), le ministre de l'Agriculture qualifie de " ver de la honte " le bouffaroua-meloïze et proclame qu'il est inconcevable que les dattes exportées soient contaminées par cette maladie. Bouffaroua-meloïze ? Quel monstre phytosanitaire se cache sous ce joli nom à la double consonance arabe et française (approximativement).
Il s'agit en fait de deux ravageurs qui se seraient hybridés dans le discours du ministre. D'une part, Olygonychus afrasiaticus, est un Acarien Tétranychidé qui tisse et produit une toile autour de chaque datte, laquelle peut envelopper tout le régime. D'autre part, la Pyrale de la datte, Ectomyelois ceratoniae (Lép. Pyralidé), creuse les fruits (sur pied et en entrepôt) : ses chenilles produisent des dattes véreuses.
Associés ou séparés, ils rendent effectivement les dattes impropres à l'exportation, une grave perte pour l'économie algérienne.
D'après " Palmiers-dattiers : plus de 3 millions infestés en 2005 ", El Watan, 16 novembre 2005.
La biologie des deux ravageurs est exposée succinctement par Mme Tazerout à www.inpv.edu.dz/manuel/5-Palmier%20dattier.htm

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11 novembre 2005

À lire sur Internet

Comment la chrysomèle du maïs a envahi l'Europe, Agrisalon, 10 novembre 2005.
Des chercheurs de l'INRA de Sophia-Antipolis, Montpellier et Versailles, en association avec le Service de la Protection des Végétaux, des chercheurs d'une équipe suisse de CABI Bioscience et d'équipes italienne et américaine ont montré que la présence de la chrysomèle des racines du maïs en Europe est liée à de multiples introductions en provenance d'Amérique du Nord. Ces résultats paraîtront dans l'édition du 11 novembre 2005 de la revue Science.

Sales mouches

On doit à Dave Gouson, entomologiste spécialiste des bourdons des mouches, une étude pénible réalisée dans des lieux nauséabonds mais intéressante. Pendant 4 ans, il a dénombré les mouches sur 3 décharges d'ordures ménagères près de Southampton (Grande Bretagne) au moyen de 26 pièges gluants relevés chaque semaine.
Avec ses étudiants, il a ainsi collecté en tout 102 890 mouches (Diptères Brachycères Cyclorrhaphes) et estimé à 10 millions le nombre d'individus présents sue chaque hectare de déchets. Mettant en regard les comptes hebdomadaires et les relevés météorologiques de la petite région, il a pu construire un modèle mathématique qui indique comment les effectifs des populations muscides varieront en cas de modification du climat.
Deux degrés de plus (en moyenne annuelle des températures) en 2080 - hypothèse basse des climatologues - et il y aura deux fois et demi plus de mouches. Ce qui se traduira par des risques accrus pour la santé des gens, les mouches des maisons, comme celles des étables et les mouches à viande, transportant des bactéries pathogènes, notamment Campylobacter, responsable de diarrhées.
À moins qu'on cesse d'épandre les ordures en plein air…
D'après, notamment, " Das Heer der Fliegen ", par Volker Mrasek, Spiegel Online, lu le 10 novembre 2005 à www.spiegel.de

Sainte mouche

Saint Colman (Irlande, 555-611), adepte scrupuleux de la pauvreté évangélique, ne possédait que 3 créatures " qui étaient en amitié avec lui ". Le coq le tirait du sommeil à temps pour les laudes. La souris l'empêchait de s'abandonner à l'assoupissement, voire au sommeil, plus longtemps que strictement nécessaire. Et la mouche. La mouche ?
L'office de la mouche, détournée par " la surprenante sagesse de Dieu " de son assignation par la nature à l'agacement et au désagrément des humains, était de voler au-dessus du codex que lisait notre saint homme. Et, si celui-ci était interrompu, de se poser pile là où il en était arrivé et de ne plus bouger jusqu'à ce qu'il revienne, repère la mouche et reprenne le fil de sa lecture.
D'après " 26 septembre ", Saints celtes, belges, etc., à www.amdg.easynet.be

NDLR : maintenant qu'on lit sur l'écran de l'ordinateur, que font les mouches ? Réponse dans une prochaine livraison d'Insectes.

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30 octobre 2005

Ce Microgastriné est un grand nez !

Microplitis croceipes, Hyménoptère Braconidé Microgastriné, endoparasitoïde de chenille, était connu comme auxiliaire de lutte biologique contre la Noctuelle de la tomate, Heliothis armigera (Lép. Noctuidé), ravageur redouté du coton et… du Pin de Monterrey (en Nouvelle-Zélande). On le savait aussi capable de bonnes performances olfactives, apte à discriminer des produits chimiques très voisins (isomères). Il est désormais mis au service de la détection de champignons toxiques, et pourrait se voir confier la reconnaissance, toujours à l'odeur, d'explosifs, de certains cancers humains et de cadavres enfouis.
Cet emploi nouveau est le fruit d'un travail de biologistes de l'université de Géorgie et de l'USDA (États-Unis), qui ont par ailleurs évalué les capacités détectrices de rats, d'abeilles, de poissons et de levures.
L'insecte, dans cette expérience, est entraîné- grâce à une récompense - à régir au 3-octanone, molécule produite par des champignons qui infestent les grains de maïs et les graines de cacahouètes stockés. Il ne faut pas plus de 5 minutes par spécimen pour ce faire et l'élevage est parfaitement au point.
Les Braconidés entraînés sont installés par 5 dans un tube aéré, muni d'une micro-caméra. Soumis à l'odeur de consigne, ils se dirigent vers l'extrémité du tube par où elle arrive et s'y regroupent. L'ordinateur traduit le signal vidéo en alarme.
Le dispositif, petit et bien moins coûteux que les nez artificiels, sera sur le marché d'ici 5 à 10 ans ; il fonctionnera un peu à la manière d'un détecteur de fumée. Et il faudra changer de temps en temps, outre les piles, les hyménos.
D'après, notamment, " Trained waspss may be used to detect bombs, bugs,bodies ", lule 20 octobre 2005 sur Science Blog, à www.scienceblog.com

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Le 15 octobre 2005

À lire sur Internet

Revue de Presse Quotidienne. Mission Agrobiosciences : Controverse sur le miel, les abeilles, les apiculteurs et les produits chimiques...
11 octobre 2005, Le Monde, Le Soir et La Libre Belgique

Fourmi de feu : feu la biodiversité !, par Laurent Mignaux, publié le 12 octobre 2005 sur e-meddiat
" Lorsque les échanges aériens et maritimes s’intensifient, le risque d’introduction d’espèces exotiques envahissantes aussi. Pas de quoi sourire ! ces arrivées indésirables menacent aussi bien l’équilibre des écosystèmes que l’économie locale ou la santé des populations. En Nouvelle-Calédonie, la menace de la "fourmi de feu" illustre bien ce problème. Le risque est maximum au niveau des points d’entrée du territoire, à l’aéroport de la Tontouta et au port autonome de Nouméa et l’échec rencontré par les Etats-Unis pour éradiquer l’invasion prend valeur d’avertissement.
NDLR : Solenopsis invicta (Hym. Formicidé), envahisseuse planétaire, est une habituée des Épingles : ainsi "Dehors les rouges".

Ça fait bondir

La résiline est une substance entomologique aux propriétés élastiques inégalées. Elle est, en plus performant, l'analogue de l'élastine des Vertébrés. Grâce à cette protéine présente dans la cuticule au niveau des articulations, les insectes (études faites chez les criquets, les fourmilions, les mouches…) sont capables de battements d'aile à fréquence élevée - et la puce de sauts formidables.
Chris Elvin et ses collègues du CSIRO (Australie) l'ont obtenue, pas d'un insecte, mais de la bactérie Escherichia coli, à laquelle le gène ad hoc avait été greffé. Ce gène, identifié chez la Drosophile en 2001, a pour cette manip été prélevé sur une mouche des fruits (Dip. Téphritidé).
La résiline issue d'OGM ne servira pas à faire des superballes ; elle devrait aider à restaurer des artères défaillantes et ainsi sauver des gens malades du cœur.
D'après " Flea protein may repair arteries ", BBC News, lu le 15 octobre 2005 à news.bbc.co.uk/

Moustique luisant

Pour éradiquer les moustiques (Dipt. Culicidés) vecteurs du paludisme - des anophèles - la lutte autocide est une des voies à l'étude. Rappelons qu'elle consiste à lâcher, en compétition avec des individus sauvages, des mâles modifiés de telle façon que leur accouplement avec une femelle sauvage ne produise aucune descendance viable.
On sait modifier génétiquement des anophèles pour rendre les mâles " stériles " et, par ailleurs, élever les larves en masse, mais sexes mélangés. Pas question de lâcher des femelles hématophages. Le sexage est indispensable. Pour ce faire, le prof. Christianti et son équipe (Imperial College de Londres, Royaume-Uni) ont greffé le gène d'une protéine fluorescente qui n'est produite que dans la gonade mâle. Les moustiques candidats auxiliaires peuvent ainsi être triés à la machine, à raison de 1 800 individus par heure.
Bien plus, le sperme produit et émis par l'imago conserve la fluorescence, ce qui permet le suivi des accouplements et la mesure des succès des mâles lâchés.
D'après " Glowing insects 'to cut malaria' ", BBC News, lu le 11 octobre 2005 à news.bbc.co.uk/

Réplique

Suite au séisme intervenu en décembre 2003 à Bam (Iran), une firme hollandaise a reconstruit des maisons pour les habitants sinistrés. Tout récemment, plusieurs bénéficiaires ont été blessés par l'effondrement des toits de 122 de ces habitations neuves. Les poutres étaient rongées par des termites.
D'après une dépêche AFP du 12 octobre 2005.

Si jamais la reine meurt…

La phéromone de maintien à l'état stérile des ouvrières se dissipe et les ovaires de celles-ci se développent, tandis que l'élevage de faux-bourdons s'intensifie. La colonie survivra, avec une nouvelle reine, issue du rang. C'est ainsi chez notre Abeille domestique, Apis mellifica (Hym. Apidé).
Chez l'Abeille naine asiatique, A. florea, les choses se passent de la même façon, au début. Mais, des ouvrières d'autres colonies profitent de la désorganisation pour s'introduire dans la ruche et y pondre. Ces œufs sont stériles et la colonie, en dépit de ce concours ou à cause de lui, périclitera.
D'après " Busy as bees : reproductive chaos after quenn's death ", par Bjorn Carey, Live Science, lu le 5 octobre 2005 à www.livescience.com

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Le 9 octobre 2005

À regarder sur Internet

Le Termite de Saintonge à Paris. Un film de 10 minutes réalisé par Marcel Dalaise pour la Cité des sciences et de l'Industrie, et l'Institut de recherche sur la biologie de l'insecte (IRBI) : Termite en capitale.

Grillé, scotché, mais célèbre…

Il y a 60 ans, précisément le 9 septembre 1945, qu'a été utilisé pour la première fois le terme bug pour désigner une panne ou un dysfonctionnement informatique. Un malheureux papillon de nuit, depuis conservé pour l'éternité au History of American Technology Museum à Washington (États-Unis), avait alors déréglé le Mark II Aiken Relay Calculator en cours de test à l'université d'Harvard. Mal lui en prit de se réfugier (attiré par les lampes, ancêtres des transistors), dans un relais électromagnétique : il en fut extirpé par les équipiers de Grace Murray Hopper (sans doute la première informaticienne) et fixé (avec un profond mépris pour les règes de l'entomologie) sur une fiche de panne . Avec la mention "Premier bug 'réel'". De fait, le terme bug aurait été adopté dès les premiers temps de la télégraphie par les opérateurs - suite à l'intrusion, dit la légende, d'un cafard - puis, dès la fin du XIXe siècle, pour décrire toute cause de panne électrique.
Bug anniversaire !
B.D.
D'après, entre autres, James S. Huggins, First computer bug, à www.jamesshuggins.com/
Cette note, précieusement conservée, est visible sur le site du Department of the navy - Naval historical center (Washington) à www.history.navy.mil/photos/images/h96000/h96566k.jpg

Publiée dans Insectes n° 138

Entomologie ferroviaire

Suite à de véhémentes protestations assorties de refus des voyageurs de présenter leur billet et de l'intervention des forces de l'ordre, en gare de Gênes, Trenitalia a retiré du service 508 voitures. La révolte était provoquée par Cimex lectularius (Hém. Cimicidé), la Punaise des lits, dont de très nombreux spécimens voyageaient aussi dans ce train de nuit.
D'après un communiqué Associated Press du 9 octobre 2005, lu à www.chron.com

Entomologie hippique

Les courses de plat ont repris à Chepstow. Une piste avait été fermée pour cause de sol instable. En effet, le jockey Pat Dobbs et son cheval Roll The Dice avaient fait une chute sérieuse entraînant des fractures et l'abattage du second. Le sol s'était dérobé sous un fer de ce dernier à cause de la destruction des racines du gazon par des vers gris, larves de cousins (Diptères Tipulidés).
D'après " Track opens after insect problem ", lu sur BBC News, le 9 octobre 2005, à news.bbc.co.uk
Les Tipules, par André Lequet, à perso.wanadoo.fr/insectes.net/tipule/tipul2.htm

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Le 8 octobre 2005

Prix Nobel à deux entomologistes

Claire Rind et Peter Simmons, de l'université de Newcastle (Royaume-Uni), l'ont reçu hier, lors d'une formidable cérémonie organisée à Boston (États-Unis), en récompense de leur travail d'éthologie et d'orthoptérologie consistant à enregister et analyser l'activité de neurones d'un locuste regardant des séquences choisies du film La Guerre des étoiles.
Ils ont été distingués par le jury du prix Ig Nobel (jeu de mots avec ignoble) qui se délecte à dresser chaque année le palmarès des travaux scientifiques publiés qui apparaissent les plus farfelus - et réjouissants. L'entomologie, rarement couronnée, a reçu cette année le prix Ig Nobel de la Paix. Elle sera passée à côté des prix de Biologie et de Médecine, décernés respectivement à des travaux relatifs aux odeurs des grenouilles et à la mise au point de testicules artificiels pour chiens.
En image : Claire Rind dans son labo
Le précédent Ig Nobel entomo : Splash applaudi par le Courrier de l'environnement
Le site officiel du Prix Ig Nobel est à www.improb.com/ig/ig-top.html

NDLR : ne ricanons pas, les travaux épinglés sont fort sérieux et portent sur l'étude neurophysiologique des réactions d'évitement face à un ostacle en situation de stress.

Coup(e) à blanc

Pour venir à bout de pullulation de Coléoptères xylophages, qui tuent les arbres, on procède souvent à l'abattage des forêts infestées, voire seulement menacées. Une action qui fait du bruit, mais qui reste le plus souvent inefficace, selon une étude portant sur 300 études publiées dans des revues scientifiques, conduite par la Xerces Society, une ONG de Portaland (Oregon, États-Unis). Il en est de même pour les coupes destinées à empêcher les incendies de s'étendre, déjà contestées par les écologistes comme un prétexte à l'exploitation massive des forêts.
Il apparaît que ces pratiques simplifient les forêts, diminuent la restitution de matière végétale au sol, réduisent les habitats des animaux utiles, et empêchent la régénération d'essences qui ont besoin du passage du feu... et conduisent à des peuplements plus vulnérables.
Les exploitants forestiers ne l'entendent pas de cette oreille : s'ils n'exploitent pas le bois attaqué, ils devront couper des arbres bien verts ailleurs...
D'après : Analysis: Logging not much help against forest insect outbreaks, par Jeff Barnard, The Casper Star-Tribune, lu le 7 octobre 2005 à www.casperstartribune.net

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Le 26 septembre 2005

Le gène de la défense, par Cécile Dumas. Sciences et avenir.
Un OGM produit des terpénoïdes qui attirent Pytoseiulus, prédateur de Tetranychus (acariens).

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Le 23 septembre 2005

À lire sur Internet

Epidémie mal soignée, par Christophe Schoune, Le Soir en ligne, 22 septembre 2005
Le dépérissement des ruchers ne serait pas dû aux pesticides. Une étude pointe l'épidémie de varoase. La pathologie serait traitée de façon aléatoire.

Le papillon papillonne, la chenille trinque

Pour venir à bout du Carpocapse des pommes et des poires, Cydia (Laspeyresia) pomonella (Lép. Tortricidé), ravageur souvent catastrophique, les entomologistes ont proposé de nombreux procédés. La lutte par confusion, en dispersant dans l'air du verger un analogue de la phéromone de rapprochement des sexes (les mâles sont ainsi égarés) et la lutte microbiologique, par traitement viral, sont deux façons de tuer le " carpo " ,spécifiques et sans danger, mais les résultats sont inconstants.
Les chercheurs de l'université de Warwick (Royaume-Uni) associent la phéromone, utilisée comme attractif, et un virus du carpo. Le piège, appâté avec cette phéromone, contient une préparation (liquide) du virus, à l'abri des rayons UV (qui inactivent rapidement de tels bio-insecticides). Le mâle, leurré, y entre et ressort couvert du virus. Qu'il transporte au lieu du rendez-vous suivant, avec sa dame cette fois, laquelle en attrape et tous les deux en mettent partout. Bref, le virus se retrouve sur le chorion de l'œuf et sur la plante. La jeune chenille - baladeuse - l'ingérera fatalement.
L'installation de 25 pièges sru 1 ha de verger permet, selon les premiers essais, une bonne maîtrise du ravageur.
D'après "Baskets of Sex and Death Help Fruit Growers ", lu le 21 septembre 2005 à www.scienceblog.com
Fiche illustrés du Carpocapse des pommes et des poires sur HYPPZ.

À force de formiquer…

Dans la forêt amazonienne, on rencontre de place en place des " jardins du diable ", où un seul arbre pousse, Duroia hirsuta. Ce dernier héberge dans son tronc creux (domatie) la fourmi Myrmelachista schumanni, aux colonies fortes de3 millions d'ouvrières etde15 000 reines.
L'absence de végétation autour de cet arbre n'est certainement pas l'oeuvre d'esprits malins de la forêt ; elle peut être provoquée par l'intoxication par D. hirsuta des végétaux concurrents (le phénomène classique d'allélopathie) ou par l'action des fourmis, les défeuillant systématiquement ou les empoisonnant.
Pour tester ces hypothèses, Deborah Gordon (université Stanford) et son équipe ont, dans un " labo de campagne " installé dans la forêt vierge de Loreto (Pérou occidental) et tenu durant 4 ans par un mémorisant, Megan Frederickson, monté deux manips principales.
Sur 10 jardins du diable, comportant de 1 à 328 sujets de D. hirsuta, ont été plantés 2 Cedrella odorata, là où les fourmis patrouillent. L'un était enduit à la base de glu, pour en exclure les fourmis. Deux autres étaient plantés en pleine forêt, non loin, dont un englué. Dans le jardin, les ouvrières ont aussitôt attaqué le Cedrella non protégé, y injectant de l'acide formique, et des feuilles étaient mortes au bout d'1 jour.
La fourmi n'attaque pas l'arbre porteur de ses domaties, pourquoi ? La seconde manip, avec des domaties artificielles installées sur des Cedrella, a montré que cette espèce était attaquée et pas D. hirsuta. On ignore comment se fait la reconnaissance.
On a là un cas symbiose fourmi/végétal où l'arbre protège la fourmi et où - c'est tout à fait original - la fourmi aménage l'environnement, à coups de désherbant, pour que de jeunes arbres de l'espèce ad hoc - supports des futures domaties - puissent pousser. Et c'est une entreprise durable : compte tenu du taux d'accroissement annuel des jardins du diables qu'on a noté, le grand jardin avec 328 D. hirsuta a 800 ans…
D'après Ants, not evil spirits, create devil's gardens in the Amazon rainforest, study finds ". Communiqué de presse de l'université Stanford, lu le21 septembre 2005 à www.eurekalert.org

NDLR : les fourmis cultivent, moissonnent, engrangent, chassent, pratiquent le pastoralisme et l'élevage, ont des animaux commensaux, détruisent les ennemis des plantes, piègent (Insectes n°138), etc. Voilà qu'elles traitent à l'herbicide ; que reste-t-il à découvrir ? Que certaines pratiquent la primiculture ?

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13 septembre 2005

Katrina 1

La guerre est déclarée aux moustiques - et autres diptères hématophages - de la Nouvelle-Orléans : ces insectes aux larves aquatiques risquent en effet de profiter des eaux stagnant sur le site de la ville. Un avion de la Garde nationale, un C 130 militaire, devait procéder lundi à un premier épandage d'insecticide (non précisé), qualifié de " bombardement ". Ceci pour épargner aux survivants de l'ouragan la Fièvre du Nil occidental, le paludisme et d'autres maladies (non précisés). Ce traitement ne sera étendu aux zones périphériques que si les comptages montrent son efficacité.
Les risques sont peut-être nuls. Le virus du Nil occidental se propage en présence d'oiseaux et de moustiques. Peut-être que les premiers désertent les zones sinistrées et que les larves des seconds périssent en mer, où le reflux les entraîne.
Le tsunami qui a déferlé l'an dernier sur les côtes du Sud-Est asiatique n'a pas déclenché d'épidémie liée aux insectes vecteurs - et on ignore pourquoi.
D'après, notamment, " War declared on mosquitoes to thwart disease risk in New Orleans ", dépêche AFP lue le 12 septembre 2005 à news.yahoo.com

Katrina 2

L'ïle Dauphin, non loin de Mobile (Alabama, États-Unis), a été balayée par l'ouragan Katrina. Or c'était le dernier bastion dans la lutte contre l'expansion vers l'Ouest de la Pyrale d'Argentine. Celle-ci, Cactoblastis cactorium (Lép. Pyralidé), originaire d'Amérique du Sud, a longtemps été connu ecomme auxiliaire de lutte biologique, agent d'une lutte indispensable et efficace contre une plante envahissante introduite en Australie (et ailleurs, sous tous les climats méditerranéens), le Figuier de barbarie (Opuntia ficus-indica, Cactacée). En 1926, près de Chinchilla (au Quennsland), 2 millions d'œufs de cette pyrale ont été installés sur les oponces plantés pour créer des clôtures vivantes et qui avaient échappé à tout contrôle. L'opération sera renouvelée (à Hawaï, en Afrique du Sud). Dans les années 1950 : le Commonwealth Institute of Biological Control installe la Pyrale d'Argentine dans l'île Nevis (Caraïbe), puis dans les îles Caïman ; les ministères de l'Agriculture de Montserrat et d'Antigua l'acclimatent.
Mais, en 1989, l'insecte est signalé en Floride, d'où il se répand. Mauvais voilier, il suit le chemin des raquettes (qui se bouturent très facilement) et sont transportées par les gens ou par l'eau (elles flottent).
Là, l'auxiliaire devient une menace pour les oponces sud-états-uniens, autochtones comme introduits. Des espèces emblématiques (comme le " sémaphore ", Opuntia spinosissima) sont menacées - avec les paysages qu'elles peuplent, avec les sols qu'elles protègent. Par ailleurs, les éleveurs craignent la disparition des " cactus " inermes, provende de leurs bovins et, plus loin, au Mexique, on redoute les effets sur la production de figues de Barbarie. Encore au-delà, en Amérique du Sud, c'est la culture de la Cochenille du Mexique, Dactylopiuus coccus (Hém. Dactylopiidé), qui produit le carmin, qui pourrait disparaître.
Pour éradiquer ce qui est devenu un ravageur dangereux, la lutte chimique s'étant révélée inefficace, l'USDA (ministère états-unien de l'agriculture) met en œuvre deux moyens de lutte : le lâcher de mâles " stériles " et l'élimination des raquettes infestées.
Pour les entomologistes, l'ouragan a sans doute dispersé l'insecte, avec les raquettes arrachées des oponces cassés par le vent puis submergés. Mais en revanche, il aura facilité la collecte des sujets atteints, les propriétaires, sinon peu enclins à coopérer avec les éradicateurs de Pyrale d'Argentine, se montrant ravis qu'on les débarrasse de leurs cactus déchiquetés et pourrissants.
D'après, entre autres, "Researchers fear Katrinamay aid cactus pest's westward advance ", Eyewitness News, lu le 8 septembre 2005 à kvoa.com
Photos de l'auxiliaire dévoyé à www-staff.mcs.uts.edu.au/~don/larvae/pyra/cactor.html

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Bourdons de Panurge

À l'instar des gens qui s'arrêtent devant un restaurant où il y a déjà beaucoup de monde, les bourdons butinent les fleurs qu'ils ont vues fréquentées par des congénères. C'est la première fois que l'" apprentissage social " est mis en évidence chez un insecte. Ce travail, dû à B.D. Worden et à D.R. Papaj, de l'université de l'Arizona à Tucson (États-Unis), a été fait sur le Bourdon fébrile, Bombus impatiens (Hym. Apidé), une espèce nord-américaine disponible dans le commerce (c'est un auxiliaire pollinisateur).
Observés sur le terrain en train de choisir les fleurs à butiner, ces bourdons semblent se copier les uns les autres. Pour le vérifier, voici comment procèdent nos deux entomologistes en leur laboratoire :
On en dresse certains à butiner sur des fleurs artificielles (ronds en papier) oranges ou vertes - couleurs qu'ils distinguent fort bien - au moyen d'une récompense sucrée (ils préfèrent naturellement le orange). Puis un lot (de 3 à 12) de ces bourdons entraînés est installé sur un " parterre de fleurs " (des ronds de papier oranges et verts), tandis que d'autres, naïfs, sont placés à 25 cm, immobilisés au bout de tubes transparents ; ceux -ci " doivent " observer leurs congénères durant 10 minutes. Des témoins regardent un parterre identique, mais sans bourdons.
Puis on éteint la lumière pour un changement de décor : évacuation des bourdons " acteurs ", installation de nouvelles " fleurs " oranges et vertes (sans appât sucré), disposées différemment. Puis lâcher, un par un, nos " mateurs ". Ceux qui ont assisté à une scène de butinage de " fleurs " vertes vont plutôt sur les ronds verts.
Pour éliminer l'effet éventuel d'odeurs ou d'autres marques, la manip est refaite avec des maquettes-marionnettes de Bourdon fébrile en résine jouant la scène initiale. Même résultat.
Le bourdons ne disposent pas du langage dansé de l'Abeille domestique : ils se guident sur l'observation des autres butineurs, censés avoir trouvé les bonnes fleurs.
Charles Darwin avait pensé que l'Abeille domestique pouvait observer les bourdons et apprendre d'eux sur quelles fleurs récolter. Cette hypothèse reste à mettre à l'épreuve d'une expérience.
D'après " Bumblebee See, Bumblebee Do ", par Mari N. Jensen, communiqué de presse de l'université de l'Arizona publié le 31 août 2005 à http://uanews.org/

Sous les lignes

" Les lignes électriques font partie de notre environnement ", dit le ministère de l'Intérieur dans une fiche (en ligne) détaillant les risques pour les aérostiers, les pêcheurs (à la ligne), les parapentistes… Pour beaucoup de gens, ce sont des nuisances et des horreurs balafrant les paysages ; pour certains, les champs électromagnétiques provoquent des cancers... Et pour les hyménoptéristes ? Les lignes haute tension engendrent et maintiennent, d'après une étude de Kimberly Russel de l'American Museum of Natural History (New-York, États-Unis), un milieu très favorable aux Apoidea (abeilles au sens large). Ceci depuis que les terrains qu'elles surplombent font l'objet d'une gestion différenciée, destinée à contenir la végétation au moyen d'herbicides sélectifs, et qu'ont été abandonnés désherbants totaux et fauches rases. K. Russel et ses collaborateurs ont comparé les faunes sous les lignes à celles des prairies à graminées alentour et trouvé plus d'espèces rares et de parasites, indicateurs de communautés saines d'abeilles.
Aux États-Unis, les lignes électriques à haute tension occupent une surface supérieure à celle des parcs nationaux. Les compagnies d'électricité sont très intéressées par ces résultats qui pourraient réhabiliter, grâce à leur rôle positif sur la conservation des espèces et le maintien de la biodiversité, des installations jusque-là haïes universellement…
D'après " Power lines may provide a haven for bees ", New Scientist, lu le 27 août 2005 à www.newscientist.com
NDLR : pour de nombreux apiculteurs, l'Abeille domestique ne vole pas sous les lignes H.T. Est-ce toujours vrai ?

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2 septembre 2005

À lire sur Internet

Des vers qui parasitent les sauterelles et les poussent à se suicider
La gazette du laboratoire, 2 septembre 2005
Les chercheurs du laboratoire Génétique et évolution des maladies infectieuses (CNRS – IRD, Montpellier) étudient une curieuse association entre un groupe de vers parasites, les nématomorphes, et leur hôte, les orthoptères (grillons, sauterelles). Quand ils passent du stade larvaire au stade adulte, ces parasites obligent leur hôte à se « suicider » en se jetant à l’eau. Les chercheurs viennent de mettre en évidence le dialogue moléculaire qui s’instaure entre le parasite et son hôte avant, pendant et après le « suicide » de l’insecte. Ils avancent ainsi dans la compréhension des phénomènes qui permettent à un parasite de modifier le comportement de son hôte en agissant sur le fonctionnement du système nerveux.

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À écouter sur Internet

Sur France Inter, le 22 août 2005, dans Tout s'explique, émission de Fabienne Chauvière, "Les insectes de l'été", par Claire Villemant (MNHN).
Avec une archive de 1954 : le professeur A.S. Balachowski parle des dangers des insecticides sur les insectes non nuisibles ; et une de 1975, un pastiche d'émission scientifique où Patrice Blanc-Francard joue le rôle d'une scientifique américain spécialisé dans l'étude des mouches ("Ma non troppo")..
NDLR 1: dans le prochain Insectes, on lira un interview de C.V. par Bruno Didier, dans la nouvelle rubrique Métier : entomologiste.
NDLR 2: les émissions de France Inter réécoutables sur Internet sont particulièrment éphémères... Mais l'enregistrement de l'émission a été fait à l'OPIE - contact : bruno.meriguet@insectes.org
La seconde archive, quant à elle, est en ligne sur le site de l'INA.

À lire sur Internet

L’immunité fait mouche. Science et Avenir, le 20 août 2005.
Le système immunitaire des insectes possèderait une capacité d’adaptation jusqu’à présent ignorée.

Les chimpanzés libres sont gauchers pour gober les termites. Par Christiane Galus, Le Monde du 16 août 2005.

Art et insectes

Au Queens Mary College de l'université de Londres (Royaume-Uni), on a proposé à des abeilles élevées en laboratoire et n'ayant jamais vu une fleur 4 tableaux [des reproductions faites avec le même procédé, peut-on supposer] et compté leurs visites et leurs atterrissages. Un Tournesols de Van Gogh est le préféré de ces demoiselles, devant un Bouquet de fleurs de Gauguin. Nos entomologistes en concluent principalement qu'Apis mellifera possède de façon innée une représentation de la fleur et secondairement que Van Gogh avait su rendre la fleur telle qu'appréciée par l'abeille.
D'après "Art-loving bees prefer Sunflowers". BBC News, lu le 14 août 2005 à news.bbc.co.uk

Coriace

L'insecte, juste après la mue, est tout mou et pâlot. Son tégument durcira et se colorera au fur et à mesure du tannage des protéines cuticulaires et il pourra alors se mouvoir. Une équipe de l'université d'état du Kansas vient de livrer (via les PNAS de la 1ère semaine d'août) le secret de la mélanisation, qu'on cherchait à percer depuis les années 1940 : l'enzyme responsable est la laccase-2. Des Triboliums rouges de la farine, Tribolium castaneum (Col. Ténébrionidé) privés de cet enzyme restent à l'état ténéral et meurent.
Cette découverte pourrait déboucher sur l'avènement d'une nouvelle famille d'insecticides agissant par un mécanisme parfaitement spécifique des insectes (et autres arthropodes…) pour tuer ou affaiblir les cibles. Des ingénieurs y voient une piste pour développer des matériaux à base de chitine mais plus solides que la carapace d'un coléo.
D'après " K-state professors discover enzyme responsible for creation of a beetle's hard shell ". Communiqué de presse de l'université du Kansas publié le 2 août 2005, lu à www.mediarelations.k-state.edu

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À lire sur Internet

Le varroa, un ennemi des abeilles venu d'Indonésie. Dans la série Espèces invasives : Reportage chez un apiculteur qui a choisi de ne pas éradiquer le parasite, à La Chapelle-Saint-Aubin (Sarthe).Par Yves Miserey. Le Figaro, 11 août 2005.
Avec, en complément de ce long article :
- La chrysomèle, nouvel ennemi du maïs ;
- Le phylloxéra, ravageur de la vigne

Invasions de criquets dans le sud de l'Aveyron, Futura-Sciences, le 8 août 2005.
Le CIRAD a apporté son appui à la Direction de la protection des végétaux de l'Aveyron à propos de l'actuelle invasion de criquets. L'unité de recherche Écologie et maîtrise des populations d'acridiens a confirmé l'identification de l'espèce concernée et recommandé la mise sur pied d'un réseau de veille.
NDLR : Il s'agit bien du Criquet italien, Calliptamus italicus.

Au creux de l'été, dans le monde des insectes et des hommes, pas tous en diapause estivale, il s'est passé des choses importantes et futiles. En voici une relation rapide.

Les moustiques (Anopheles, Dip. Culicidés) piquent plutôt les personnes impaludées, selon un travail réalisé au Kénya par Jacob Koella (université Pierre-et -Marie-Curie, Paris). Ceci au bénéfice exclusif de l'agent du paludisme. Reste à expliquer comment l'odeur desdites personnes est modifiée. [PLoS Biolgy, 3(9), e298]

Le pipéronyl butoxyde (un composant de l'huile de sésame) prépare les insectes cibles d'un traitement insecticide : appliqué plusieurs heures avant celui-ci, il affaiblit leurs défenses en inhibant un enzyme responsable de leur résistance. C'est en quelque sorte un ramolisseur de nuisible. Des chercheurs anglais et australiens associés à une firme italienne, Endura, ont mis au point un traitement unique : le pipéronyl butoxyde est conditionné dans des capsules qui éclatent très vite, l'insecticide n'est lui libéré que 4 heures plus tard. Le procédé est efficace, notamment contre le Ver des capsules du cotonnier, Pectinophora gossypiella (Lép. Gelechiidé), et la Mouche blanche du tabac, Bemisia tabaci (Hém. Aleyrodoidea) en Australie, mais relativement coûteux. [farmcentre.com]

Presse canadienne [www.cyberpresse.ca] signale en gras qu' " un Français découvre quatre chenilles géantes d'Afrique dans son potager ". En effet, Jean Planquais, jardinier amateur à Bracquetuit (prèsz de Dieppe) aura attendu l'âge de 82 ans pour rencontrer, sur ses pommes de terre, la chenille du Sphinx tête de mort, Acheirontia atropos (Lép. Sphingidé), un papillon migrateur qui s'aventure de temps en temps - et depuis longtemps - au nord de la France.

Francisco 'Vico " Gutierrez, un Mexicain très riche, prévoit de suivre, durant quelque 75 jours, la migration des Monarques (Danaus plexxippus, Lép. Danaidé) du Canada au Mexique cantral dans son aéronef, un ULM baptisé Papalotzin (papillon en nahuatl). [news.yahoo.com]

Exposée à des vapeurs d'éthanol, une drosophile à jeun et normale au départ met 20 minutes à dégringoler de plateforme en plateforme dans un tube (différent des alcoomètres gendarmiques). Quatre heures plus tard, elle se retrouve en bas 8 minutes plus tard, car elle a acquis une résistance (elle est sur la pente de l'alcoolisme…). Mais parmi les dizaines de milliers d'individus participant à cette épreuve, certains se révèlent aussi sensibles à la seconde tournée : ils possèdent le gène " hangover " (gueule de bois) et sont ainsi protégés de l'addiction. Encore une fois, merci à notre Diptère Drosophilidé qui travaille à expliquer et à guérir certains cas humains de dépendance. Trinquons à la droso ! [www.nature.com]

Dans le Willmore Wilderness Park (Alberta,Canada), 110 km2 de forêt de pins vont être incendiés. Il s'agit de barrer la route des " riches forêts commerciales situées en bordure de ce parc provincial " au très destructeur Dendroctone du pin ponderosa, Dendroctonus ponderosae (Col. Scolytidé). En Alberta, le DPP a pour hôte principal le pin tordu, mais il s'attaque également au pin à blanche écorce et au pin flexible. Il est très probable que le pin gris peut également servir d'hôte à l'insecte. [radio-canada.ca]

Le Temps (de Genève, Suisse), dissertant sur le mot phalène (papillon de nuit, en grec), revient sur une observation faite par deux couples le 14 novembre 1966 à 23 h 30 près de Point Pleasant (en Virginie occidentale, États-Unis). Un homme-phalène, immense et nanti de grandes ailes, a poussé des cris et suivi leur voiture à 160 km/h. Plusieurs autres signalements de l'entomanthrope ont suivi, jusqu'à l'effondrement d'un pont historique… [www.letemps.ch]

Des chercheurs chinois ont créé un colza OGM double moins susceptible d'engendrer des populations résistantes de ravageurs (la Teigne des crucifères, Plutella maculipennis = P. xylostella, Lép. Yponomeutidé, a servi aux essais) car incorporant deux gènes : chitinase(chi) et BmkIT(Bmk). Le premier,issu du Sphinx du tabac, Manduca sexta (Lép. Sphingidé), induit la production d'un enzyme qui détruit le tégument (à base de chitine) de l'insecte cible, le second celle du venin du scorpion Buthidé Buthus martensii qui le paralyse. [www.seedquest.com]

Comment gagner un million de roupies par mois ? En suivant les conseils et en achetant le matériel fournis par l'Association indonésienne des éleveurs de grillons. Pour 1 million de roupies, vous avez de quoi travailler :10 cages, 4 onces d'œufs et 120 kg d'aliment. Au bout de 35 jours, vous obtenez 80 kg (poids vif) de grillons qu'il vous reste à plonger dans l'eau chaude, à faire sécher et à emballer sous vide. Grâce à leur haute teneur en protéines, les insectes produits se vendent sans problème aux provendiers, notamment. [www.thejakartapost.com]

C'est un insecte impossible à épingler, que personne n'a pu repérer, attraper, déterminer. De la famille des Aucunidés, donc… Bob Margetta lui consacre un article dense sur SouthCastToday, une édition sur le Web du Standard Times (Massachusetts, États-Unis) sous le titre, en langue locale, de " Bit-and-run victims " (Mord-et-se-tire fait des victimes). On est en ballade dans les bois, en train de déménager des meubles ou d'arranger son portail et, soudain, on sent une morsure sur la jambe : on veut chasser l'insecte mais d'insecte il n'y a point. Pourtant, 3 jours plus tard, on se retrouve avec un cercle rouge autour du point et on va consulter le docteur avec une petite fièvre. Les services d'urgence des hôpitaux voient des douzaines de patients. Tous les mordus sont saufs, à l'heure où l'article est écrit mais nul n'a pu reconnaître dans ces symptômes l'action d'un insecte connu. Araignées et tiques ont été exclus de la liste des candidats. Depuis, l'insecte invisible a disparu. [www.southcoasttoday.com]

À  lire sur Internet

Côte d’Azur. Alerte aux ravageurs du palmier et du châtaignier. L'Humanité, le 2 août 2005.
Il est interdit d’importer d’Italie des plants de châtaigniers après la découverte d’un premier cas de gale dans les Alpes-Maritimes.
NDLR : Il s'agit de l'Hyménoptère Cynipidé Dryocosmus kuriphilus, épinglé ci-dessous.
Voir fiche sur Au jardin.

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27 juillet 2005

À lire sur Internet :

Découverte d'une nouvelle espèce animale issue de l'hybridation de deux espèces. Dépêche AFP du 27.07.05. Sur le site du Monde.
NDLR : publication de référence : Nature (vol 436, p 546). Résumé du travail sur NewScientist.com (en anglais). Rhagoletis spp. (Dip. Téphritidés) ?

Mesure de l'importance agronomique et économique des insectes pollinisateurs. Fiche Presse info INRA.

Le comportement de butinage du bourdon en serre de tomates. Fiche presse info INRA.


22 juillet 2005

Une chenille très attachante

À Hawaï, Daniel Rubinoff, entomologiste, après avoir vérifié le phénomène qu'on lui avait signalé mais qu'il avait du mal à croire, se consacre désormais à l'étude d'Hyposmocoma molluscivora, Lépidoptère Cosmoptérigidé (nouvelle espèce). Le régime alimentaire de cette chenille à fourreau, d'1 cm de long au plus, est unique : des escargots (de même taille). Elle les dévore vivants en commençant par la bouche. Au préalable, elle a attaché la victime à la feuille avec des fils de soie, comme Gulliver à Lilliput, pour éviter qu'elle ne lui échappe en se laissant tomber au sol.
Ce comportement particulier est sans doute à mettre au compte de l'insularité. Hawaï recèle d'autres prédateurs incroyables, à l'étude.
D'après " Tiny caterpilalrs assail unsuspecting snails ", New Scientist, lu le 21 juillet 2005 à www.newsceintist.com
Photo à www.newscientist.com/data/images/ns/9999/99997707F1.JPG

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18 juillet 2005

À lire sur Internet :

Des pièges et des insectifuges contre les moustiques porteurs du paludisme, Futura sciences, 17 juillet 2005
Une équipe internationale de scientifiques va coopérer durant les cinq prochaines années dans le cadre d'un projet de recherche dont l'objectif est de développer des pièges odorants et des insectifuges efficaces qui permettent d'empêcher les moustiques porteurs du paludisme de s'approcher de tout hôte humain potentiel.

Drosophile : la première carte physique génomique de Drosophila buzzatii, Futura sciences, 17 juillet 2005

Châtaigniers en danger  

Un premier cas de Cynips du châtaignier, Dryocosmus kuriphilus , Hyménoptère Cynipidé originaire de Chine, vient d'être détecté par le Service de la protection des végétaux dans le département des Alpes-Maritimes. 3 galles ont été trouvées le 12 juillet dernier sur une pousse d'un plant acheté en Italie en 2004. L'insecte est présent depuis 2002 dans la région de Cuneo en Italie et qu'il cause de très importants dégâts aux châtaigneraies avec des baisses de production pouvant atteindre 80%.
Au Japon, après des essais décevants de lutte chimique, la lutte biologique (agent Torymus chinensis , Hym. Torymidé) associée à des variétés assez résistantes a permis une maîtrise satisfaisante du ravageur.
Vos dénonciations sont à poster à srpv-nice.draf-paca@agriculture.gouv.fr (tél. : 04 93 18 46 95).
D'après le comuniqué de presse du  SRPV daté du 18 juillet 2005 - cliché ci-contre : galles sur jeune pousse.
Photo de l'imago à www.aujardin.info/img/img7/cynips-chataignier.jpg

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16 juillet 2005

À lire sur Internet :

Des nuages de criquets ravagent les champs de luzerne du sud de l'Aveyron, par Claude Belmont, Le Figaro du 16 juillet 2005.
Affamés, ils dévorent les jeunes pousses vertes, privant les troupeaux d'une nourriture essentielle.
NDLR : le problème a été signalé le 14 juillet par le Midi Libre, puis par d'autres serveurs de nouvelles. Certains ont laissé entendre qu'il s'agissait d'une invasion...
L'espèce en pullulation serait le Psophe stridulant, Psophus stridulus, Orthoptère Acrididé.
Image à www.nobodyhere.com/just/_gfx/jpg_large/i459.jpg

P.S. Selon France 3, dépêche en date du 21 juillet 2005, le SRPV l'a déterminé comme le Criquet italien, Calliptamus italicus, Orth. Catantopidé.

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15 juillet 2005

À  lire sur Internet

L’ADN de trois parasites séquencé pour mieux les combattre. Science et Avenir, le 15 juillet 2005
Trypanosoma brucei , agent de la maladie du sommeil, transmis par la Mouche tsé-tsé.
Trypanosoma cruzi,
agent de la maladie de Chagas, transmis par des triatomes (Hém. Réduviidés).
Leishmania major
, transmis par des phlébotomes (Dip. Psychodidés), agent d'une leishmaniose cutanée.
Lancés indépendamment, ces trois projets de séquençage sont publiés conjointement dans Science.

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13 juillet 2005

Appel à témoin

L'antenne de Nice du Service régional de la protection des végétaux a demandé au public de lui signaler toute occurrence d'un nouveau ravageur : Pistosia dactylifera (Col. Chrysomélidé), découvert récemment au cap Ferrat. Un envahisseur venu d'Inde.
L'insecte, long d'1 cm environ, brun clair, aplati, se cache entre les nervures des palmes à leur base. "Il ronge les nervures en surface, mais les morsures peuvent être si importantes que certaines palmes se cassent ou sèchent. Le symptôme le plus typique est une décoloration et un aspect décapé de certaines parties des nervures avec, dans certains cas, un dessèchement trop précoce de certaines palmes", souligne la DDA.
Vos dénonciations sont à poster à srpv-nice.draf-paca@agriculture.gouv.fr
D'après Les palmiers de la Côte d'Azur menacés par deux nouveaux insectes, TV5 Infos, lu le12 juillet 2005 à www.tv5.org
Photo P. Reynaud, LNPV - Entomologie
Article dans PHM-Revue horticole, n°468, avril 2005

Stupéfiant

Décidément, les drosophiles auront tout subi. Dernièrement, Rozi Andretic et ses collègues ont montré (Current Biology, 15, 1165) que ces Diptères Drosophilidés réagissent comme les Primates Hominidés à la méthamphétamine. Cette substance chimique psychotrope est connue, hors du cercle des entomologistes, sous les noms de crystal, ice, ya ba, crank ou shabu.
Mais peu lui importe, la droso se met à danser et à rechercher un partenaire sexuel, ne dort plus et brasse beaucoup d'air sans aucune efficacité. Comment se passe la descente ? Si c'est comme chez Homo sapiens, on plaint ces mouches d'être nées dans ce labo.
L'expérience, menée avec des lignées modifiées génétiquement pour ne pas produire de dopamine, montre que la métamphétamine (autre orthographe) n'agit sur le système nerveux central qu'en présence de ce médiateur.

D'après " Taufliegen auf 'Ice' balzen unablässig ",Spiegel Online, lu le 12 juillet 2005 à www.spiegel.de

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8 juillet 2005

À  lire sur Internet

Les céréaliers ont mesuré l'effet de l'interdiction de la molécule. Privé de l'insecticide Gaucho, le maïs est livré aux ravageurs
par Marc Mennessier, Le Figaro du 8 juillet 2005.

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4 juillet 2005

À  lire sur Internet

Le bourdon qui copie, Agence Science-Presse.

Muscle vert

Une nouvelle arme contre le Criquet pèlerin (Schistocerca gregaria, Orthoptère Acrididé), le Muscle vert (Green Muscle®) vient de montrer son efficacité lors d'essais à grande échelle (sur 1 400 ha) réalisés sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) en Algérie, dans la région d'El Oued. On dispose donc d'un auxiliaire de lutte biologique, substitut intéressant aux insecticides chimiques toxiques pour l'homme et ses animaux et nocifs pour l'environnement. La matière active de cet acridicide est, en effet, constitutée de spores du champignon Metarhizium anisopliae var. acridum, agent pathogène naturel d'Acrididés et de Pyrgomorphidés. La production en masse est maîtrisée et leur conditionnement - avec des huiles et des matières minérales - au point. L'épandage se fait avec les moyens habituels de la lutte anti-acridienne.
Homologué en Afrique du Sud depuis 1998 et au Sahel depuis 2001, le Muscle vert a été employé surtout contre des sauteriaux. Dans le cadre du projet LUBILOSA, qui l'a développé, les modes d'application ont été mis au point avec les agriculteurs.
Par rapport aux produits conventionnels, le Muscle vert a la particularité d'agir lentement : l'Orthoptère est infecté progressivement, voit ses mouvements ralentis et meurt au bout de quelques jours à 3 semaines, en fonction de la température. Rien de foudroyant mais, les essais algériens l'ont montré, les oiseaux, les reptiles et les fourmis hâtent la fin des criquets handicapés. Le mycopesticide reste inefficace pour arrêter en urgence les dégâts sur les cultures.
Il subsiste un autre problème : sa production, assurée par une firme sud-africaine, est insuffisante. La mise en route d'une unité de production au Sénégal est à l'étude.
D'après " FAO : une arme respectueuse de l'environnement permet de lutter contre les acridiens ", communiqué du 28 juin 2005, lu à http://www.un.org/french/newscentre/
À (re)lire : La lutte contre les criquets ravageurs : l'intérêt des mycopesticides, par My-Han Luong-Skormand, Tahar Rachadi et Michel Lecoq. In A. Fraval & C. Silvy (dir.), 1999. La lutte biologique (II). Dossiers de l'Environnement de l'INRA n°19, Paris, 274 p. Article en ligne à www.inra.fr/dpenv/luongd19.htm

Les insectes sans les piqûres

C'est un photographe amateur passionné d'entomologie qui l'a annoncé au monde par téléphone, depuis son terrain de chasse : les vêtements répulsifs, c'est géant ! Mike Lowell, policier à Tampa (Floride, États-Unis), sur le départ pour un safari photo d'insectes en Équateur, a chargé son sac, non point de l'habituel stock de lotions, sprays et autres pommades, mais de chemises, pantalons et chaussettes anti-insectes, qu'il était impatient d'essayer in situ. Ainsi habillé, il a pu effectivement prospecter, tenir l'affût et même se vautrer dans la boue pour les besoins d'un cliché en se concentrant sur le cadrage et la lumière sans être importuné par les fourmis anthropophages ni par les hématophages, Diptères ou Hémiptères.
C'est une PME (une centaine d'employés) de Caroline du Nord, BUZZ OFF, qui produit cette ligne de vêtements. Débuts en 1996, homologation par l'Agence de l'Environnement en 2003. Et approbation par l'Armée, à la suite d'épreuves sévères. Le tissu est imprégné d'un pyréthrinoïde, la perméthrine. Le répulsif résiste à 25 lavages.
Ces habits - il y en a pour les messieurs, les dames et les enfants - sont vendus chez The Orvis ou Ex Officio, boutiques de fringues (et non d'accessoires photo). Il en coûte 84 $ la chemise à manches longues (sage précaution), un peu moins pour le pantalon.
Cette production particulière basée sur une technologie nouvelle donne quelque espoir au secteur textile local, sinistré par la concurrence asiatique et les délocalisations.
D'après " N.C.Firm Sells Bug-Repellent Apparel", dépêche Associated Press du 1er juillet 2005.

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30 juin 2005

À  lire sur Internet

Guerre des sexes chez une fourmi : reproduction clonale des mâles et des reines
Une équipe de chercheurs de l'INRA, du CNRS et de l'IRD, en collaboration avec l'université de Lausanne, a mis en évidence chez Wasmannia auropunctata un système de reproduction particulier et unique dans le monde animal : les reines et les mâles sont chacun issus d'une reproduction clonale. Seules les ouvrières sont issues de la reproduction sexuée des reines et des mâles, mais ces ouvrières sont stériles. Un modèle où la compétition entre mâle et femelle pour la transmission de leurs gènes d'une génération à l'autre a été optimisé !
Communiqué de presse INRA-IRD-CNRS
Article source dans Nature

Coccinellurgie

Le bassin industriel de Liège (Belgique) doit se transformer. D'ici 2009, la sidérurgie mosane perdra 2 700 emplois. D'ici 2009, la Société pour le développement de l'industrie et de l'emploi (SODIE, firme privée détenue à 45% par Arcelor) s'est engagée à créer 2.700 emplois en région liégeoise, dans de nouvelles activités qui, pour la plupart, n'ont rien à voir avec l'industrie de l'acier. Ainsi, aux Hauts-Sarts, une firme s'est déjà installée sur le " créneau " de l'extermination des pucerons du pommier. Horpi systems (Horticulture Production Intégrée), une spin-off de l'université de Liège, créée en 1999, a créé un élevage industriel de coccinelles indigènes. Elle emploie actuellement, outre ses quatre cofondateurs, six personnes à temps plein et une à mi-temps. Trois ou quatre embauches sont prévues, grâce à une aide particulière de la SODIE, qui permettra aussi de doubler la production de larves et de l'automatiser. Au programme, d'urgence, la mise au point d'une provende moins coûteuse ; il en coûte en effet jusqu'à 1 000 € pour élever 1 kg de larves, à partir d'œufs de Lépidoptères et de pucerons - qu'il faut élever aussi…
D'après " Arcelor lutte contre les pucerons ", Regions.be, lu le 24 juin 2005 à www.regions.be

Demoiselle de guerre

En 2030, on en donnera une vingtaine à chaque fantassin, qui s'en servira pour aller voir et entendre, au cœur de la bataille, ce qui se passe au-delà de ce qui lui sert d'abri. Doté de 4 ailes de 3 cm, de 180 000 x 4 fibres musculaires artificielles, d'une réserve d'énergie, d'un cerveau électronique et d'un émetteur radio, ce nanodrone sera rangé au repos dans un étui gros comme la moitié d'une cigarette. Avec sa dégaine de libellule et ses yeux de mouche, cet engin est, dixit l'Armée qui l'a présenté au salon du Bourget, " bio-inspiré ".
L'odonate militaire est mis au point par la société Silmach, une émanation du CNRS et de l'université de Franche-Comté, sur un contrat de la Délégation générale à l'armement.
D'après " Le " nanodrone " Libellule sera le troisième œil du fantassin ", Armees.com, lu le 21 juin 2005 à www.armees.com
Photo à
www.scienceetviejunior.fr/svj.php?rubriqueSvj=index-gratuit-article&id_article=868
NDLR : l'OPIE étudiera avec bienveillance toute offre de subsides importants pour organiser des formations au maniement du filet à papillons, destinées aux personnels des armées, milices, forces diverses qui auront à affronter les nanodrones et devront les capturer.

Tape-à-l'œil

Un Lépidoptère Satyridé africain, Bicyclus anynana, étudié par une équipe de l'université de Buffalo (États-Unis), révèle comment les ocelles voyants de ses ailes déterminent son acceptation par la femelle. Pour ce faire, des mâles avec des ocelles variés ont été créés, par croisements et par retouche directe de ces ornements - à la peinture. Les ornements de la face ventrale de la membrane alaire n'ont pas d'effet. La taille des ocelles dorsaux ne joue pas ; les ocelles à petite pupille se révèlent plus sexy. La suppression, en le noircissant, du centre blanc ôte au mâle ainsi maquillé une bonne part de son charme. Un papillon avec ces pupilles enduites de rutine - qui supprime toute réflexion dans l'ultra-violet - paraît repoussant.
Durant les préliminaires, le mâle bat vivement des ailes, ce qui provoque sans doute un effet stroboscopique qui tape efficacement dans l'œil de la belle, en plus de faire circuler la phéromone femelle de rapprochement des sexes vers ses antennes.
Dans cette espèce (hors de laquelle ce résultat ne peut pas être généralisé), la femelle aussi porte des ocelles. Quel est leur rôle ? C'est le prochain sujet de recherches.
D'après " Female Butterflies Go for Sparkle, Not Size ", par BJS, communiqué de l'université de Buffalo, lu le 30 juin 2006 à www.scienceblog.com
Photos de B. anynana, 2 formes obtenues à différentes températures, à www.natuurinformatie.nl//sites/nnm.dossiers/contents/i001407/org-2b_tropisch-zandoogjex.jpg

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21 juin 2005

Du simple au double

L'usage de plantes génétiquement modifiées pour résister à des insectes ravageurs se répand dans le monde. Près de 22,5 millions d'hectares en étaient complantés en 2004, le maïs et le coton étant les seules cultures " OGM " pratiquées commercialement. Ces cultivars produisent des toxines d'une bactérie du sol, Bacillus thuringiensis et, à la différence des traitements faits avec des préparations de Bt, les ravageurs sont exposés au facteur létal constamment - ce qui favorise l'apparition de populations résistantes.
Pour éviter cette évolution, les cultivateurs ménagent des zones refuges, de variétés non OGM,  de façon à entretenirdes ravageurs non soumis à la séléction par le toxique et susceptibles, en se croisant avec leurs voisins de la parcelle OGM, de réduire la fréquence des gènes de résistance.
Autre stratégie : l'emploi de cultivars exprimant en même temps 2 toxines différentes, créés par " pyramidation " des gènes. Ces OGM " doubles " se répandent mais cohabitent avec les OGM " simples " mis au point il y a quelques années.
Ceci est un danger, vient de montrer une équipe de l'université Cornell (New-York, États-Unis) dans une publication des PNAS datée du 6 juin 2005. Les entomologistes ont travaillé sous serre, sur des brocolis de 3 sortes, deux munis d'un seul gène de Bt et un avec les deux " pyramidés ". Leur insecte : la Teigne des crucifères, Plutella xyslostella (Lép. Hyponomeutidé), dont ils avaient préparé deux souches, résistante chacune à un des Bt. Au bout de 2 ans - et 26 générations de l'insecte - il s'est avéré que dans les serres où poussent côte à côte brocoli simple et brocoli double, ces derniers subissent des dégâts importants : la Teigne y est devenue résistante. En revanche, exposés aux mêmes effectifs de chenilles, les brocolis doubles et seuls résistent très bien : les chenilles sont bien mortes.
Ce travail , indiquent ses auteurs, montre l'avantage qu'il y a à développer les cultivars " pyramidés ", rapidement. Ceci devrait intéresser les pays en voie de développement comme la Chine où un champ moyen ne dépasse pas le demi hectare et où il n'y a guère de place pour installer les indispensables (pourtant) refuges.
D'après " Insect develop resistance to engineered crops ", communiqué de press de l'université Cornell, publié le 17 juin 2005, lu à www.eurekalert.org
Fiche HYPPZ de la Teigne des crucifères à www.inra.fr/HYPPZ/RAVAGEUR/3pluxyl.htm

Épicerie bio

Dans les magasins états-uniens, sur les denrées entreposées (sacs de grains, paquets de céréales en flocons, croquettes pour animaux de compagnie…) sévit surtout la Pyrale des fruits secs, Plodia interpunctalla (Lép. Pyralidé). Le ravageur, capable de pullulations rapides et qui souille plus qu'il ne cosomme, est combattu chimiquement, au moyen de fumigations ou de nébulisations.
Pour Paul Flinn du service de la recherche agronomique de Manhattan (Kansas), il vaudrait bien mieux se servir d'armes biologiques. Soit un tricho, du même genre que ceux utilisés en grandes cultures, Trichogramma deion (Hym. Trichogrammatidé) qui parasite les œufs, puis un campophage du genre Habrobracon (Hym. Braconidé) agissant en " nettoyeur ". Des lâchers bien organisés permettraient d'avoir en permanence des ennemis de la Pyrale en patrouille dans l'entrepôt, qui interviendraient très tôt, avant que les produits ne soient gâchés. Ces auxiliaires ne sont toutefois pas efficaces contre les ravageurs des denrées déjà parvenus dans les emballages.
D'après " Micro wasp smay patrol grocery aisles ", Science Blog, lu le 18 juin 2005 à www.scienceblog.com
Fiche de la Teigne des fruits secs
NB : désignation scientifique la plus courante : P. interpunctella


16 juin 2005

À  lire sur Internet

Les abeilles ont du flair
Désormais, il faudra sérieusement penser à ce que ressent une abeille… qui vous tire la langue. Sourire énigmatique aux lèvres, Martin Giurfa, un Argentin d'une quarantaine d'années, directeur du Centre de recherches sur la cognition animale, ne plaisante pourtant pas… Son équipe vient de démontrer la corrélation directe entre activité cérébrale et sensation olfactive chez les abeilles, grâce au travail « héroïque » des thésards… et au « training » particulier de plus de 2 000 insectes.
Communiqué CNRS du 15 juin 2005, Futura Sciences, en ligne à www.futura-sciences.com/news-abeilles-ont-flair_6467.php

Chikungunya

Le dos cassé et la tige dans le sable.
Depuis janvier de cette année, l'Île de la Réunion est en proie à une épidémie de chikungunya *. L'agent de la maladie, un Alphavirus de la famille des Togaviridés, est transmis par les moustiques du genre Aedes (A. albopictus, A. aegypti, A. polynesiensis, A. furcifer taylori), Diptères Culicidés. Dans un premier temps identifiée comme étant une épidémie de dengue (dont le mode de transmission et les symptômes sont similaires), la maladie progresse à une vitesse alarmante. Alors qu'il était fait état d'une quarantaine de cas suspects début mai, ils étaient 810 début juin, dont 109 confirmés par analyse sanguine. Certaines sources parlent à la mi-juin de 1 700 cas, toujours en progression rapide. L'économie de l'Île s'en trouve bouleversée. Les symptômes de la maladie sont en effet assez handicapants : une fièvre soudaine accompagnée de fortes céphalées, des douleurs dorsales (c'est le mal qui casse le dos ; en Souhaéli, chikungunya signifie "marcher courbé") et articulaires intenses (touchant surtout les petites articulations et l'ensemble des membres). Le tout complété d'éruptions cutanées, parfois localisées (tronc, membres, visage), parfois généralisées. La maladie dure généralement 4 à 7 jours avant de disparaître, mais la convalescence est de plusieurs semaines et des douleurs peuvent persister de trois mois à plusieurs années. Il n'y a pas d'agent antiviral efficace connu contre le chikungunya à ce jour, le seul traitement possible étant la prescription d'anti-douleur.
Pour faire régresser ce fléau, il reste la prévention qui passe par la lutte contre les vecteurs. En 2004, lors d'une épidémie de dengue, les agents de lutte anti-vectorielle avaient pu établir qu'une des principales zones à risque étaient… les cimetières. Les moustiques y trouvent abondance de lieux de ponte : les tombes sont en effet très fleuries à La Réunion et les nombreux vases et récipients utilisés sont autant de gîtes larvaires possibles, à côté des flaques permanentes entretenues par des arrosages fréquents. Les lieux de repos éternel sont donc dans le collimateur de la direction régionale de l'action sanitaire et sociale (DRASS) qui a disposé des affiches dans trois des grands cimetières de l'Île pour inciter les familles à utiliser du sable mouillé plutôt que de l'eau pour maintenir les fleurs fraîches. Un animateur est même intervenu pour sensibiliser et faire venir le public à cette pratique encore inhabituelle mais qui pourrait peser dans la lutte contre la dengue et le chikungunya.
B.D.
D'après diverses sources, dont la presse locale, en particulier www.clicanoo.com et la fiche du CNRS sur le chikungunya à www.cnrs.fr/SDV/Dept/chikungunya.pdf
*Maladie qui touche surtout l'Afrique. Le virus a été identifiée pour la première fois en Tanzanie et en Ouganda en 1953. Il touche les hommes mais également les singes (qui seraient le réservoir principal) et d'autres espèces de mammifères et d'oiseaux.

Le retour du Grand Bleu

" Large blue " désigne en anglais Maculinea arion (Lép. Lycénidé), espèce disparue depuis plusieurs décennies de la faune des Îles britanniques. En France, l'espèce est protégée et on l'appelle l'Azuré du serpolet. Ses chenilles, d'abord phytophages, finissent leur vie larvaire en parasites de fourmilières, au détriment de Myrmica sabuleti (Hym. Myrmicidé), qui les protège, prend soin d'elles et les laissent se gaver de leur couvain.
Les populations du Large blue ont été anéanties par l'impact de nouvelles pratiques agricoles (intensification, herbicides, abandons de pâturages…) sur la fourmi. Tout récemment, l'espèce a été réintroduite sur 10 sites du Royaume-Uni, dont neuf restent secrets. Dans la réserve du National Trust de Collard Hill (Sommerset), les visiteurs sont invités à observer les revenants à la fin de ce mois.
D'après " Insect trickster makes a comback ",par Steven Morris, Guardian, lu le 15 juin 2005 à www.guardian.co.uk
Fiche et photo à mrw.wallonie.be/dgrne/sibw/especes/ecologie/papillons/Maculinea_arion05.html

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13 juin 2005

À  lire sur Internet

Palu : des champignons pour tuer les moustiques, par Cécile Dumas, Sciences et Avenir, en ligne à sciences.nouvelobs.com/sci_20050609.OBS9563.html

Le prix à payer pour une mémoire à long terme
Les drosophiles auraient trois types de mémoire: une mémoire à court terme qui dure environ 24 heures, la mémoire résistant à l'anesthésie qui persiste 4 jours, et la mémoire à long terme qui peut être conservée une semaine. En lignne à www.sur-la-toile.com/mod_News_article_648___.html

Agression automatique

Une équipe de l'institut de technologie de Tokyo, dirigée par Mamiko Ozaki, vient de découvrir un mode de communication chimique particulier chez les insectes.
Les fourmis possèdent un visa particulier à chaque colonie, reconnu par contact. Les hydrocarbures cuticulaires de Camponotus japonicus (Hym. Formicidé), appliqués sur des perles de verre (servant de mannequins), déclenchent des comportements agressifs de la part d'individus étrangers (d'une autre colonie) : morsures, sauts et projections d'acide formique. Les individus de la même colonie restent impassibles.
La reconnaissance met en jeu des sensilles trapues (à multiples pores) portées par l'antenne et qui, sans doute, doivent venir au contact de la cuticule de l'individu en examen, les hydrocarbures cuticulaires n'étant pas volatils. Ces sensilles ne réagissent pas au visa des congénères ; elles ne sont excitées que par un visa étranger. Le mécanisme reste à découvrir.
D'après " Ants rely on Chemicals to ID Ennemies ", par Michael Schriber, lu le 11 juin 2005 à www.livescience.com
Paru sur Science Magazine, le 9 juin2005.

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9 juin 2005

À  lire sur Internet

La cantharidine une arme aphrodisiaque, par Viviane Thivent, La Recherche, juin 2005.
Quel est le secret de la cantharidine, cette molécule capable dans le même temps de repousser certains coléoptères et d'en attirer d'autres ? Il aura fallu chercher pas moins de soixante-dix ans, entre prédation et reproduction, pour percer un mystère tenace.
En ligne à www.larecherche.fr/data/386/038604801.html

Lutte sucrée (bis)

Une nouvelle famille d'insecticides apparaît sur le marché qui combine efficacité vis-à-vis des ravageurs, innocuité pour les ennemis de ceux-ci et absence de résidus. Son représentant : le "sucrose octonoate" (esters d'octanoate de saccharose). Substance de synthèse, il est analogue à un sucroester présent dans les trichomes de Nicotiana gossei (un tabac sauvage), qu'il protège des insectes phytophages. Il est proche d'édulcorants utilisés en alimentation humaine. On sait désormais le produire industriellement de façon économique et sûre.
Cet insecticide agit par contact (au travers de la cuticule) avec un effet marqué de knock-down (= KO, effet d'assommoir). Il est toxique pour de nombreux insectes à corps mou, comme les pucerons, les aleurodes, les psylles. Il inhibe la prise de nourriture et la ponte d'acariens, d'aleurodes et de mineuses. Son mode d'action est mal connu, il agit probablement en provoquant la dessiccation de l'insecte atteint.
Et vis-à-vis des auxiliaires et ennemis naturels ? Bien dosé et appliqué avec soin, il tue les varroas (acariens) sans affecter les abeilles de la ruche. Par exemple, les prédateurs (coccinelles, syrphes…) et les parasitoïdes (Hyménoptères chalcidiens) du Puceron brun des citrus, Toxoptera citricida (Hém. Aphididé) ne sont pas affectés par les doses efficaces contre le ravageur.
Cet insecticide nouveau devrait devenir une arme majeure dans les programmes de lutte intégrée, utilisé en alternance avec les produits " classiques " de façon à éviter (retarder…) l'apparition de résistances. Pour l'heure, aux États-Unis, on attend son homologation et on lui voit un usage important en horticulture, notamment contre les pucerons des gardenias et contre les Diptères Sciaridés (il agit alors contre les champignons dont les larves se nourrissent)
D'après , notamment, " Death by Dessication : Sugar esters dry out insect pests of flowers and ornamentals ", par Rosalie Marion Bliss, Agricultural Research Service Magazine, juin 2005, lu le 8 mai 2005 à www.ars.usda.gov

La peur donne des ailes

Il est bien connu que les pucerons (Hémiptères Aphidoidea) dérangés par un prédateur émettent une phéromone d'alarme (diffusée au niveau de l'extrémité des cornicules) qui provoque, chez les congénères proches, des réactions particulières : les individus retirent leurs stylets du végétal-hôte, s'agitent ou partent en marchant ou se laissent tomber.
Des aphidologues de l'institut Max Planck à Iéna (Allemagne) viennent de montrer, chez le Puceron du pois (Acyrtosiphon pisum), que la phéromone, le trans-bêta-farnésène (formule brute : C15H24 avec 4 doubles liaisons ; nom chimique : 1,6,10-dodécatriène, 7,11-diméthyl - 3 méthylène), provoque la production de descendants ailés dans la colonie.
Pas mal de plantes sécrètent du trans-bêta-farnésène. Évitent-elles ainsi l'installation de grosses colonies d'aptères ? En fait, les pucerons répondent à la fréquence d'émission de la phéromone et pas à la quantité produite. Pour disperser les pucerons et réduire les dégâts de ces ravageurs redoutables, il faut envisager des pulvérisateurs d'analogue de phéromone à impulsions.
D'après " Alarm Pheromone Causes Aphid to Sprout Wings ", d'après un communiqué de Blackwell Publishing Ltd., lu le 8 juin 2005 à www.sciencedaily.com

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2 juin 2005

Préappâtage

Juan Antonio Garcia Oviedo, biologiste-entomologiste de l'Institut polytechnique national (IPN) à Mexico (Mexique) s'est fixé comme but, depuis 15 ans, de trouver des les sources alternatives d'apport de protéines animales et d'acides aminés et de proposer à un prix modique des produits à riche valeur nutritive dans un pays où la malnutrition touche aujourd'hui 40 millions de personnes.
Expériences dans les écoles des zones rurales à l'appui, il préconise de cuisiner la tortilla (galette de maïs) aux œufs de fourmi, aux vers de terre ou aux vers blancs (Col. Scarabéidés) et de fabriquer des barres chocolatées aux grillons. Par exemple, la teneur en acides aminés d'une saucisse de grillons est deux fois supérieure à celle d'une saucisse normale, d'après ses mesures , et l'apport en protéines est trois fois supérieur. Au Mexique, la consommation des insectes, courante, avait été interdite par les conquérants Espagnols. Elle ne pourrait reprendre ouvertement que si les autorités sanitaires mettaient en place de système de certification pour les aliments à base d'insectes.
Dans les zones rurales particulièrement pauvres, la plupart des enfants sont beaucoup plus ouverts que les adultes à la nouvelle expérience et acceptent les haricots rouges aux charançons, des barres fourrées aux charançons et sauterelles au lieu des noisettes et des amandes, ainsi que les Annélides et Arthropodes enrobés de chocolat mais, précise notre entomologiste nutritionniste, " une fois qu'il seront habitués, on enlèvera le masque du chocolat".
D'après " Les insectes, remèdes contre la malnutrition au Mexique ", Télévision suisse romande, lu le 10 mai 2005 à http://www.tsr.ch

PS : On trouvera à www.edible.com/htmlsite/prod_list.asp?catID=1 un catalogue en ligne de sucettes aux fourmis et à bien d'autres arthropodes. C'est anglais...

Lutte gastronomique

Il existe de nombreux modes de lutte (chimique, biologique, physique…) contre les ravageurs horticoles et agricoles, pas toujours applicables dans les zones défavorisées du Tiers-monde. Les autorités thaïlandaises préconisent une nouvelle approche, en accord avec les coutumes locales et qui mobilise les villageois. Ainsi le chef du district Dan Makhamtei de la province de Kanchanabur, M. Pipat Kankharirk, constatant qu'en dépit des traitements insecticides, une larve de Coléoptère Scarabéidé avait mangé par la racine 60% de la récolte espérée et que les paysans se laissaient aller à employer des produits dangereux, leur a-t-il enjoint, pour rompre le cycle du ravageur, de faire frire et de manger ces vers blancs.
D'après une dépêche AFP, du 5 mai 2005, lu sur ABC à www.abc.net.au/

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30 mai 2005

Dectique frénétique

L'Analote des Alpes, Anonconotus alpinus (Orth. Tettigoniidé), est une sauterelle boréo-alpine de 2 cm de long, aux ailes très réduites, aux pattes courtes rougeâtres et au corps dodu vert à noir luisant.
Le mâle - contrairement aux espèces voisines - ne stridule pas : il saute sur tout ce qui bouge - et est capable de recoïter au bout de18 secondes.
Les entomologistes de Derby (Royaume-Uni) et de Genève (Suisse) qui ont enregistré cet étonnant comportement cherchent à comprendre comment cette decticelle peut se reproduire efficacement sans que le mâle, faute de signaux sonores précopulatoires de reconnaissance intraspécifique, ne s'épuise en des accouplements contre nature avec n'importe qui.
D'après " Alpine cricke tis 'rough lover', BBC News, lu le 27 mai 2005 à news.bbc.co.uk
Photos de la bête à mapage.noos.fr/goupile/anonconotus%20alpinus.htm

Cadavres rédhibitoires

Les fourmis sont très délicates et à cheval sur l'hygiène. Expérimentant avec Temnothorax (Leptothorax) albipennis (Hym. Myrmiciné), Nigel Franks et son équipe, de l'université de Bristol (Royaume-Uni), ont montré que la présence de cadavres - qu'ils proviennent de la même colonie ou d'une autre espèce - empêche l'installation dans une nouvelle cavité. La présence de grains de corindon (alumine cristallisée), ménageant un état de saleté du lieu, ne dissuade pas les fourmis de s'installer.
Ces fourmis " déménagent " souvent, sans doute pour échapper aux conséquences désastreuses d'une maladie et une avant-garde explore les environs en quête d'un lieu adéquat : à la bonne hauteur, avec l'entrée bien protégée, d'une humidité convenable, etc.
Les fourmis se méfient donc des endroits où l'on meurt…
D'après " Ameisen ziehne nur in saubere Wohnungen ", RP Online, lu le 25 mai 2005 à www.rp-online.de/

Foreur de luxe

New-York, Central Park. Des pompiers forestiers, venus de l'Ouest, sont hélitreuillés au-dessus de la canopée des arbres. Il n'y a ni fumée ni feu, mais un péril grandissime : l'ALB a été vu en ce lieu et le tiers des 28 000 sujets risque d'en crever. Au sol, des techniciens en équipement spécial injectent un produit dans le sol, au pied des marronniers et des ormes, en quantités définies d'après le diamètre de leur tronc…
ALB : Asian Longhorned Beetle, autrement dit Anaplophora glabripennis (Col. Cérambycidé), le Longicorne asiatique. Immigrant récent, en provenance de Chine et/ou de Corée (où il est un ravageur important), cet insecte foreur du bois menace les forêts américaines.
Cet insecte assez joli, noir à points blancs, attaque des arbres sains (il est dit primaire) et les fait dépérir. On ne sait pas le piéger, car il semble dépourvu de phéromone de rapprochement des sexes agissant à longue distance. On détecte sa présence par les orifices de sortie des adultes, d'un centimètre de diamètre et circulaires. Les branches hautes sont les premières colonisées, d'où le recours aux soldats du feu acrobates. Mais quand ceux-ci notent un " trou de balle ", l'arbre est déjà condamné.
Les traitements systémiques (l'insecticide - imidaclopride - est véhiculé par la sève) doivent être faits le plus tôt possible, en fait sur des arbres en bonne santé et à titre préventif. Ceci pour tenter d'éviter d'appliquer un moyen de lutte plus radical, l'abattage.
Les procédés en œuvre à Centra Park et sur quelques autres sites urbains particulièrement en vue ne sont pas applicables aux peuplements forestiers, pour lesquels on reste bien démuni face à une espèce invasive très dynamique.
D'après " Among America's 'most wanted' : hungry beetle ", par Mark Clayton, Christian Science Monitor, lu le 24 mai 2005 à www.csmonitor.com
À relire l'Épingle Pendant ce temps là, à New York
Un grand site québécois sur le Longicorne asiatique à longicorne.tripod.com/alb.htm#h

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19 mai 2005

L'Europe exporte

Une bonne partie des ravageurs forestiers nord-américains est allochtone, en provenance d'Europe. Les climats sont semblables ; outre-Atlantique, les ressources sont immenses et les ennemis sans danger, les américains ne s'adaptant pas pour la plupart, les européens n'ayant pas suivi. D'où des pullulations dévastatrices, qu'on tente de limiter par la lutte biologique classique, l'acclimatation d'un prédateur ou d'un parasitoïde européen.
Dernière tentative d'envahissement des forêts nord-américaines : celle d'un banal et discret sirèce de chez nous, Sirex noctilio (Hym. Sirididé). La larve, fausse-chenille, creuse dans le bois de conifères ; l'imago, qui ressemble vaguement à une guêpe, possède, chez la femelle, un long ovipositeur, capable de percer l'écorce. Ses proches, le Bouvillon, Sirex juvencus, et le Grand Sirex, Urocerus gigas, sont plus connus - l'adulte sort du bois ouvré - mais c'est cette espèce qui conquiert le monde. Notre S. noctilio (d'Europe, d'Afrique du Nord et d'Asie) ravage en effet, notamment, les plantations du Sud de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande (où on lui oppose un nématode Beddingia siricidicola), de l'Amérique du Sud. Le pin de Monterrey, Pinus radiata, est particulièrement affecté, les dégâts économiques sont énormes.
C'est pourquoi la découverte d'un spécimen - une femelle prise dans un piège à scolytes - dans l'État de New-York (États-Unis) rend très inquiets les entomologistes forestiers, qui pensent que c'est là le signe qu'une population est déjà installée. À 7 reprises, des mâles avaient été interceptés dans l'Ouest du pays, arrivés dans les emballages en bois de chargements de marbre d'Italie.
D'après "New Alien Bug Could Threaten U.S. Pine Trees", par LiveScience, lu le 13 mai 2005 à http://www.livescience.com/
Fiche Sirex noctilio par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Direction générale des sciences, à www.inspection.gc.ca/francais/sci/surv/data/sirnocf.shtml
Le Grand Sirex, alias Guêpe perce-bois : dessin dans la Galerie à illustr/galc0009.htm

Spatioptères

Le spationaute européen Roberto Vittori a effectué un " vol-taxi " vers l'ISS avec 14 compagnes. De l'espèce Grillon des maisons, Acheta domesticus (Orth. Gryllidé). L'expérience Crisp 2 (CRickets In SPace 2) est menée pour comprendre les effets de la pesanteur sur la prolifération des neurones. Dans les conditions d'une station spatiale, en microgravité, les connexions entre le cerveau de la larve de l'insecte et les capteurs de pesanteur vont-elles s'établir ? Quel sera le comportement du grillon lorsqu'il retrouvera une pesanteur normale après la mission ?
Pour réaliser cette expérience sans installer tout un élevage dans Soyouz, les 14 femelles ont été inséminées avant leur envol. Deux groupes ont été formés, avec des dates décalées. Ce n'est qu'en orbite que l'accès au pondoir (de la terre) leur a été ménagé, de façon à ce que la fertilisation se fasse en apesanteur. Le développement du système nerveux des embryons du premier lot a eu lieu dans l'espace, celui du lot plus tardif se sera achevé sur Terre. Au retour de la mission, les femelles et leur descendance ont été acheminées à l'université dUlm pour y subir des tests de comportement et des observations anatomo-cytologiques.
D'après " CRISP 2 : des grillons dans l'ISS pour comprendre les effets de la pesanteur ", sur le site du CNES, lu le 16 mai 2005  à www.cnes.fr (où on peut découvrir un phénomène spatial spécial : là-haut, les femelles de grillon stridulent...) et " Crickets In Space 2 " mis en ligne le 31 mars 2005 par l'Agence spatiale européenne à www.spaceflight.esa.int/users/file.cfm?filename=iss01-sme5e - où l'on voit deux photos des cages embarquées.

Bombe insecticide

L'explosion a eu lieu au domicile de M. Walter Müller, dans le Land de Schleswig-Holstein (Allemagne). Elle a dévasté son appartement, brisé toutes les vitres, endommagé des maisons voisines, bloqué la rue durant plusieurs heures. Ses blessures sont, de façon tout à fait surprenante, vu les dégâts, légères et personne d'autre n'a été atteint dans sa chair, fort heureusement. La faute aux mouches. Dont W.M. a voulu faire cesser chimiquement l'importun bourdonnement avant de se mettre à son ordinateur, ce en vidant plusieurs bombes insecticides dans son bureau calfeutré. Une fois les Diptères neutralisés, une étincelle serait partie de l'ordinateur…
D'après " Man blows flat up with insect spray", lu à www.ananova.com le 18 mai 2005.
NDLR :l'auteur de ces lignes, entomologiste professionnel diplômé et conscient, dispose à proximité de son clavier un engin (photo ci-contre) qui, sauf par très grand froid, ne dissuade , hélas, aucune mouche de l'asticoter.

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14 mai 2005

Les chenilles ravageuses (suite)

Dans l'Hérault et notamment à Montpellier, les jardiniers, promeneurs et usagers d'espaces verts sont étonnés et agacés par la présence d'une myriade de petites chenilles noires qui atterrissent sur leurs arbustes, leurs vêtementset leur chevelure... Il s'agit de jeunes Bombyx disparates, Lymantria dispar (Lép. Lymantriidé), qui se dispersent au gré du vent et des courants d'air. La chenille de premier stade est remarquable par ses longs poils vésiculés (pas du tout urticants) qui lui assurent une portance suffisante pour voguer de support en support et, de plus, sécrète un long fil de soie qui joue également le rôle d'aérophore. Chez cette espèce, dans nos régions, les femelles ne volent pas et c'est là le mode de dispersion naturelle de ce papillon. Les jardins seront-ils ravagés ? Il n'y a pas grand risque. Le Bombyx disparate est très polyphage mais, sur beaucoup de plantes, les jeunes chenilles décapent les feuilles puis cessent de se développer. Les Prunus, notamment, peuvent subir une défoliation importante. Et les Quercus, bien sûr, hôte le plus favorable à l'espèce. Une invasion de grosses chenilles, en provenance de chênes voisins, serait plus grave ; avant de crever d'une nourriture indigeste, ces animaux montrent une très grande voracité - leur nom scientifique, Lymantria, le rappelle - et peuvent attaquer toutes sortes de légumes, fleurs et arbres.
Dans l'Yonne, autour de Sens, les arbres des vergers (et de la forêt) sont attaqués et leurs jeunes feuilles sont dévorées par des chenilles arpenteuses. Il s'agit là de la Phalène défeuillante, Erannis defoliaria (Lép. Géométridé), Elle s'appelle aussi Hibernie, en raison de son cycle particulier : le papillon (mâle) vole à l'automne après les premières gelées, tandis que sa femelle aptère court sur les troncs d'arbre.
En cas de besoin, un traitement de choc sera appliqué avec un insecticide pyréthrinoïde.
D'après, entre autres, " Montpellier envahi par les chenilles ",par Matthieu Durand , sur LCI, lu le 14 mai 2005 à www.lci.fr/news/sciences/ et " Les chenilles attaquent ", par Christian Dautin, L'Yonne républicaine du 14 mai 2005.
Tout sur le Bombyx disparate : www.inra.fr/dpenv/ld.htm

PS : Ces chenilles sont différentes de la Ravageuse de la rave, épinglée ici il y a peu.
Dessin : L1 de Lymantria dispar, par Claire Villemant ; photo d'E. defoliaria, cliché R. Coutin/OPIE.

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7 mai 2005

À  écouter sur Internet

Les animaux sont-ils sensibles au réchauffement climatique ? France Culture, Science Frictions, émission du 7 mai 2005, par par Michel Alberganti et Pierre Le Hir, réalisation Anne Ducoureau, avec Frédéric Archaux et Pierre Zagatti.
Le Monarque africain, petit papillon aux ailes orange et noires, a fait son apparition dans le sud de la France. Le Rynchophore roux, gros charançon d'origine tropicale, a pris ses quartiers dans le bassin méditerranéen. Le Buprestre du thuya, magnifique coléoptère, s'est installé dans la région parisienne. Le Sphinx du caille-laix, papillon de nuit girs orangé, a poussé jusqu'à la Grande-Bretagne.
On pourrait multiplier les exemples d'insectes observés, depuis quelques années, sous des latitudes où ils étaient naguère inconnus. La même constatation vaut pour certaines colonies d'oiseaux, mais aussi pour certains mammifères. C'est ainsi qu'aux États-Unis, le Renard roux migre vers le nord, menaçant le Renard arctique.
Faut-il voir dans ces déplacements la marque du réchauffement climatique? Les scientifiques le pensent. Toutefois, le climat n'est sans doute pas seul en jeu. D'autres facteurs, comme la globalisation des échanges, favorisent aussi la migration de certains animaux.
Réécoutable une semaine à www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/science_frictions/index.php?emission_id=30060141

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4 mai 2005

À lire dans la presse :

Des drosophiles mutantes dorment jusqu'à 30 % de moins. La recherche sur le sommeil fait mouche, par Aline Brachet, Libération du 3 mai 2005.

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30 avril 2005

Cul-brun teufeur

Au Teknival, qui se tient à Marigny-le-Grand (Marne), on dénombre ce jour 35 000 ravers, un millier de keufs, des secouristes en nombre peut-être insuffisant, 180 victimes d'urticaire et des chenilles en effectif surabondant, des milliards selon notre source. Ces dernières appartiennent à l'espèce Bombyx cul-brun, Euproctis chrysorrhoea (Lépidoptère Lymantriidé). Après avoir passé l'hiver dans un nid, elles se repaissent de feuilles de divers arbres forestiers, de haies et fruitiers, qu'elles peuvent défeuiller entièrement. La nymphose aura lieu en juin et les adultes s'accoupleront, pondront durant l'été. Le ravageur a une seule génération par an.
Les chenilles possèdent des poils urticants très courts (invisibles sous la pilosité) implantés sur des " miroirs ", cause de démangeaisons, voire d'accidents allergiques chez les (rares) sujets très sensibles ou qui ont dopé leurs réactions avec certaines substances que d'aucuns disent être consommées par certains dans les raves.
La télé s'est précipitée sur place et en fait un sujet long, au journal du soir. Alors, quand des chenilles de Processionnaire du chêne ou de P. du pin, respectivement Thaumetopoea processionea et T. pytiocampa (Lép. Anciennement Thaumetopoeidés, désormais Notodontidés) s'inviteront à une grande fête en nature, aura-t-on droit à un déploiement médiatique papal ? Car ces deux espèces sont réellement et dangereusement urticantes.
Les larves de Cul-brun, c'était visible sur l'écran, ne tressautaient pas en rythme sans brouter ni ne cherchaient à fuir la pollution sonore et, pour en venir à bout, il convient de leur appliquer du Bt (Bacillus thuringiensis), à effet peu spectaculaire, ou de la deltamethrine à 2,5 g/l, plus rapide dans ses effets érucicides. Personne n'a pensé, parmi les présents dénombrés ci-dessus, à se munir de Calosomes sycophantes.
D'après France 3 et " Teknival : les autorités demandent aux ravers de ne pas venir sur le site envahi par les chenilles urticantes ", Le Nouvel Observateur, lu le 30 avril 2005 à permanent.nouvelobs.com
Trois bonnes pages sur le Cul-brun à perso.wanadoo.fr/insectes.net/culbrun/culbrun1.htm, par André Lequet.

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29 avril 2005

À lire dans la presse :

Le riz transgénique fait des merveilles en Chine. Par Cyrille Vanlerberghe. Le Figaro du 29 avril 2005.
NDLR : les deux variétés objet de l'étude états-unienne produisent la toxine de Bacillus thuringiensis et tolèrent les attaques de la Pyrale du riz, Scirpophaga incertulas (Lép. Pyralidé).

Cochons pièges

L'entomologie légale (ou "forensique") tient sont congrès mondial cette semaine à Lausanne (Suisse). Son objectif est de déterminer la date et les circonstances de de la mort d'un individu en examinant les insectes (ou leurs traces) présents sur son cadavre. Des escouades de nécrophages se succèdent à partir de la mort, dans un ordre dicté par lespréférences de chaque espèce (Diptères, Coléoptères) mais selon une chronologie qui varie beaucoup avec les conditions météorologiques. Cette science se nourrit des expériences accumulées sur des "cas" et des expériences faites sur des cadavres ad hoc. Ainsi  Claude Wyss et Daniel Cherix, experts suisses, ont-ils réalisé des expérimentations sur des cochons depuis 1993.
D'après "Ces mouches qui mouchardent", par Olivier Dessibourg, Le Temps, du mardi 26 avril 2005.

À suivre, l'expérience Pig 2005-1, quasi en direct, à www.entomologieforensique.ch/page23.htm, sur le site Entomologie forensique en Suisse, de Claude Wyss et Sylvain Chaubert (à parcourir en entier !).

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24 avril 2004

À lire dans la presse :

Régime sans sucre pour les fourmis de l’acacia. Par Cécile Dumas, Science et Avenir, le 22 avril 2005.

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21 avril 2005

À lire dans la presse :

Le piège infernal de la fourmi, par Isabelle do O’Gomes. Nouvelobs.com du 20 avril 2005.
"Pour capturer des proies qui font plus de dix fois leur taille, les fourmis arboricoles Allomerus de Guyane ont élaboré un piège ingénieux et surprenant. Elles construisent une galerie percée de trous le long de la tige d’une plante. (...)"

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16 avril 2005

À lire dans la presse :

Le changement climatique, possible pourvoyeur de maladies, via les insectes piqueurs. Par Hervé Morin, Le Monde du 16 avril 2005.

Entomologistes célèbres

Quentin Wheeler et Kelly Miller, anciens de l'université Cornell (New-York, États-Unis) et entomologistes, sont célèbres depuis que, dans le numéro de mars 2005 du Bulletin of the American Museum of Natural History, ils ont signé une publication scientifique.décrivant 3 nouvelles espèces de Coléoptères Silphidés du genre Agathidium, soit A. bushi, A. cheneyi et A. rumsfeldi.
D'après une dépêche AFP du 14 avril 2005.

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11 avril 2005

Télécommande

Un IGM saute et prend son envol quand son pilote, qui n'est pas à bord, appuie sur le bouton.
L'insecte génétiquement modifié est, encore elle, Drosophila melanogaster (Diptère Drosophilidé). Le but de la manip, mise au point par Gero Miesenbock et Susana Lima (Yale University School of  Medicine - États-Unis) : actionner des neurones à distance, sans recourir à des électrodes implantées.
Le système comporte trois éléments : un verrou, constitué par un canal ionique (protéine qui permet le passage à une molécule chargée électriquement de franchir la paroi cellulaire) modifié par ingénierie génétique ; une clé, molécule d'adénosine tri-phosphate (ATP) qui excite le neurone en y pénétrant ; un déclencheur, une molécule-cage qui libère l'ATP quand elle est illuminée par la lumière ultra-violette d'un laser.
Les neurones choisis forment un système de fibres géantes et gouvernent un comportement évident : la fuite de la mouche, saut et envol.
Les drosos préparées (laborieusement : il a fallu leur injecter l'ATP in situ, qui ne parvient pas aux ganglions même si on les en gave), disposées sous une cloche, bondissent au commandement du laser, dans 60 à 80% des cas. Les mêmes résultats pour des drosos aveugles.
Cette expérience dote les neurosciences d'un nouvel outil, très élégant. Encore une fois, merci la droso !
D'après, notamment, " Latest Buzz : Fly Brains Manipulated by Remote Control ", par Michael Scriber, LiveScience, lu le 8 avril 2005 à www.livescience.com

Au bonheur des Belles Dames

Autour de Trona, non loin de la Vallée de la mort et dans la vallée de San Fernando, en Californie (Etats-Unis), des milliards de papillons s'accumulent, à la recherche de sites de ponte. L'hiver a été propice pour les chenilles, qui vivent dans le désert. Il s'agit de la Belle Dame, Vanessa cardui (Lép. Nymphalidé), espèce migrante cosmopolite, polyvoltine, polyphage… Une banalité que ce papillon mais cette migration immense est vraisemblablement la plus importante jamais observée.
D'après un communiqué de presse de l'université de Californie à Davis, lu le 8 avril 2005 à www.scienceblog.com

Cliché Philippe Moniotte
NDLR : " Chaque individu lâché porte un vœu de bonheur " est-il dit en substance sur le site Internet d'une boutique de mariage qui propose 50 chrysalides de Belle Dame (avec papillottes spéciales et élastiques) pour 389 €.

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6 avril 2006

À lire sur la Toile :

Bilan énergétique d'une guêpe : tout en nuance
Eupelmus vuilletti (Hym. Eupelmidé, parasitoïde de Coléoptères des denrées) a une durée de vie imaginale de 8 à 15 jours en fonction des décisions qu'elle prend. Les chercheurs de l'Institut de recherches sur la biologie de l'insecte (à Tours) l'ont observée quasiment en continu sur un hôte artificiel et établi son bilan énergétique : l'insecte a en fait une stratégie fine de gestion de ses éléments nutritifs, catégorie par catégorie, dont dépendra toute son histoire de vie.
Communiqué de presse du CNRS

Les liens très exclusifs entre une fourmi et un champignon
Atta et Acromyrmex cultivent le végétal et ce dernier n'accepte que les déjections de la colonie qui prend soin de lui.
Par Freddie-Jeanne Richard, Le Figaro du 4 avril 2004.

Battements d'ailes
Le vol des papillons suivi au radar.
Sciences et avenir, le 6 avril 2004.

Encore un syrphe

Brachyopa silviae, le Brachiope de Sylvie, a été découvert en 2004 par Franz Dziock (et nommé d'après le prénom de Madame) dans un piège posé dans une forêt en réserve naturelle près de Dessau (Allemagne). La larve de ce Diptère Sirphidé nouveau pour la science - comme celles des autres syrphes du genre - vit en microphage dans les écoulement de sève des arbres décidus.
L'entomologiste peut encore découvrir en Europe une espèce nouvelle (et pas un minuscule parasitoïde) et avoir son histoire largement publiée dans la presse (allemande en l'occurrence) tout en ayant un beau geste envers son épouse (qu'en pense le patron du labo ?).
D'après "Neue Fliegenart endeckt", Der Spiegel du 3 avril 2005, lu à www.spiegel.de/wissenschaft/
La clé des Brachypoa est à home.hccnet.nl/mp.van.veen/KEYS/Brachyopa/brop_key.html

NDLR : Les syrphes seront présentés dans le prochain Insectes (n°137)

Le premier spécialiste des termites

C'était un mammifère gros comme un rat, aux dents adaptées à broyer la chitine et à la colonne vertébrale faite pour favoriser le fouissage. Il vivait de termites (et d'autres insectes, déjà très bien différentiés) au Jurassique (il y a quelque 150 millions d'années) là où se trouve actuellement le Colarado (États-Unis). Fruitafossor windscheffelia n'est pasl'ancêtre des tatous et fourmilliers actuels : la spécialisation entomophagique est apparue plusieurs fois au cours de l'évolution.
D'après " Mammal Ate Termites Before Anyone Else Did -Study ", dépêche Reuters du 4 avril 2005 lue à story.news.yahoo.com/news

À mort les drosos !

Si utiles à la science, les drosophiles (Drosophila melanogaster et plusieurs espèces voisines, en fait) nuisent à l'agriculture et à l'arboriculture. La mouche pond dans les fruits éclatés, son asticot s'y développe, le fruit - qui aurait pu devenir jus, poudre ou confiture - est bon à jeter (et ses voisins dans la caisse ou le tas aussi).
Pour réduire ses populations rurales, la lutte autocide apparaît la plus indiquée : il s'agit de lâcher des mâles modifiés (traités aux rayons X) de telle façon que, s'accouplant avec une femelle " sauvage ", cette dernière ne ponde pas. L'Agence internationale de l'énergie atomique et l'Organisation des Nations unies ont encadré dans ce but la réalisation - dans le cadre d'un programme israëlo-jordano-palestinien - d'une usine implantée dans le kibboutz Sde Eliyahou dans la vallée de BeitShe'an (Israël).
D'après " Israël et la Jordanie déclarent la guerre aux drosophiles ", Jerusalem Post, lu le 31 mars 2005 à www.fr.jpost.com

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28 mars 2005

Lutte bio muséale

Comme beaucoup d'objets en bois, le panneau sur lequel Lucas Cranach - dit l'Ancien - a, vers 1520, peint Les fiançailles mystiques de Sainte Catherine, est foré par des cossons, en l'occurrence la Petite Vrillette, Anobium punctatum (Col. Anobiidé). De la vermoulure au pied du retable de l'autel de la cathédrale d'Erfurt (Allemagne), dont fait partie le tableau, a alerté les autorités épiscopales. Lesquelles ont entrepris la lutte non point par fumigation (ou par irradiation) mais à l'aide d'un auxiliaire biologique - déjà employé avec succès pour désinsectiser de précieux livres anciens.
Lariophagus distinguendus, Hym. Ptéromalidé, est disponible dans le commerce, en Allemagne, pour combattre divers Coléoptères des denrées - l'espèce est polyphage. Corps noir à reflets bleutés de 3 (femelle) ou 2 (mâle) mm, appendices brun rouge. Une piqûre d'oviscapte paralyse la larve de l'hôte dans sa galerie ; un œuf est pondu à côté, dont éclora la larve du parasitoïde, qui se développera à ses dépens, jusqu'à la nymphose qui aura lieu dans le matériau. L'imago fraîchement émergé y percera un trou pour en sortir. Le cycle dure moins d'1 mois, à 20°C, au moins.
C'est pourquoi il a fallu envelopper l'autel d'une tente et chauffer tout doucement - pour ne pas endommager le retable - l'atmosphère avant de procéder au lâcher de quelque 3 000 imagos de L. distinguendus. Lesquels ont débarrassé le Cranach de la plupart de ses amateurs internes. Une seconde opération est prévue en été - sans l'encombrant dispositif, il fera assez chaud.
Menée sans les risques liés à la manipulation de produits chimiques, dotée d'une bonne image - bien diffusée par les médias -, cette opération de lutte biologique, jugée plus que satisfaisante, est présentée comme un modèle.
D'après, entre autres, " Cranach und der Segen der Lagererzwespe ", par Lucienne Rey, dans la Neue Zürcher Zeitung du 7 mars 2005, lu sur NZZ Online à www.nzzamsonntag.ch
Cliché de Lariophagus distinguendus à userpage.zedat.fu-berlin.de/~ruther/images/lariofem.jpg

Les petites fourmis fourmilleront

Une étude menée par Michael Kaspari (université de l'Oklahoma, États-Unis) et le Smithsonian Research Institute au Panama (publiée dans les PNAS -  DOI :10.1073/pnas. 0407827102) sur 665 colonies de fourmis réparties de la région équatoriale à la toundra indique que la taille des ouvrières diminue sous climat chaud alors que l'effectif de la colonie augmente. On s'attendait plutôt à vérifier que la température élevée, permettant - dans des biotopes aux ressources alimentaires surabondantes - un affouragement plus actif, favorise des individus plus gros. En fait, plus il fait chaud, plus grande est la part de l'énergie récoltée qui va à l'entretien du métabolisme et, pense M. Kaspari, les petites formes sont plus fertiles. On aurait là la première " loi " permettant de prédire la taille d'un individu en fonction de deux caractéristiques fondamentales de l'écosystème : la température et la productivité.
En entomo-écologie pratique, on en déduit que le réchauffement planétaire se traduira par un accroissement d'invasions de petites fourmis.
D'après " Global warming could trigger ant invasions ", par Shaoni Bhatttachaya, lu le 24 mars 2005 à www.newscientist.com

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21 mars 2005

À lire dans la presse :

Environnement. L'hispine a envahi 90 % des plantations de Koh Samui. Une invasion d'insectes secoue l'île aux cocotiers. Par Solenn Honorine. Libération, le 21 mars 2005.

Blattes tâtonnantes, blattes appêtissantes, blattes aguichantes

(1) Comment les blattes se débrouillent pour longer une paroi ou contourner un obstacle dans le noir ? En palpant le terrain avec leurs antennes.
Pourquoi les petits robots (souvent hexapodes, inspirés desdites blattes) se cognent-t-ils, voire se perdent-ils, souvent dans les zones dangereuses qu'on les envoie explorer ? Parce que leurs systèmes de vision (cellules photo-électriques) et/ou d'écho-location (sonars) sont trompés par la lumière insuffisante, des écrans, de la fumée ou des surfaces polies.
Ne pourrait-t-on pas greffer des antennes de blatte à nos robots ? Nohah J. Cowan, professeur de mécanique à l'université Johns Hopins (Baltimore, États-Unis) - plutôt théoricien - a confié à un jeune élève, Owen Y. Loh - plutôt bricoleur - la tâche de construire une antenne de robot sur le modèle de celle de la blatte. Le prototype, vite mis au point, est en polyuréthane moulé, enfilé dans une gaine transparente ; il comporte 6 jauges de contrainte reliées à un ordinateur. Celui-ci interprète les variations de la courbure imposée à l'antenne par un objet et agit sur la direction de l'engin pour le faire tourner avant qu'il n'aille heurter l'objet. Ce travail sera présenté en avril 2005 à la conférence internationale de robotique et d'automation, à Barcelone (Espagne).
Dans l'antenne de blatte, point de jauges de contraintes. Mais des propriocepteurs. Iro Okada et Yoshihiro Toh (université Kyushu - Japon) ont tout récemment (2004) montré le rôle d'une plage de soies sur le scape, subdivisée en 3 parties : dorsale, latérale et médiane. Ces soies sont des mécanorécepteurs, envoyant des impulsions nerveuses lorsqu'elles sont fléchies (et tout le temps qu'elles demeurent ainsi). Elles " renseignent " ainsi l'insecte, la Blatte américaine (Periplanta americana, Orthoptère Dictyoptère Blattidé) en l'occurrence, sur la déformation de l'antenne, en intensité et direction, lui conférant un " toucher " assez fin pour patrouiller dans les recoins les plus sombres.
D'après, entre autres,  " Artificial Antenna Helps'Cockroach Robot " Scurry Along Walls. Communiqué de presse deJohns Hopkins, lu le 11 mars 2005 à www.scienceblog.com

(2) Un poisson bông lau (une espèce de poisson-chat de l'estuaire du Mékong) fut un jour trouvé avec une blatte dans l'estomac. Pourquoi continuer à l'appâter avec du bœuf faisandé assaisonné aux herbes, se dirent des pêcheurs ? Essayons la blatte ! Effectivement, la pêche fut meilleur eet un certain M. Binh de délaisser l'halieutique pour l'entomologie (appliquée). M. Binh, désormais, attrape le cafard chaque nuit. Il travaille au piège alimentaire, soit un torchon imbibé de mélasse entortillé au bout d'un bâton de façon à introduire l'engin de capture (appétissant et collant) dans une bouche d'égout., lequel, retiré après un temps égal à celui qu'il faut pour griller une cigarette, est secoué dans une cage. Une bête vivante et en bonne forme est vendue 100 dôngs aux pêcheurs.
Aux 5e et 6e mois lunaires, la pêche au Pangasius krempfi (Pangasidé euryhalin) bat son plein et M. Binh a deux assistants, rémunérés à la pièce.
D'après, notamment, " Chasser le cafard, c'est bon pour le moral ", Le Courrier du Vietnam, lu le 12 mars 2005 à lecourrier.vnagency.com.vn

(3) Amateur de recoins, d'humidité, de mélasse ou d'attractifs alimentaires en gel-qui-ne-coule-pas concoctés par les fabricants d'appâts empoisonnés…, Monsieur Blatte germanique préfère irrésistiblement la phéromone émise par Madame, qu'il détecte grâce à des sensilles disposées sur ses antennes. L'existence d'une telle molécule et la localisation de la glande émettrice sont connues depuis 1993. Wendell S. Roelofs et ses collaborateurs de l'université Cornell (Etats-Unis) viennent de la caractériser, à partir des pygidiums de 15 000 femelles vierges de Blatella germanica (Orthoptère Dictyoptère Blatellidé). Isolées par chromatographie en phase gazeuse, les substances candidates ont été éprouvées vis-à-vis de femelles dans des olfactomètres en Y puis, pour les plus prometteuses, vaporisées sur une antenne (une vraie, vivante, prélevée sur un mâle) reliée à une électrode. L'étude des antennogrammes a permis d'identifier la phéromone femelle de rapprochement des sexes à l'isovalérate de gentisyl quinone.
Reproduite par synthèse, la molécule a été baptisée blatellaquinone. On lui promet un bel avenir dans la désinsectisation. Les premiers essais, menés dans une porcherie infestée, ont permis de vérifier l'attractivité de l'appât sexuel sur les seuls imagos mâles de la Blatte germanique ; ils laissent entrevoir également que le dosage sera délicat.
Article source : Nojima S., Schal C., Webster F.X., Santangelo R.G., Roelofs W.L., 2005. Identifiction of the Sex Pheromone of the German Cockroach, Blatella germanica. Science, 307, 1104-1106.
Blatella germanica, dessin de Claire Brenot , Le Courrier de l'environnement de l'INRA, n° 28, p. 47.

NDLR : chez la Blatte de Madère, Leucophaea (Rhyparobia) maderae (Blabéridé), ce sont les mâles qui produisent, par leurs organes sternaux, la phéromone de rapprochement des sexes, un  cocktail de molécules dont le dosage distingue, aux antennes de la femelle, les dominants des dominés... (J.P.Farine et al., Coll.UIEIS, Rennes, 6-9 septembre 2004).

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10 mars 2005

De l'espace chez vous

C'est un fourmillarium. La NASA l'a mis au point pour étudier les effets de la microgravité et en a confié la surveillance à des écoliers ; 15 fourmis moissonneuses Pogonomyrmex occidentalis (Hym. Formicidés) ont été promues spationautes et propulsées dans l'espace ; leur aventure et sa fin catastrophique - avec le crash de Columbia, le 2 février 2003 - ont été relatées par les meilleurs médias : en Épingle, sous le titre " Fourmis spationautes " (en ligne à ) et Le Courrier de l'environnement de l'INRA, n°48, rubrique Brèves. Le fabricant Zibbers inc. en a conçu une version civile et l'a présenté au dernier salon du jouet de Toronto (Canada). Il s'appelle AntWorks.
C'est une cuve transparente remplie d'un gel également transparent (et garanti non toxique), accompagnée d'une loupe et d'un petit livret (mode d'emploi, faits intéressants à propos des fourmis). Le jouet fonctionne à partir du moment où l'on a rajouté quelques fourmis (ramassées aux environs ou achetées à un fournisseur). Pas besoin de nourriture, ni d'eau (tout est dans le gel spécial) : il n'y a plus qu'à regarder les fourmis s'affairer dans les galeries qu'elles auront tôt fait de creuser.
Le jouet n'est pas durable. Au bout d'un ou deux mois, il faudra redébourser 32 $ pour une nouvelle cuve garnie.
D'après, entre autres, " Toy fair predicts what kids will want ", Toronto Star, lu le 18 février 2005 à www.thestar.com

Photo de l'engin à www.neurotoys.com/antworks.html

Insectes modèles

La National Science Foundation (Etats-Unis) finance un programme de recherche de cinq ans sur les moyens d'améliorer la coopération entre les intervenants pendant les secours suivant une catastrophe. Une partie de 2,37 millions de dollars ira aux entomologistes de l'équipe, dirigée par un ingénieur en génie civil, Feniosky Pena-Mora. En effet, on attend des enseignements de la part de deux espèces d'Hyménoptères sociaux, l'Abeille domestique (Apis mellifera, Apidé) et la Fourmi de feu Solenosis invicta (Myrmiciné). Ces insectes réagissent efficacement à des situations critiques en fonction d'informations partielles et locales sur la situation et le comportement du groupe est la résultante d'un petit nombre de réctions stéréotypées.
Pour l'heure, aucun programme utilisable n'a été conçu s'inspirant des abeilles (pour résoudre des problèmes logistiques) ou des fourmis (propagation des alarmes). L'équipe pluridisciplinaire s'y attaque avec méthode et prudence.
D'après le communiqué de presse de l'université de l'Illinois, à Urbana-Champaign, lu le 3 mars 2005 à www.eurekalert.org
La fourmi de feu, en attendant d'aider à mieux gérer l'assistance aux victimes, sert à produire des sculptures, comme l'a publié Insectes (n°122, 2001) : " Les fourmilières citadelles… ", par Claire Minost, en ligne
La Fourmi de feu, envahisseur très redoutable, est, entre autres, épinglée sous " Dehors les rouges ! ", dans la série 2004.

La monarchie bat de l'aile…

… D'une part, symboliquement. Une députée au parlement de l'Alabama (États-Unis) a déposé un projet de loi visant à décerner à la reine de l'Abeille domestique (Apis mellifica, Hym. Apidé) le titre d'insecte officiel de l'État. Jusque-là, c'est Le Monarque (Danaus plexippus, Lép. Nymphalidé) qui est installé à cette place éminente, ce depuis 1989. L'apiculteur qui a suggéré à Sue Schmitz, notre députée, cette tentative de coup d'état, veut qu'on " mette l'accent sur les millions de dollars qu'apporte l'apiculture à l'économie de l'Alabama " et refuse catégoriquement une dyarchie : le Monarque sera détrôné. Et alors ? Sue Schmitz a répondu " Il ne rapporte rien ". La commission des affaires agricoles du parlement a approuvé la proposition - qui pourrait être refusée par le gouverneur.
… D'autre part, réellement. Selon les dernières observations, les papillons du Monarque hivernant au Mexique dans les forêts proches d'El Rosario sont moins nombreux que jamais. Les effectifs fluctuent, certes, d'une année sur l'autre mais, depuis dix ans, la tendance à la décroissance est évidente. Dans ces forêts sanctuaires, les papillons s'installent plus haut en altitude, s'exposant ainsi au froid ; ceci du fait du grignotage des forêts plus basses par des bûcherons clandestins opérant de nuit et armés. Plus au nord, sur le sous-continent, la plante nourricière du Monarque, l'asclépiade est une mauvaise herbe, détruite volontairement ou non (aménagements) et les chenilles subissent les traitements insecticides appliqués sur les cultures.
Le Monarque, papillon familier et aimé en Amérique du Nord, aux étonnantes migrations, voit son environnement lui devenir de plus en plus défavorable.
D'après " Buzz off, Butterfly ", par David White, lu le 4 mars2005 à www.al.com/birminghamnews
PS : en Alabama, le poisson d'État est l'achigan à grande bouche, le buisson d'État est la ronce et l'arbre d'État le pacanier.
D'après " Biolgists Fret as Mexico Butterfly Numbers Dive ", par Catherine Bremer. Dépêche Reuters lue le 4 mars 2004, à news.yahoo.com
À cliquer : " Fin de règne ", Brève du Courrier de l'environement de l'INRA n°51, février 2004, en ligne.

La monorchidie se porte bien

Les insectes, animaux à symétrie bilatérale, ont leurs appendices et, à part le tube digestif, leurs organes pairs (ou formés de deux moitiés soudées). Presque tous et… en général. Depuis Léon Dufour (publication de 1825), chaque étudiant en entomologie sait que les Carabidés de la tribu des Harpalini n'ont qu'un testicule. Dans le numéro d'avril du Journal of Morphology, on lira que, suite à l'examen de spécimens de 820 espèces de Carabidés, il appert que 174 espèces ont leurs mâles tous monorchides, dépourvus du testicule gauche. Ces espèces appartiennent, outre aux Harpalini sus-nommés, aux Abacetini et aux Platynini.
Pourquoi cette anomalie - qui ne gène en rien les individus ? Le serpent n'a qu'un poumon, en liaison avec sa forme effilée ; la plupart des oiseaux n'ont qu'un ovaire fonctionnel, ce qu'on met en rapport avec l'acquisition de capacités de vol. Et pour nos coléos ? Ça leur est arrivé au Crétacé (il y a 100 millions d'années) et ils ne l'ont pas hérité ; ces tribus étaient déjà différentiées. Bref, on ne sait pas mais c'est une trouvaille de l'entomologie classique - pour une fois, la biomol n'y est pour rien !
D'après " Three major beetle groups come up one testicle short ", communiqué de presse de l'université de Californie (Berkeley),lu le 8 mars 2005 à www.scienceblog.com
Des Platynini du Canada à www.cbif.gc.ca/spp_pages/carabids/phps/image6_f.php
Illustration : un Harpalini ravageur, l'Harpale du fraisier, Ophonus pubescens. Dessin Lemaitre/INRA.

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5 mars 2005

Grileiros

Un grileiro, au Brésil (état de Para), n'est pas un gentil éleveur de grillons. C'est d'abord un faussaire qui fabrique des documents de propriété anciens en enfermant le papier qu'il vient d'écrire dans une bouteille avec des grillons. Les excréments des Orthoptères salissent le document qui peut, ainsi patiné, passer pour authentique et servir à redessiner le cadastre.
Le grileiro, ensuite, est un assassin. Il lui faut en effet " nettoyer " le terrain des paysans qui l'occupent, tâche sous-traitée à des pistoleros.
D'après " Crimes de terre ", par Chantal Rayes, Libération du 4 mars 2005.

Séquencés suivants

Dans le but de mieux comprendre le fonctionnement du génome humain, le National Human Genome Research Institute (NHGRI) poursuit son programme de séquençage de plusieurs animaux : le ouisiti, le rat, la raie, l'aplysie et… trois insectes.
Rhodnius prolixus (Hém. Triatomidé), une punaise sud-américaine qui a déjà beaucoup donné à la science des régulations hormonales est vecteur de Trypanosoma cruzi, agent de la maladie de Chagas. Le Puceron vert ou rose du pois, Acyrtosiphon pisum (Hém. Aphididé), est un cas d'adaptation rapide aux insecticides. Le parasitoïde Nasonia vitripennis (Hym. Ptéromalidé), remarquable par sa bizarre reproduction (il possède un chromosome parasite absolu), est surtout un auxiliaire lutte biologique prometteur, contre les mouches, entre autres.
D'après " Ouistiti, rats, raie et insectes " par Lydia Archimède, Le Quotidien du médecin du 3 mars 2005, lu à www.neuropsy.fr
Cliché R. Coutin/OPIE
: A. pisum

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25 février 2005

Des as du xylophone

Le termite Cryptotermes domesticus (Dictyoptères Isoptères Kalotermitidés) est capable d'apprécier la taille du morceau de bois qu'il creuse en interprétant les vibrations provoquées dans le matériau par l'action de ses mandibules. On savait que ce termite préfère les petits morceaux de bois - et on se demandait bien comment il les repérait, à l'aveuglette bien sûr. Des chercheurs australiens (entomologistes du Commonwealth Scientific and Industrial Institute Resarch Oragnisation et ingénieurs militaires) ont mesuré la fréquence des ébranlements dans du bois foré par un termite : 7,2 kHz si le morceau fait 20 mm de long, 2,8 kHz pour 160 mm. Ayant le choix, les termites vont bien vers les morceaux courts et cette attraction est nettement renforcée si l'on amplifie le son.
Pourquoi ce choix ? Sans doute, au cours de son évolution, C. domesticus s'est "voué" aux petits morceaux, pour lesquels la concurrence est faible et/ou qui, facilement transportables, permettent une dispersion plus efficace. Ces sons jouent par ailleurs un rôle dans l'évolution de la colonie, en diminuant la proportion de neutres qui évoluent en mâles et femelles et en évitant ainsi des compétitions destructrices.
Et chez Homo sapiens ? Il a développé la vibro-acoustique pour évaluer les qualités des matériaux, dont le bois ; et la détection acoustique des xylophages, dont tout spécialement les termites de façon à les éradiquer chimiquement. Certes, mais à propos de ce qui est intéressant du point de vue alimentaire ? Tapant sur un tonneau, il repère celui qui est le mieux rempli, mais ignore où est le meilleur vin. Ceux qui choisissent les melons les plus mûrs - les plus sucrés donc les plus goûteux - en les tapotant égalent les termites.
Les termites (comme nous) associent en fait les informations de plusieurs natures pour choisir leur mets : odeurs du matériau, phéromones, texture, dureté et… vibrations provoquées par des concurrents, etc.
Déjà, on entrevoit le moyen de lutter acoustiquement contre ces pestes : en leur diffusant le son d'un très long bâton pour qu'ils partent à la recherche de petit bois. Ceci en veillant à ne pas énerver ou rendre malades les habitants humains de la maison en bois.
D'après, entre autres, "Good vibrations rule the temites's word", par Emma Young, The New Scientist, lu le 23 février 2005 à www.niewscientist.com
Article source : Evans T.A., et al., 2005. "Termites assess wood size by using vibration signals". Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 10.
À propos de l'acoustique du melon : "Percussion", Brève du Courrier de l'environnement de l'INRA n°37 (1999).

Publiée dans Insectes n°136

Serrez les rangs !

Les bandes larvaires et les essaims de criquets sont tristement célèbres et redoutés. Cette façon de se déplacer en groupes immenses qui dévorent tout sur leur passage a, par rapport à une dispersion plus lâche, des avantages qu'une étude nord-américaine vient de révéler. Celle-ci a consisté à marquer et à suivre des individus de la Sauterelle mormone, Anabrus simplex (Orthoptères Tettigoniidés), grâce à l'usage d'émetteurs radio très miniaturisés (pesant moins de 0,5 g) collés - jusque-là toutes les tentatives avaient échoué, les individus marqués disparaissant dans la masse de leurs congénères - on a pu noter le devenir de chacun des échantillons, qu'ils soient laissés dans la bande ou posés l'écart.
Au bout de deux jours, toutes les sauterelles remises dans la bande sont en vie, tandis que plus de la moitié de ceux qu'on avait écartés avaient péri, croqués par un animal. On a retrouvé leur radio abîmée, avec quelques restes de leur corps ou accrochée dans des buissons. Dans deux cas, le tout a dû être emporté par des oiseaux.
La vie dans la troupe, bien plus sûre, a un coût : une compétition très forte pour la nourriture et du cannibalisme, tout individu handicapé étant dévoré par ses voisins.
Cette expérience fait partie d'un travail plus vaste, à la recherche de moyens de prévoir le "comportement" des bandes de sauterelles, criquets et autres sauteriaux de façon à mieux organiser leur destruction.
D'après un communiqué de presse de l'université de Caroline du Nord, lu le 17 février 2005 à www.eurekalert.org.
Sur la Sauterelle mormone, voir l'Épingle "Utah d'urgence" .

Publiée dans Insectes n°136

Souffle coupé

Cela fait longtemps qu'on se demande pourquoi la plupart des insectes s'arrêtent régulièrement de respirer pendant plusieurs minutes d'affilée. Serait-ce pour éviter la déperdition d'eau ou, dans le cas des formes souterraines, pour purger les trachées du gaz carbonique en excès ?
Timoty Bradley (univeristé de Californie à Irvine, États-Unis) et Stefan Hetz (université Humboldt, Allemange) publient dans le numéro de février de Nature une explication plus générale et plus convaincante : les insectes se protègent ainsi d'un excès d'oxygène, qui risquerait d'endommager leurs cellules. Le système respiratoire des insectes (stigmates, trachées, trachéoles…) est grosso modo adapté à la demande maximale d'oxygène durant l'effort (vol, course, nage…) ; au repos, il est "surdimensionné".
À partir de mesures respirométriques (volumes gazeux) et d'analyses des gaz dans les trachées (au moyen de fines sondes) effectuées sur des chrysalides d'Atlas (Attacus atlas, Lép. Saturniidés), les deux entomophysiologistes ont montré que l'insecte est capable de maintenir la pression partielle de l'oxygène entre 4 et 5 kPa. Ceci représente le quart de ce qui existe dans l'air ambiant et n'augmente pas, même si l'on enrichit l'air respiré en oxygène.
Reste à examiner ce qui se passe chez les espèces qui ne présentent pas ces arrêts respiratoires, les Coléoptères xérophiles des déserts, par exemple. Quant aux applications, pour T. Bradley et S. Helz, ce seront des insecticides plus efficaces…
D'après, notamment, "Why insects stop breathing", Science Blog, lu le 15 février 2005 à www.scienceblog.com
Publiée dans Insectes n°136

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14  février 2005

Bonjour insectes

Ce sera peut-être le titre d'un livre pas forcément pour les enfants, celui d'une rubrique sur ce site, d'une chronique dans la revue ou encore d'un cédérom.
Pour l'heure, il est " pris ", par une équipe indienne de hockey de Bangalore, dont les dernières tribulations lors de la coupe du Premier ministre sont relatées sur Web India 123, dans un français rigolo et fort peu compréhensible, écrit par un robot traducteur visiblement aussi peu compétent que moi en hockey.

Podophilie

Pour la saint Valentin, tout média se doit de proposer une histoire d'amour. La nôtre se passe en Amérique du Nord, dans les montagnes du Colorado, chez la gent Cyphoderris strpitans (Orthoptère Haglidé), une sauterelle brachyptère.
Nous sommes fin mai, début juin. Le garçon, perché sur un buisson, séduit une belle par son chant (des trilles à 13-13 kHz). Il s'approche et, pendant qu'il la connaît et - l'histoire naturelle des Ensifères ne s'attarde pas sur cette étrangeté- celle-ci lui baise les pieds. Plus tard, ils auront beaucoup d'enfants et le jeune homme restera longtemps fidèle et chaste.
L'entomologiste, de son célèbre et redouté œil précis autant que froid, décrit que la femelle, grimpée sur le dos du mâle, tout le temps du transfert du spermatophore, perce de ses mandibules l'extrémité des pattes postérieures du mâle et boit l'hémolymphe qui s'écoule des blessures. Il constate que les chances de ce mâle de féconder ultérieurement une autre femelle sont fortement réduites, car il manque visiblement d'énergie. Et ceci pas à cause du coût de la fabrication d'un nouveau spermatophore mais en conséquence directe de la ponction pratiquée par la femelle. On l'a montré en relâchant dans la nature des mâles auxquels on avait prélevé de l'hémolymphe : leurs performances copulatrices ont été bien plus tardives que celles des témoins.
Et Monsieur, que retire-t-il de l'épreuve ? Pour Andrew Clark, thésard au labo d'écologie comportementale de l'université MacMaster (Canada), la femelle, occupée, reste tranquille et le transfert du spermatophore va jusqu'à son terme.
D'après, entre autres, lecommuniqué de presse de l'universit ééde MacMaster, lu le 14 février 2005 à www.mcmaster.ca
Une fiche illustrée (en anglais) sur les Halgidés (petite famille néarctique de 5 espèces) à tolweb.org/tree?group=Haglidae&contgroup=Ensifera

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11 février 2005

À lire dans la Toile :

La biodiversité des pollinisateurs est indispensable
Futura Sciences, le 11 février 2005  

La biodiversité au service de la lutte biologique… et réciproquement (Jean-Claude Malausa et Elisabeth Tabone)
Dossier L’INRA au Salon International de l’Agriculture - Biodiversité des agrosystèmes et des écosystèmes.

Étiquetage global

Le rêve de l'entomo-faunisticien de terrain ? Un ordinateur portable muni d'un périphérique ad hoc qui analyse l'ADN de tout insecte rencontré (et capturé et de la famille malheureusement immense des Aucunidés) et qui affiche le nom de la bête, sa position systématique et une fiche complète (celle de HYPPZ si c'est un ravageur européen des cultures). Faudra-t-il écraser le spécimen ?
La question n'est pas là. Si le CBOL (Consortium for the Barcode of  Life, créé en 2004) annonce le démarrage de plusieurs programmes d'étiquetage génétique (les 15 000 et 8 000 espèces connues de poissons de mer et d'eau douce, les 10 000 espèces d'oiseaux, 10 000 espèces de plantes du Costa Rica), la séduisante entreprise n'est pas sans risques.
Risque d'achever de dégoûter ceux qui, encore, s'efforcent d'apprendre à déterminer, ainsi que les rares systématiciens en formation.
Risque d'erreurs : un tel système ne pourra pas, de façon simple, prendre en compte les espèces en formation ni les hybrides.
Le monde des insectes est bien plus complexe que le contenu d'un supermarché et l'expression " code barres " déjà employée couramment pour désigner l'identification au niveau de l'espèce par analyse d'une courte séquence d'ADN est bien mal venue.
D'après " Science intends to tag all life ", par J. Amos, BBC News, lu le 11février 2005 à newsvote.bbc.co.uk
Le site du CBOL est à barcoding.si.edu/index_detail.htm
Dessin C.V./A.F. repris du Courrier de l'environnement de l'INRA

Ça plane pour elles

La fourmi omnivore (nectar extrafloral, miellat, crottes d'oiseaux…) Cephalotes atratus (Hyménoptère Formicidé Myrmiciné) vit en haut des arbres - plutôt sur les lisières - en Amazonie, établissant ses nids à grande hauteur. Elle est connue pour sa territorialité et pour les étonnantes symbiose qu'elle entretient, d'une part, avec Tragopa peruviana (Hémiptère Membracidé), opophage sur Isertia haenkeana et qui ressemble assez, forme et couleur, au gastre de cette fourmi, et, d'autre part, avec des bactéries qu'elle héberge dans son tube digestif.
Ses ouvrières ont, par ailleurs, des capacités étonnantes pour, en dirigeant leur chute en une sorte de vol plané en J, abdomen en avant, se retrouver sur le tronc de l'arbre qui porte leur nid. Des individus délogés de la canopée par le vent et atterrissant ailleurs sont voués à la mort, incapables de rejoindre leur colonie. 80% des fourmis " réussissent leur coup " et le succès est indépendant de la position initiale de l'insecte, de l'emplacement de la branche et la distance au tronc du point de départ.
Ceci a été montré par Stephen P. Yanoviak, du laboratoire d'Entomologie médicale de l'université de Floride, à Vera Beach, en suivant et en filmant des ouvrières marquées à la peinture blanche. Un travail exposé à la réunion annuelle de la Florida Entomolgical Society et publié dans Nature. D'autres fourmis arboricoles planent en tombant, mais pas aussi bien.
D'après, entre autres, " Des fourmis qu chutent des arbres retombent saines et sauves ", Canoë, lu le 10 février 2005 à www2.infinit.com
Photos et fiche (en anglais) à www.evergreen.edu/ants/genera/cephalotes/species/atratus/atratus.html

Fixe-Bt

Bacillus thuringiensis, bactérie de la faune du sol, est un célèbre et précieux auxiliaire de lutte (microbioloqique) contre de nombreux ravageurs des cultures et des forêts (chenilles, larves de Coléoptères…) et vecteurs de maladies (moustiques). Selon la souche, il est mortel pour tels ou tels insectes. On utilise en fait la toxine qu'il sécrète, en la produisant en fermenteurs ou en modifiant génétiquement des plantes pour qu'elles la fabriquent in situ. Bt n'a aucune action sur les Vertébrés.
La cause de cette spécificité fort intéressante résiderait dans la possession, par les insectes, d'une molécule particulière servant de récepteur à la toxine de Bt au niveau de la paroi de l'intestin moyen. Les vertébrés en sont dépourvus.
Ceci vient d'être vérifié et précisé, par une équipe de l'université de Californie, à San Diego (États-Unis), sur… un nématode, Caenorhabditis elegans, bête de laboratoire à peu de cellules et facile à manipuler (génétiquement) pour faire varier ses propriétés.
Il y aurait en fait deux molécules réceptrices (protéine et glycolipide) dont les rôles respectifs restent à préciser. Ceci ouvre des perspectives en lutte : détecter précocement chez l'insecte-cible une modification de ce(s) récepteur(s) de façon à adapter le traitement, développer un Bt qui se lie à l'une ou l'autre de ce molécules, ou combiner deux Bt différents…
La sélection d'individus résistants dans les populations d'insectes indésirables régulièrement traités - due à la perte de l'une et/ou l'autre de ces molécules réductrices - est, en dépit de stratégies ad hoc comme le maintient de zones refuges, un gros obstacle actuellement à l'emploi durable du Bt.
D'après " Discovery May Help Extend Life of Natural Pesticide ", Medical News Today, lu le 11 février 2005 à www.medicalnewstoday.com

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9 février 2005

À lire dans la presse :

Entomologie. Des chercheurs danois découvrent dans les excréments de l'insecte le secret de leur pacte. Le champignon et la fourmi à la vie à la mort
par Corinne Bensimon, Libération, 8 février 2005.
Lepiotacée et Formicidé Acromyrmex

Le Brésil n'est pas prêteur. Les lois contre la biopiraterie limitent les échanges scientifiques
par Corinne Bensimon, Libération, 8 février 2005
la recherche sur les fourmis champignonnistes (lire ci-dessus) peut-elle nuire à la biodiversité ?

La dionée attrape-mouche, un végétal vif comme l'éclair, par Jean-François Augereau, Le Monde du 1er février 2005.

À lire dans la Toile :

Le criquet Laupala, champion de l'évolution. Infosciences, 2 février 2005.

Encore un beau meurtrier

Encore un triste exemple d'insecte - un joli petit bupreste - introduit qui s'installe, se répand et se rend insupportable sans qu'on sache trop quoi faire pour le combattre efficacement. L'Agrile du frêne, signalé pour la première fois en 2002 dans le Michigan (États-Unis), a gagné l'Ohio et, au Canada voisin, l'Ontario. Agrilus planipennis (Coléoptère Buprestidé) est originaire d'Asie du Nord-Est où il reste très discret. L'espèce est univoltine, les adultes volant et pondant en juin. La larve creuse une galerie sous-corticale en S qui interrompt la circulation de la sève : un arbre infesté est tué en deux ans. Son arrivée en Amérique du Nord s'est faite - de façon très classique - à la faveur de l'importation de bois d'emballage mal contrôlé, sansdoute une ou deux décennies avant sa découverte. La menace est très sérieuse, les frênes (4 espèces) font partie du paysage - ils constiutuent souvent le quart des boisés de la région - et concourent à la richesse floristique des lieux ; ils fournissent un bois d'œuvre apprécié - et pas seulement pour la fabrication des battes de baseball. Rien que dans la région de Détroit, 15 millions d'arbres ont été détruits.
La lutte - qui vise l'éradication de l'envahisseur - fait appel principalement à l'aménagement de " coupe-feu ", de zones d'où on a éliminé tous les sujets de Fraxinus, à la frontière de l'aire déjà infestée. La détection du ravageur est difficile, l'observation directe des arbres est moins efficace que l'installation d'arbres pièges, écorcés et englués (que l'on détruit ensuite). Mais l'Agrile du frêne saute ces barrières en camion, transporté avec le bois de feu - pratique pourtant prohibée.
La lutte biologique fait l'objet d'études. Curieusement, le cortège des ennemis de l'Agrile du frêne est plus riche dans son aire d'introduction qu'en Chine. Dans le Michigan, deux Hyménoptères parasitoïdes ont été repérés, Balcha sp. (Eupelmidé) et Pedobius sp. (Eulophidé), ainsi que des Coléoptères prédateurs, Enoclerus sp. (Cléridé), Catogenus rufus (Passandridé) et Tenebroides sp. (Trogositidé), et aussi quelques champignons entomopathogènes. En Chine, l'endoparasitoïde grégaire Tetrastichus sp. (Eulophidé) et l'ectoparasitoïde Spathius sp.(Braconidé) sont seuls présents, en petits nombres. Tous ces genres sont difficiles, les spécialistes manquent.
À ce stade, si l 'on s'interdit la lutte chimique intensive, on ne peut que renforcer le confinement, en intensifiant la détection et en faisant appliquer les restrictions au transport de grumes et de branches de frêne hors des zones déjà atteintes.
D'après, notamment, Houping Liu et al., 2003. Exploratory survey for the emerald ash borer, Agrilus planipennis (Coleoptera: Buprestidae), and its natural enemies in China. The Great Lakes Entomologist, 191. En ligne à www.ncrs.fs.fed.us/pubs/jrnl/2003/nc_2003_liu_001.pdf
Planche de photos à www.na.fs.fed.us/spfo/eab/img/img.htm
Fiche " De beaux insectes meurtriers " (avec le Longicorne asiatique) à www.treecanada.ca/killers_f.htm

Sœur sauterelle

Arrivant en Birmanie, Sœur Numpa Wattanapong, une Thaïlandaise membre de la congrégation des Sœurs de l'Enfant Jésus, est frappée par l'aspect chétif de ses élèves du petit séminaire. Manque de protéines, diagnostique-t-elle. Mais la viande est trop chère. Elle rapporte donc de chez elle (en avion) " huit familles composées chacune de quatre femelles et d'un mâle " de sauterelles [espèce non précisée], les fait croître et multiplier (en veillant bien à les protéger des fourmis) et met ces Orthoptères au menu de la cantine.
Sœur Numpa se désole des bruits qui courent selon lesquels les petits séminaristes seraient là plus pour les (maigres) avantages matériels offert (elle a également monté une ferme aquacole et un élevage de grenouilles) que pour y " vivre une foi véritablement intense ".
D'après " Birmanie : au petit séminaire, des sauterelles pour fortifier les étudiants ", dépêche Zenit.org datée de la Cité du Vatican, 3 février 2005, lue à www.catholique.org

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31 janvier 2005

La mise en pli de la droso

La Réglementation postale internationale stipule que les animaux vivants sont interdits dans les envois postaux mais que " sont toutefois admis, dans les envois de la poste aux lettres :
- les abeilles, les sangsues et les vers à soie ;
- les parasites et les destructeurs d'insectes nocifs destinés au contrôle de ces insectes et échangées entre les institutions officiellement reconnues ;
- dans les colis, les animaux vivants dont le transport par la poste est autorisé par la réglementation postale des pays intéressés. "
À partir du 1er mai 2005, il sera autorisé d'envoyer des drosophiles vivantes par la poste. Celles-ci voyagent depuis un siècle en grands nombres entre laboratoires (et un peu aussi, vers les terrariophiles), groupées par 10 adultes dans de petits tubes bouchés par un coton, avec une provision de polenta sucrée.
Outil de multiples recherches, Drosophila melanogaster (Diptère Drosophilidé) existe en de très nombreuses souches qu'on ne peut maintenir que par leur élevage (la droso ne se congèle pas) et qui font l'objet d'échanges soutenus.
Un chercheur états-unien, dans l'ambiance de l'après-11-Septembre, avait demandé si l'envoi postal de drosophiles était légal. La réponse, à la surprise générale, était non…D'où cet avenant au Règlement.
D'après, notamment, " Drosophila voyagera désormais légalement par la poste ", par Anne-Marie Brouet, La Tribune de Genève, lu le 30 janvier 2005 à www.tdg.ch/

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24 janvier 2004

À lire dans la presse :

Mobilisation contrastée des associations, Caroline de Malet, Le Figaro du 24 janvier 2005.
L'avis de 6 grandes associations, dont l'OPIE.

Alerte à la biodiversité menacée, par Hervé Kempf, LeMonde du 22 janvier 2005.
A l'initiative de Jacques Chirac, une conférence internationale réunit à Paris, à partir du 24 janvier, responsables politiques et experts scientifiques.
L'article débute ainsi : " Le brachyta borni est un capricorne très paisible de l'ordre des coléoptères, qui présente une singularité : il n'existe vraisemblablement qu'en un ou deux lieux [...]
Image De B. borni (Coléoptère Lepturiné) à www.uochb.cas.cz/~natur/cerambyx/brachborni.htm

Et les papillons ?

Au Sri Lanka, les touristes fréquentent, au nombre d'une petite centaine par jour, le parc national de Yala. Ils étaient 150 avant le tsunami du 26 décembre 2004. Les animaux avaient fui à temps, avertis par un mystérieux "sixième sens", mais 42 personnes ont péri. Les dunes côtières ont protégé le site, sanctuaire de la nature, dont 1% a été dévasté. Le sol se retrouve recouvert de sable et de sel, pas mal d'arbres sont écrasés mais les acacias débourrent vigoureusement, offrant des pousses vertes aux quelque 200 éléphants du lieu, revenus sur place, sans doute guidés par la même faculté sensorielle (qu'on leur envie). Idem pour les buffles, les sangliers, les daims, les crocodiles, les singes et les oiseaux.
Tout n'est pourtant pas comme avant : plus aucun papillon ne volette ici.
D'après " Animals, tourists retuning to Sri Lankan wildlife park, but no butterflies ", lu le 17 janvier 2005 à news.yahoo.com

Le ver du sirop

À l'université de Californie (à Riverside, États-Unis), Carlo Montemagno et ses collègues viennent de réussir la fabrication d'un "ver" autonome, constitué d'une fibre musculaire (de cœur de rat) développée sur une matrice de polymère et collée à une plaquette (200 nm de long) de silicium par l'intermédiaire de points en or. L'engin baigne dans une solution de glucose où, dès qu'on le lâche, il se met à nager, grâce aux contractions périodiques de son "muscle".
Les médecins voient là le précurseur de nouveaux micro-outils chirurgicaux capables de se propulser tout seuls dans le sang, voire l'amorce de la réalisation de muscles de rechange. La NASA, qui a participé au financement du travail, en espère l'avènement de robots réparateurs de navettes spatiales.
L'entomologiste qui veut n'être pas en reste peut toujours essayer de solliciter des crédits pour réaliser sur ce principe un foreur de pomme très sucrée, un carpocapse artificiel…
D'après " Micromachine grows its own muscle ", par Will Knight, New Scientistdu 19 janvier 2005, lu à www.newscientist.com

Lutte sucrée

La culture du cotonnier et du piment, entre autres, coûtent cher en insecticides. Le litre d'Avant (comme de Tracer ou de Nuvocron) ne vaut pas moins de 10 000 roupies - nous sommes en Andhra Pradesh (Inde) et cela fait 170 de nos euros. Parmi les cultivateurs, le bouche à oreille préconise, pour une maîtrise suffisante des ravageurs, le Coca-Cola (ou le Pespsi-Cola ou le Thums up…). Il en coûte 30 roupies par maxi-bouteille - prête à l'emploi - et le traitement d'1 ha revient ainsi à 540 roupies seulement.
Nul n'ignore les vertus antidiarrhéiques dudit soda sur Homo sapiens et dégrippantes sur les écrous rouillés. Quelle matière active contient-il ? Il est composé d'eau, de sucre, d'acide citrique, d'acide phosphorique, de bulles de gaz carbonique (éphémères), d'ingrédients secrets, d'aucune substance tirée du cocaïer (retirée de la formule il y a belle lurette) ; on y détecte également des résidus de pesticides en quantité inacceptable (d'après une commission gouvernementale).
L'effet négatif sur les insectes ennemis des cultures, attesté par les agriculteurs, fortement mis en doute par le fabricant, est sans doute à mettre au compte du sucre qui attire en grands nombres, exactement là où se repaissent les phytophages, des fourmis entomophages et les imagos de parasitoïdes. D'ailleurs, l'épandage de sirop sucré pour favoriser les fourmis est une pratique paysanne ancestrale.
D'après " Coca-Cola c'est aussi ça ", L'Époque du 18 janvier 2005, lu à french.epochtimes.com

PS : le coca est également efficace post mortem vis-à-vis des insectes : il nettoie rapidement les pare-brise maculés.

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À lire dans la presse :

La drague mortelle de monsieur grillon
Entomologie. Selon une étude parue dans «Nature», les mâles trop bien nourris meurent plus tôt que les autres... car ils s'épuisent à chanter pour attirer les femelles.Par Florence Heimburger, Libération, 6 janvier 2005.

Petites saletés !

Une étrange " poussière " gris bleu se fait remarquer, en ces temps froids et humides, sur les dallages au jardin, les carrelages des patios… La ménagère est au moins perplexe, le plus souvent furieuse, surtout quand cette saleté bizarre envahit la maison. À l'entomologiste de lui expliquer qu'il s'agit de collemboles qui pullulent et que ce n'est pas une raison pour se précipiter sur une bombe insecticide. La chose disparaît dès que l'atmosphère est plus sèche et/ou que tout ce qui crée ou entretient des zones humides domestiques est nettoyé par ladite ménagère ou son compère jardinier, voire par le plombier.
L'entomologiste ne manquera pas de souligner l'utilité de ces minuscules Hexapodes Aptérygotes Entognathes, mangeurs d'algues microscopiques, de mycélium et de matière végétale morte, qui aèrent le sol et participent à la minéralisation de la matière organique. Et précisera, mais est-ce bien nécessaire, que ce ne sont pas des Insectes au sens strict et moderne du terme.
D'après " Odd-looking dirt may be insects ", texte établi avec l'univeristé de l'État de Washington, lu le 4 janvier 2005 à www.skagitvalleyherald.com
Dessins : Entomobrya (avec furca = organe de saut) et Onychiurus (sans).
A (re)lire : " Les insectes du sol ", par Aline Deprince, paru dans Insectes nos 131 et 132, en ligne à pdf/i131deprince.pdf et à pdf/i132deprince.pdf

Jatail

C'est le nom commun, au Brésil, d'une petite abeille indigène, Tetragonisca angustula (Hyménoptère Apidé Méliponiné), que les fraisiculteurs viennent d'embaucher comme auxiliaire. Suite aux recherches de Katia Brage (université de Sao Paulo) qui l'a observée butinant, récoltant, nidifiant…), elle apparaît en effet comme débrouillarde, courageuse, peu exigeante et résistante aux conditions des serres. Et rentable : pollinisés par elle, les fraisiers donnent 5%de fruits déformés, au lieu de plus de 80% avec les procédés manuels ou mécaniques. En plus, la jatail produit un miel doux aux vertus médicinales reconnues.
Article source : Sampaio Malagodi-Braga K., de Matos Peixoto Kleinert A., 2004. Could Tetragonisca angustula Latreille (Apinae, Meliponini) be effective as strawberry pollinator in greenhouses? Australian Journal of Agricultural Research, 55(7), 771-773.
Signalé par Futura Sciences, lu le 6 janvier 2005.
Photo à www.myrmecos.net/insects/Tetragonisca2.html

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Sauf mention contraire, ces textes sont d'Alain Fraval
B.D. : Bruno Didier


Les Épingles de collection - à consulter, page par page : Les Épingles entomologiques de 1999 et 2000, Les Épingles de 2001, Les Épingles de 2002,  Les Épingles de 2003, Les Épingles de 2004, Les Épingles de 2005,  Les Épingles de 2006, Les Épingles de 2007,, Les Épingles de 2008,  Les Épingles de 2009, Les Épingles de 2010, Les Épingles de 2011. - ou globalement (jusqu'à fin 2009)  ici.


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