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Phoracantha

par Alain FRAVAL et Mohamed HADDAN

Actes Éditions (Rabat), coll. Doccuments scientifiques et techniques, 1989, 38 p.

7. LA FAUNE ASSOCIEE ; LES ENNEMIS NATURELS

Dans tous les cas observés au Maroc, P. semipunctata est le seul insecte xylophage présent. En Zambie, une espèce congénérique l'accompagne : P. recurva (NEWMAN) plus rare mais qui a le même mode de vie (LOYTTYNIEMI, 1980). En Israël, MENDEL (1985) rapporte que P. semipunctata cohabite avec 2 autres Cérambycides, Penichroa fasciata (STEPHANI) et Stromatium fulvum (VILLERS). En Californie, l'Eucalyptus est également miné par Xylotrechus naulicus (Col. Cerambycidae) (SCRIVEN et al., 1986). Au Portugal, Chrysobothris affinis (F.) (Col. Buprestidae) accompagne P. semipunctata dans les troncs d'Eucalyptus (BAETA NEVES et CABRAL, 1982) ; cet insecte polyphage (feuillus) est connu au Maroc de l'Abricotier et du Chêne (DE LEPINEY et MIMEUR, 1932; EL ANTRY, 1986).

La faune antagoniste connue de P. semipunctata dans l'ensemble de son aire géographique a été recensée récemment par GIL SOTRES et MANSILLA V AZQUEZ (1983). En dehors de son aire d'origine, l'insecte a très peu d'ennemis.

En Israël, premier pays méditerranéen atteint par le ravageur, le seul ennemi est le Pic syriaque, Picoides syriacus, détecté en 1980 par les trous qu'il avait provoqués dans des tronçons-pièges ; cet oiseau perce l'écorce juste à l'endroit de la logette larvaire. Il tue également les oeufs sans pouvoir les détecter. Son action se traduit parla mort des larves survivantes à la compétition intraspécifiquc (MENDEL, 1984).

En Egypte, les neufs sont fréquemment la proie d'un Pseudoscorpion du genre Blothrus. Au laboratoire, Trogoderina granarium (EVERTS) (Col. Dermestidae) dévore tous les stades, lesquels sont également parasités par Promotus herfsii, Acarien Pyomotidé (HELAL et EL SEBAY, 1980a). L'absence de tout prédateur est notée au Malawi (POWELL, 1982). CHARARAS (1969), en Tunisie, ne détecte aucun parasite ni prédateur, tant en nature qu'au laboratoire. Au Portugal, des trous aux bords déchiquetés sur une logette larvaire vide (comme en Israël) sont attribués à un Pic (non déterminé) qui est le seul ennemi du ravageur (BAETA NEVES et CABRAL, 1982).

Au Maroc, les investigations faites récemment ont permis d'établir une première liste d'ennemis de P. semipunctata (HADDAN et al., 1988). Les oeufs sont, surtout quand leur abri est défectueux, victimes d'un Pseudoscorpion (en cours de détermination) et de fourmis (Hym. Formicidae), déterminées (par H. CAGNANT) comme Aphaenogaster semilis disjuncta (SANTSCHI), Acrocelia (Crematogaster) scutellaris (OL.), Tapinoma simrothi (KRAUSSE) et Monomorium salomonis pestiferum (SANTSCHI).

Un parasite a été découvert : Platystasius transversus (THOMSON) (Hym. Platygasteridae), qui est nouveau pour l'hôte et pour l'aire géographique (FRAVAL et HADDAN, 1988). Les larves n'ont aucun ennemi reconnu, à part la Mésange charbonnière, Parus major (L.), qui les picore lorsqu'elles sont près de la surface, sur des rondins abattus. La recherche de traces de P. semipunctata dans les pelotes de régurgitation des rapaces nocturnes n'a donné aucun résultat.

Dans aucun endroit du Bassin Méditerranéen, la faune antagoniste de P. semipunctata -fort réduite- ne comporte le moindre élément originaire d'Australie. Elle est faite d'animaux polyphages qui se sont adaptés à cette nouvelle provende. La stabilité de tels systèmes, très récents, n'est pas connue, l'efficacité des prédateurs apparaît faible, vu qu'ils sont opportunistes et ne prélèvent leur quote-part que sur des populations denses. Le parasitoïde marocain fera l'objet d'investigations plus poussées pour préciser son statut vis-à-vis de son hôte (HADDAN, en cours).

Les animaux antagonistes de P. semipunctata ne constituent un facteur important de la régulation de ses populations nulle part hors de son aire d'origine. Quant aux maladies, seuls SCRIVEN et al. (1980) mentionnent une mycose due à Beauveria bassiana (BALSAMO) qui affecte tous les stades actifs de l'insecte, tandis que GONZALEZTIRADO (1987) indique des cas de nymphes tuées par des champignons (sur tronçons, en insectarium).

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Chap.8. DEGATS

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