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Miscellanées


Insectes tinctoriaux

La teinture et la peinture ont utilisé, comme la médecine, les Galles ou excroissances de formes diverses que produisent sur les végétaux plusieurs petites mouches de l'ordre des Hyménoptères, connues sous le nom de CYNIPS ou GALLICOLES, et parées des couleurs rouges pu vertes les plus brillantes.

Ces productions sont le résultat de l'extravasation de la sève du végétal qui, s'épanchant par les vaisseaux ouverts à l'endroit de !a piqûre, est portée à refluer au dehors, par suite de la stimulation que cause dans son tissu le liquide particulier versé par l'insecte dans la plaie qu'il faite à la plante pour y déposer un ou plusieurs œufs suivant les espèces. La larve doit naître et se nourrir dans l'intérieur de ces Galles dont on faitla récolte avant l'éclosion de l'insecte, car c'est à ce moment qu'elles contiennent le plus de matières astringentes.

On les désigne alors dans le commerce sous le nom de Galles noires, bleues ou vertes, et on appelle Galles blanches celles d'où la petite mouche s'est échappée.



cynips de la galle du chêne
Fig. 25. Cynips de la galle du chêne.

Le Cynips de la Galle à teinture (C. gallae tinctortiae) produit sur le chêne du Levant dont il pique les feuilles, la noix de Galles qu'on récolte dans le midi de la France et qui sert pour les teintures noires et surtout pour la fabrication de l'encre, en y ajoutant une dissolution de sulfate de fer appelé vulgairement vitriol vert.

On trouve très communément les meilleures Galles en Asie-Mineure sur l'yeuse ou chêne vert. Suivant M. Mulsant, on emploierait pour la peinture le liquide noirâtre que renferme l'oesophage du Hanneton.

Après le Ver à soie, il est un insecte plus précieux que tous les précédents, et bien qu'il ne soit pas encore naturalisé Français, nous pensons qu'il n'en mérite pas moins une mention spéciale, puisqu'il a donné naissance à une branche importante de l'industrie la teinture. Cet insecte, de l'ordre des Hémiptères (comme la Punaise), est la Cocchenille, appelée autrefois Graine d’écarlate. Munie d'un bec court, elle l'enfonce pour en pomper le suc dans les jeunes pousses du nopal, plante grasse, sans tige, et dont les feuilles couvertes d'épines sont soudées les unes aux autres.

Le mâle a quatre ai!es, la femelle n'en n'a pas; elle pond environ 4,000 œufs.

Plusieurs espèces, originaires du Mexique, fournissent une belle couleur cramoisie qui remplace avec avantage la pourpre des anciens; citons entr'autres la Cochenille du nopal (Coccus cacti) la C. du chêne-vert (C. illicis), et la C. sylvestre (C. silvestris). Cette dernière est d'un élevage très facile, mais d'une couleur plus sombre que les précédentes.

Dans l'Inde, c'est une Cochenille (Coccus lacca) qui produit la gomme laque en piquant les feuilles des figuiers (Ficus Indica; F. religiosa), et d'autres plantes laiteuses (Rhus succedanea), dont le suc est en général couleur de sang.

La Cochenille vivant aussi sur les cactus, on a essayé de l'importer en France où elle a donné des résultats peu satisfaisants; mais elle réussit assez bien en Corse et en Algérie, aux environs d'Alger, sur les cactus du pays et sur les nopals qu'on y a plantés.

Au moment de la récolte des Cochenilles, on les enlève au moyen d'un couteau tranchant que l'on passe légèrement de haut en bas le long des feuilles du nopal.

Pour les employer en teinture, on ajoute à la décoction qu'on en fait, une solution d'étain par l'acide chlorhydrique.

Ce principe, combiné avec l'alumine, fournit la laque carminée dont les peintres font usage.

Pendant longtemps, on s'est servi pour la teinture en carmin du Kermès à teinture, qui vit sur les chênes verts des contrées méridionales.

Autrefois, on fabriquait avec un insecte de cet or-dre, le Kermès du chêne vert (Chermes ilicis), le sirop alkermès, qui servait à réparer les forces épuisées. Nous avons dans nos pays un certain nombre de Kermès qui vivent sur le peuplier, le buis, le figuier, etc., mais on n'a pu jusqu'ici en tirer parti.

Tous ces Kermès, au corps ovoïde et de couleur variable, ressemblent à de petites lentilles étroitement appliquées et même collées sur les tiges ou les feuilles des plantes. Au contraire des Cochenilles qui ont la faculté de se mouvoir pendant toute leur vie, ces insectes ne marchent que dans les premiers moments de leur existence et restent toujours dans l'immobilité la plus complète à l'endroit de la plante où ils ont une première fois enfoncé leur bec. Ils grossissent ensuite très rapidement; après la ponte, la femelle meurt, et sa peau se desséchant, sert de coque ou de couverture à ses œufs.

Le nombre des Kermès est assez considérable. Heureusement, ils ne s'attaquent qu'aux plantes déjà languissantes ou malades.


Les insectes auxiliaires et les insectes utiles, par Henri Miot. E. Aubert (Versailles), 101 p. 1870.

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