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PREFACE DE L'OUVRAGE
LYMANTRIA DISPAR AU MAROC

d'Alain FRAVAL

Lymantria dispar, le Bombyx disparate, est l'un de ces insectes ravageurs dont les pullulations périodiques préoccupèrent de longue date les entomologistes et les forestiers qui lui consacrèrent un grand nombre de travaux dans l'ensemble de son aire de distribution géographique.

Dans le Bassin méditeranéen il est l'apanage des diverses chênaies, comme le sont les chenilles Processionnaires pour les pinèdes et les cédraies. Mais, tandis que celles-ci mobilisèrent de nombreuses équipes de chercheurs et d'importants moyens nationaux et internationaux, les recherches sur le Bombyx disparate - hormis celles mises en place par l'administration américaine- furent plus discrètes et surtout moins coordonnées dans les pays riverains de la Méditerranée.

Il revient aux institutions scientifiques marocaines, et plus précisément à l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II qui initia en 1972 un "Programme Lymantria dispar", le mérite de combler cette lacune dont le présent ouvrage est le témoignage.

On y trouvera les résultats de près de vingt années d'efforts collectifs -après les premières acquisitions de l'oeuvre pionnière de J. DE LEPINEY à laquelle il nous est agréable de rendre hommage.

Pour avoir suivi nous-même, dans le cadre de l'Organisation Internationale de Lutte Biologique plusieurs études sectorielles conduites dans les Iles Tyrrhénéennes et en Yougoslavie et avoir initié des recherches sur les maladies de cet Insecte, il nous est permis de juger et d'apprécier avec objectivité la maîtrise avec laquelle ont été conduites au Maroc des recherches d'une telle amplitude, véritable "modèle" d'entomologie forestière.

Tous les aspects de la biologie et de l'écologie de Lymantria dispar ont été abordés -sans négliger l'impact économique- et traités avec rigueur et souvent dans une démarche scientifique fondamentale. Tel est le è cas de la dynamique des populations de l'insecte dont les difficultés méthodologiques ont rebuté de nombreux entomologistes parmi les plus avertis.

Quant aux recherches exhaustives sur la totalité des prédateurs et parasitoïdes qui composent le complexe parasitaire de l'insecte phytophage, non seulement elles ont donné lieu à la découverte de nouvelles espèces inféodés au Bombyx disparate, mais par leur étude qualitative et quantitative sur leurs fréquences, leurs moeurs et leurs régimes alimentaires, elles ne manqueront pas de retenir l'attention des spécialistes. Les études consacrées aux réactions phénologiques de l'arbre et conduites avec rigueur dans une perspective de recherches fondamentales, de nature physiologique et génétique, sont tout à fait d'actualité dans les domaines des relations de l'insecte avec sa plante-hôte; à notre connaissance, elles sont originales en ce qui concerne Lymantria dispar.

A côté de ces aspects biologiques relatifs à l'insecte et à l'arbre il convient de mentionner la place que les auteurs ont réservée aux facteurs anthropiques en tenant compte des diverses fonctions économiques qu'exerce la subéraie non seulement dans la Mamora, mais dans tout le Bassin méditerranéen.

En sorte que après avoir examiné les méthodes de lutte disponibles, les dispositifs de surveillance préconisés pour en limiter l'usage et la portée seront judicieusement consultés par l'ensemble des services forestiers concernés.

Car la subéraie méditerranéenne est en péril et le diagnostic que les auteurs de cet ouvrage ont établi pour la Mamora est généralisable. Certes, Lymantria dispar n'en est pas le seul responsable, mais il y contribue pour une part non négligeable. Il était donc nécessaire et urgent de la déterminer avec une rigueur objective.

C'est à cette oeuvre que se sont appliqués dans un esprit scientifique digne du plus grand éloge les chercheurs de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, associés à des collègues de la Recherche Forestière, de l'Ecole Normale Supérieure, de la Protection des Végétaux et de la Faculté des Sciences. Il doivent être chaleureusement félicités pour la qualité et la pertinence de leur ouvrage.

Pierre GRISON

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