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INVENTIONS NOUVELLES ET DERNIÈRES NOUVEAUTÉS 


L'Ovimelle muscacide est une nouvelle pâte, d'une jolie couleur dorée, dont on badigeonne le crâne des personnes chauves, et qui se vend, prête à être posée, par flacon d'un quart de litre, avec le pinceau, pour 2 fr. 25, dans toutes les bonnes pharmacies. L'Ovimelle muscacide est une pâte analogue à celle que l'on dépose sur les papiers dits papiers tue-mouches. Son effet est foudroyant. Tous ceux qui ont la tête chauve et qui savent combien il est insupportable, pendant l'été, de sentir d'innombrables mouches se promener sur la surface polie du crâne, comprendront toute la joie que l'on éprouve à capturer ainsi ces agaçants insectes et à en délivrer ses voisins. Ce dévouement à la collectivité est bien dans les attributions du père de famille. Il en fait le véritable protecteurde toute la maison. Lorsque sa tête est entièrement couverte de mouches, un simple lavage au savon suffit pour nettoyer le chef aimé recouvert d'une perruque frisée du plus beau noir. […]


A propos de coiffure, sait-on comment les indigènes de l'Afrique centrale se coupent les cheveux ? Ils se coiffent tout simplement avec une calebasse à couscous retournée, dans laquelle ils ont emprisonné au préalable une poignée de criquets. En moins d'un quart d'heure, tous leurs cheveux se trouvent coupés au ras de la tête. Il suffit de retirer ensuite la calebasse pour que les criquets s'envolent.
C'est pratique et bon marché.


Encore une mode bien américaine, que l'on essaie de lancer sur nos plages. Sera-t-elle adoptée? Il faut espérer que non, car, si elle satisfait aux goûts excentriques des transatlantiques, elle ne peut que blesser la finesse naturelle des races latines. Il s'agit de la nouvelle mouche vivante que les élégantes de New-York fixent par une patte sur leur joue, un peu à côté de la bouche. Cela procure, paraît-il, des sensations très « exciting » ; et signifie, grâce à un symbolisme, disons-le, un peu grossier, que l'on peut s'approcher sans crainte de cette bouche charmante. Nous voilà, bien loin de la délicieuse mouche de nos grand'mères ! Il faut espérer, répétons-le, que cette absurde excentricité n'aura aucun succès chez nous.


Jitès jamaï vostri vièho allumetto! « Ne jetez pas vos vieilles allumettes ! » Tel est l'appel que nous adressent de leur côté les principales sociétés de félibres du Midi, et je ne connais guère de motif plus émouvant que celui qui inspire à nos excellents Provençaux ce cri de charité. Il s'agit, en l'espèce, de venir en aide aux vieilles cigales que l'âge et J'cs infirmités rendent impotentes et qui se traînent péniblement dans les champs. Grâce aux vieilles allumettes que l'on met à leur disposition, les cigales et les sauterelles peuvent se procurer les béquilles dont elles ont besoin pour marcher. Les allumettes-bougies, en raison de leur forme arrondies et de leur élasticité, sont, paraît-il, particulièrement recherchées.
C'est là une idée de poète, que des poètes seuls pouvaient réaliser.


On peut se demander vraiment où s'arrêteront les progrès réalisés chaque jour pour assurer le confort de nos jeunes soldats. Dernièrement, sur l'ordre du ministre de la Guerre, les services de pyrotechnie ont fait distribuer dans toutes les casernes de nouvelles cartouches à chenille, destinées à assurer le graissage pratique et automatique des fusils. La cartouche chenille se compose d'une simple douille ordinaire de cartouche Lebel, contenant à l'intérieur une grosse chenille de huit millimètres, poil non compris, maintenue en place par un savant mastiquage de vaseline. Il suffit de placer la cartouche le soir dans le fusil, au moment de le mettre au râtelier, pour retrouver le lendemain matin le canon soigneusement graissé et désormais, pour toute la durée de l'exercice, à l'abri de la rouille. La chenille, en effet, pendant la nuit, sort de la cartouche et s'achemine lentement vers l'extrémité du canon, déposant sur les parois la vaseline nécessaire. Pour solliciter et, au besoin, activer sa marche, on se contente de décorer la partie supérieure du râtelier d'armes avec quelques branches de mûrier, que l'on peut mélanger de quelques brins de laurier pour sauvegarder l'aspect militaire de la chambrée.
C'est là une innovation qui rendra populaire dans toutes les casernes notre ministre de la Guerre. […]


Signalons, pour la saison d'été, une nouvelle moustiquaire qui ne mesure que cinq centimètres de côté. Au lieu de réserver, comme on le faisait jusqu'à présent, une toute petite place pour la personne qui couche dans la chambre sous la moustiquaire, et d'abandonner le reste de la pièce à de petits insectes, il est plus logique, en effet, de placer les moustiques dans une toute petite boîte de gaze et de réserver la chambre à coucher pour l'être humain qui l'habite. Cette modification sera accueillie avec allégresse dans les pays du Midi.


Sait-on à quoi les nègres du Haut-Tamba doivent l'éclatante blancheur de leurs dents ? C'est un explorateur anglais qui nous l'apprend dans le dernier numéro de la grande revue scientifique  anglaise The Scalp.
Ces nègres, tous les matins, s'emparent d'une de ces grosses chenilles hérissées de poils, fort communes dans le pays, qu'ils roulent dans la poudre dentifrice, placent ensuite sur leurs dents bien jointes et emprisonnent en fermant la bouche. La chenille, qui a horreur de la poudre dentifrice, s'agite en tous sens, parcourt toutes les dents, cherchant une issue; elle essaie de passer par toutes les fentes, et, en quelques minutes, les dents se trouvent entièrement nettoyées. I1 suffit alors de recracher la chenille, qui va se faire laver dans le torrent voisin.
On a bien raison de le dire : tout est, affaire de préjugés, et cette méthode, qui nous paraîtrait, en France, parfaitement répugnante, est des plus courantes chez les naturels du Haut-Tamba.


Une petite invention qui sera fort goûtée de tous nos jeunes gens en villégiature, c'est celle de la nouvelle balle de tennis renfermant, dans un petit logement ultérieur, un modeste cri-cri. Lorsque la balle s'égare dans les hautes herbes, il suffit d'écouter pour savoir où elle se trouve, et cela évite des recherches toujours longues et fatigantes. Rappelons à ce propos que l'on attire et capture le cri-cri en remontant une montre.


Les Italiens viennent de lancer une très jolie petite invention : le protège-pointe pour moustiques. Ce protège-pointe est construit au moyen de petites perles de verre que l'on trouve dans le commerce et dont le trou central est bouché au moyen d'un simple mélange de poix et de beefsteack haché. Il suffit de laisser quelques petites perles ainsi armées exposées sur les meubles de la chambre. Le moustique se jette sur la perle, enfonce son dard dans le beefsteack central et ce dard reste fixé au moyen de la poix. Le moustique, ainsi muni du protège-pointe, est désormais inoffensif. Il peut voler tout à son aise et rien n'est plus joli que le miroitement, dans le soleil, de ces milliers de moustiques garnis de perles multicolores.


Extratit de  Inventions nouvelles et dernières nouveautés, par Gaston de Pawlowski . Fasquelle (Paris), 1916. En ligne à www.gallica.fr

De cet ouvrage, dans cette rubrique : Le ciron à la mine.


Les insectes de la Belle Époque

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