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Les insectes de la Belle Époque

LES TACHES SOLAIRES ET LES INVASIONS DE SAUTERELLES

On sait que les départements de la Charente et de la Charente-Inférieure sont, en ce moment, ravagés par des nuées de sauterelles qui, tout comme en Algérie ou dans l'Amérique du Sud, dévorent tout ce qu'elles rencontrent. Les cantons de Villefagnon, Aigre, Rouillac, les communes de Matha, Puy-du-lac, Tonnay-Charente et Rochefort sont particulièrement dévastés.

Les sauterelles sont encore à l'état jeune (criquets) : elles appartiennent à l'espèce méridionale qui a nom Calopterus italicus.

Comment lutter contre ces masses d'animaux ? Les moyens ordinaires (pulvérisation de solutions savonneuses au pétrole, d'arsénite de cuivre, ramassage des jeunes, creusement des fosses) sont coûteux et ne donnent que des résultats imparfaits. On sait en effet où se font les pontes. Elles ont toujours lieu en des endroits déserts, incultes, très ensoleillés et plutôt élevés. Les gens habitués découvrent facilement ces points qui constituent la zone permanente de l'espèce, comme disent les entomologistes américains. Mais à quel moment opérer la destruction des œufs ? C'est ici qu'intervient une très curieuse observation de Swinton corroborée par le professeur Giard, de la Sorbonne, qui vient encore d'en entretenir la société de biologie.

Il a montré que les grandes éclosions de criquets surviennent toujours, soit un an avant, soit un an après le minimum des taches solaires. C'est ainsi qu'en 1867 il y a eu un de ces minima ; or, en 1868-1870, on a observé, en plusieurs points de la France, des nuées d'acridiens dévastateurs.

En 1875, nouveau minima des taches solaires et en 1876 apparition en France et en Espagne de vols très importants d'acridiens. Même coïncidence en 1888. Enfin le dernier minimum des taches solaires a eu lieu en 1900 ; on pouvait donc être sûr qu'en 1901 il y aurait apparition de bandes de sauterelles. On voit que c'est précisément ce qui a eu lieu.

En somme, voilà des observations précises. Si donc on n'en tire pas les informations nécessaires, si on n'intervient pas énergiquement en détruisant les œufs dès la nouvelle ponte et ultérieurement chaque fois qu'on annoncera un minimum des taches solaires - alors on manquera aux règles de la plus simple méthode préventive et une fois de plus, hélas ! les savants auront parlé dans le désert… Mais tout de même M. Giard aura fait là une bien curieuse observation !

Dr Caphan, La Nature, 1901, vingt-neuvième année, deuxième semestre, p. 74.

Criquets et sauterelles : une mise au point sur le vocabulaire dans Parlez-vous entomo ?
Dans Insectes n°139 : Invasion en Aveyron du Caloptène italien (par Lucas Baliteau)


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