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Les insectes de la Belle Époque

LA PONTE DES INSECTES


Les conditions dans lesquelles s'effectue la ponte chez les divers insectes offrent une telle variété qu'entre des procédés aussi nombreux et aussi dissemblables, il parait impossible, au premier abord, d'établir la moindre corrélation. On dirait que, absolument libre de faire son choix, chaque insecte a adopté, suivant ses aptitudes particulières, son goût et son ingéniosité, un mode de ponte inédit.

Tandis que certaines femelles d'insectes sèment pour ainsi dire leurs œufs sans se soucier apparemment de ce que deviendra leur progéniture, ou les déposent sans aucune précaution dans l'eau ou sur la terre, d'autres s'efforcent de les placer dans les conditions les plus convenables à leur développement ultérieur. De ces mères prévoyantes, les unes se contentent de mettre leur précieux dépôt à l'abri des intempéries ou de le soustraire à la voracité de ses ennemis ; d'autres songent à l'éclosion prochaine des larves et s'ingénient à leur assurer, dès leur naissance, une nourriture aussi facile qu'appropriée. En outre, dans ce choix d'un abri, il y a au moins deux degrés à considérer : ou bien la mère s'empare d'une retraite préexistante plus ou moins appropriée au but qu'elle se propose ; ou bien, consacrant à cette tâche plus ou moins de temps et d'efforts, elle construit de toutes pièces une sûre retraite. Enfin certaines femelles fixent leurs œufs à la surface des plantes ou les insinuent dans la substance même de ces plantes ; d'autres encore fixent leurs œufs à la surface du corps de certains animaux, soit à sang froid, soit à sang chaud, qu'elles laissent ensuite vivre librement ou qu'elles ont, au préalable, anesthésiés.

Enfin, il est des insectes qui déposent leurs œufs jusque dans l'organisme d’un animal vivant.

Quelques naturalistes, cependant, ont entrepris de démêler ce chaos. Lesser dès 1742 ( ), Lacordaire en 1839 (2 ) ont chacun cru devoir consacrer un chapitre spécial à l'exposé des faits, déjà fort nombreux, qu'ils connaissaient relativement à ce sujet, et se sont efforcés de les grouper scientifiquement ; mais ils n'ont étudié que superficiellement cette question intéressante, et n'ont pas tiré, des rapprochements qu'ils avaient été amenés à faire, tout le profit qu'on était en droit d'en attendre. Lesser, en effet, ne vit dans l'instinct merveilleux manifesté par certains insectes dans l'accomplissement de cette importante fonction qu'une nouvelle preuve de la toute-puissance du Créateur, ce qui constitue, en somme, un mince résultat scientifique, Lacordaire entrevit trois lois ( ), l'une assez générale, mais souffrant néanmoins d'assez nombreuses exceptions ; les deux autres sans exception de lui connue. Voici comment il a formulé ces trois lois :

I. - Ou bien les insectes ont un instinct particulier qui les porte à s'absorber en quelque sorte dans la conservation de leur progéniture, ou bien ils ont une fécondité qui brave la destruction que les ennemis de l'espèce peuvent faire des individus qui la composent.

II. - Lorsque le petit doit, au moment, de la naissance, être livré à lui-même, il se trouve toujours à portée des substances nécessaires à son développement.

III. - Partout la femelle est chargée de ce soin. Le mâle, ou succombe peu de temps après l'accouplement, ou, insouciant de sa postérité, se met en quête de nouvelles amours.

Ces lois étaient si habilement énoncées ; elles semblaient si bien résumer tout l'intérêt de la question, que les naturalistes les ont adoptées non seulement comme l'expression la plus parfaite, mais même comme l'interprétation la plus satisfaisante d'un phénomène jusqu'alors incompris. M. Th. Goossens ( ), étudiant les phénomènes psychiques manifestés par les Lépidoptères à l'occasion de la ponte, conclut en combinant dans une seule les deux premières lois de Lacordaire : « Le rôle de la femelle est, à la fois, de placer ces œufs à portée des plantes qui doivent nourrit la larve et de dissimuler ces mêmes œufs aux ennemis nombreux qui les recherchent ; ces conditions et bien d'autres ne sont pas toujours faciles à réunir, aussi le nombre d'œufs doit-il être en rapport avec leur protection plus ou moins assurée. »

On ne pourrait contester, certes, l'importance de ces lois, mais il nous a semblé qu'il est possible de tirer de ces observations d'autres enseignements encore.

Nul doute, en effet, que les divers modes de ponte signalés plus haut, malgré leur apparente diversité, se relient les uns aux autres par voie de perfectionnements successifs. Rétablir toute cette série ininterrompue de perfectionnements dans leur ordre chronologique, en indiquant les motifs qui les ont déterminés, est chose impossible; mais serait-il téméraire de planter quelques jalons dans cette voie, sans autre prétention que celle de l'indiquer et de faire pressentir vaguement les résultats auxquels elle peut conduire? Nous ne le pensons pas.


ORTHOPTÈRES VRAIS.

De nombreuses considérations ont fait placer les Orthoptères vers la base du groupe nombreux des insectes. Aussi est-ce à cet ordre que nous allons nous efforcer d'appliquer la méthode que nous avons conçue. La ponte des Thysanoures ne nous est pas encore suffisamment connue et, si les classifications actuellement adoptées sont exactes, les Pseudo-névroptères formant un groupe intermédiaire entre les Orthoptères vrais et les Névroptères, leurs procédés de ponte doivent être également intermédiaires à ceux usités par chacun de ces deux groupes et, par conséquent, étudiés après ceux des Orthoptères.

1° Blattidés. - Chez les Blattidés, les organes génitaux internes de la femelle sont seuls chargés du soin, non seulement de produire les œufs, mais encore de les protéger et de leur fournir toute la nourriture nécessaire pour amener presque à l'état parfait les larves qui en sortiront, puisque ces larves ne diffèrent de l'insecte parfait que par le manque d'ailes et d'élytres. Ceci s'applique à toutes les espèces de Blattes. Toutes, en effet, pondent leurs œufs renfermés dans une oothèque volumineuse dont l'une des grandes arêtes porte une suture entrelacée et dont les faces présentent des sillons transversaux correspondant à l'intervalle des œufs contenus dans l'oothèque. Cette coque ovigère est divisée par une cloison longitudinale, en deux grandes loges d'égale capacité, qui contiennent chacune 18 œufs chez Blatta germanica et 8 seulement chez Periplaneta orientalis. Les œufs sont orientés de telle sorte que la face ventrale des larves soit tournée vers la cloison.

La Blatte laisse choir son oothèque dans un coin obscur, sans autre souci d'une protection à laquelle son oviducte a suffisamment pourvu. Toutefois là ne s'arrêterait pas sa sollicitude, car Hummel en vit une aider la sortie de ses larves en ouvrant la suture au moyen de ses mandibules. Le fait est que cette observation n'a pas été renouvelée, et, sans nous attarder à démêler si l'acte observé par Hummel est instinctif ou intelligent, remarquons que ni le centre psychique ni les organes de la vie de relation n'ont pour ainsi dire rien à faire dans la nidification plus que rudimentaire des Blattidés. Tous les phénomènes manifestés dans cette circonstance sont sous la dépendance du ganglion qui fournit des rameaux aux organes génitaux internes. C'est à lui de pourvoir, en effet, à la maturation simultanée des 16 ou 36 œufs de la Blatte, à la sécrétion d'un mucilage assez abondant pour former l'oothèque, à la disposition des œufs dans cette coque protectrice avec toute la régularité désirable, enfin à l'expulsion de la masse relativement énorme ainsi formée, masse telle que, chez la Blatte des cuisines, il ne faut, parfois, pas moins d'une huitaine de jours pour son expulsion (Frisch).

2° Mantides. - Le rôle dévolu aux organes génitaux internes est déjà un peu moindre chez les Mantides qui, au lieu de pondre l'oothèque toute formée, ne rejettent au dehors, avec les œufs, que les matériaux propres à la confectionner. Comme les Blattides, en effet, les Mantides enferment leurs œufs dans une oothèque, mais avec cette différence essentielle que l'inclusion des œufs se fait à l'extérieur et non plus à l'intérieur du corps de la femelle. De plus, tandis que la coque ovigère des Blattes est pour ainsi dire simplement jetée à terre, celle des Mantes est solidement attachée à quelque objet résistant. La Mante, après avoir fait choix d'un endroit favorable au dépôt de sa progéniture, ce que n'avait pas fait la Blatte, rejette d'abord une sécrétion muqueuse capable de se durcir, puis, s'avançant de bas en haut, elle dépose dans ce mucus commun, par rangées transversales de 6 à 8, les 150 œufs environ qu'elle doit pondre. Ces œufs sont disposés régulièrement de telle sorte que l'extrémité céphalique soit dirigée en haut et en dehors. C'est, on le voit, la même orientation que dans l'oothèque des Blattides. Les oothèques des diverses espèces de Mantes ne diffèrent, d'ailleurs, entre elles que par de légers détails.

Si nous analysons les phénomènes que nous venons d'observer, nous voyons qu'ici commence à se manifester, entre le système de la vie végétative et le système de la vie de relation, un antagonisme que nous aurons ensuite bien souvent l'occasion d'observer. Un acte extérieur ayant toutes les apparences d'un acte psychique empreint de réflexion et de prévoyance vient suppléer une fonction interne trop complexe. Nous voyons, en effet, que la Mante semble faire sciemment ce que la Blatte ne faisait qu'automatiquement, pétrir la matière muqueuse qu'elle vient de rejeter, y déposer ses œufs avec la même régularité, le même choix d'une orientation favorable que nous avions observés dans l'oothèque de la Blatte. Insistant sur ce point, nous disons qu'elle semble savoir, car elle ne se rend peut-être pas plus compte de ce qu'elle fait avec son abdomen que la Blatte ne se rendait compte de ce qui se passait dans son oviducte.

Ce qu'il importe de constater, c'est que le travail accompli, en somme, est le même, à cette légère différence près que, dans le premier cas, l'arrangement des œufs s'est effectué dans les organes génitaux internes, tandis que, dans le second cas, il s'est effectué au dehors. Réalisée par l'oviducte seul chez la Blatte, irréfléchie par conséquent, cette fonction incombe un peu aux pattes et beaucoup à l'extrémité de l'abdomen chez la Mante. Le ganglion qui innerve les organes génitaux, chargé d'un travail trop pénible chez la Blatte, s'est allégé chez la Mante, aux dépens des ganglions qui innervent les pattes et de celui qui commande aux mouvements de l'abdomen. Aussi, si l'on compare le nombre d'œufs pondus à la fois par la Blatte au nombre de ceux que pond la Mante, on voit que, chez celle-ci, l'allégement apporté aux organes génitaux internes est compensé par la production d'une quantité d'œufs quatre fois plus considérable.

Si le déplacement lent et graduel des pattes, si les mouvements mathématiquement calculés de l'abdomen tendant à disposer les œufs convenablement à mesure que la ponte s'effectue ne s'imposent pas nécessairement à nous comme phénomène réfléchi, il n'en est pas de même du soin qu'a eu l'insecte de choisir pour le dépôt de son oothèque une pierre, une branche d'arbre, en un mot une base assez résistante pour assurer la fixité de son édifice. Ceci constitue un acte de prévoyance évident, et nous avons peine à nous figurer que cette prévoyance soit irréfléchie.

Donc, dans le premier cas (Blattides), le système de la vie végétative pourvoit seul à la protection des œufs, sans que la volonté de l'animal fasse rien pour assurer cette protection. Dans le second cas (Mantides), intervention active du système de la vie de relation et de la volonté de l'insecte pour perfectionner, en fixant l'oothèque à un point d'appui judicieusement choisi, le mode de protection trop simple précédemment usité. Dans les deux cas, d'ailleurs, nul souci d'approvisionner de nourriture les larves. Évidemment, une telle insouciance exige que les proportions relatives de vitellus évolutif et nutritif contenus dans les œufs soient suffisantes pour parer à la longueur du développement des larves et pour assurer à ces malheureuses abandonnées une organisation assez complexe pour leur permettre de courir, dès leur éclosion, à la recherche de leur nourriture. Les larves des Mantes, en effet, comme celles des Blattes, diffèrent à peine, à leur naissance, de l'insecte parfait. Donc nouvelles relations intimes entre le mode de ponte et la proportion des deux vitellus. Nécessité pour l'ovaire de produire seul, aux dépens du corps de la femelle, cette masse considérable de matériaux destinés à perpétuer la race. Il est vrai que ce sont les organes de la vie de relation qui lui procurent ces matériaux, mais il n'en a pas moins à les élaborer, et nous allons le voir tendre de plus en plus à s'affranchir de ce pénible travail en confiant à l'œuf lui-même le soin de se procurer ces matériaux. Pour cela l'ovaire, de plus en plus maître des organes de la vie de relation, leur fera placer cet œuf dans des conditions plus propices.

3° Acridides. - Les organes, génitaux internes prennent moins de part encore dans la confection de l'oothèque chez les Acridides. Comme les Mantides, ces insectes rejettent la matière nécessaire à la formation d'une enveloppe protectrice de leurs œufs : c'est la même mucosité visqueuse, plastique, capable d'acquérir par la dessiccation une consistance parcheminée. Les œufs y sont déposés avec non moins de soin. Mais, eu égard aux précautions que prennent ces insectes pour assurer la conservation de leur oothèque, les Acridides doivent être divisées en deux catégories : les unes – ce sont surtout les grandes espèces - se contentent, comme les Mantides, de fixer leurs coques ovigères à des corps résistants tels que des chaumes de graminées ; les autres, plus prudentes, creusent avec l'extrémité de l'abdomen, dans la terre meuble, une cavité peu profonde à laquelle elles confient leur précieux dépôt. C'est ainsi que, au rapport de Frisch, la sauterelle voyageuse de l'Afrique méridionale, le Gryllus devastator de Lichstenstein, fore dans la terre meuble des trous peu profonds, dans chacun desquels elle place de 30 à 60 œufs régulièrement disposés dans une enveloppe brunâtre et réticulée. Elle a soin d'éviter pour son dépôt les effets fâcheux d'une pluie soudaine en choisissant la paroi de quelque tertre insignifiant ou une élévation de terrain peu apparente. La sauterelle voyageuse de l'Algérie agit de même ; ses coques ovigères, de la grosseur d'une olive, contiennent chacune 90 ou 100 œufs agglutinés par une matière blanche et cireuse. C'est ce que fait aussi Pachytylus migratorius. Tandis que, chez les Mantes, l'extrémité de l'abdomen ne servait encore qu'à l'arrangement des œufs dans l'oothèque qu'il avait, au préalable fixé et pétri, il sert de plus, chez les Acridiens, à fouir le sol ; mais, peu exercé à ce nouveau, travail, il ne fait guère que déprimer légèrement une terre meuble qui n'offre que peu de résistance. Il semble s'essayer à une fonction nouvelle et ne peut encore obtenir que de faibles résultats. Ces résultats sont cependant le prélude des merveilles, en apparence inexplicables, qui, chez certains Hyménoptères, nous frapperont d'étonnement.

Tout en restant parfaitement comparable au procédé de nidification employé par les Mantes, celui  qu'emploient les Acridiens offre un degré remarquable de perfectionnement. Le soin que mettent ces derniers, non seulement à soustraire leurs oothèques à la vue de leurs ennemis, mais à leur éviter, par le choix raisonné d'un emplacement convenable une submersion qui pourrait leur être funeste, donne aux insectes de ce groupe, sur les précédents, une supériorité incontestable sous le rapport de l'aptitude à la conservation de l'espèce. L'oothèque n'est plus exposée à la vue des ennemis, elle est à l'abri des intempéries. De combien s'est accrue cette prévoyance dont nous n'avons pas trouvé trace chez les Blattes, puis que nous avons vue se manifester vaguement chez les Mantes ! Et cependant que nous sommes encore éloignés de cette prévoyance étonnante, merveilleuse, je dirais presque de cette divination que nous ne pourrons nous lasser d'admirer chez des insectes mieux doués sous ce rapport ! L'évolution du groupe des insectes à travers les âges est chose certaine, évidente même pour tout observateur impartial. Mais il faut l'étudier dans chaque fonction, dans chaque organe en particulier, et la tentative d'enfouissement de ses œufs effectuée par l'Acridien doit nous faire pressentir l'apparition d'un organe destiné à faciliter cette pénible besogne. Nos prévisions se réaliseront.

Les organes de la vie végétative, avons-nous dit, prennent moins de part chez les Acridiens que chez les Mantes à l’acte de la nidification. En effet, chez les Acridiens, l'oothèque n'a déjà plus l'importance qu'il avait dans le groupe précédent : ses cloisons sont moins régulières, moins complètes. Nous ne remarquons même pas, comme chez les Mantes, que l'allégement des fonctions de l'oviducte soit compensé par une plus grande activité de l'ovaire ; car, au lieu des 150 œufs confiés par la Mante à son oothèque, nous n'en trouvons plus qu'une centaine dans celui de l'Acridien. Le nombre des œufs est donc subordonné à des conditions que nous n'avons pas encore pu découvrir. On conçoit, d'ailleurs, sans peine que la coque ovigère protectrice perde de son importance à mesure que l'insecte apprend à la mieux cacher. Ne serait-ce pas faire double emploi ? L'antagonisme entre les organes de la vie de relation et ceux de la vie végétative nous apparaît ici dans toute sa netteté. Obéissant à une impulsion qu'il ne peut s'expliquer, et qui l'engage à remplacer par des actes extérieurs de plus en plus complexes une fonction dont les organes génitaux internes s'efforcent de plus en plus à se débarrasser, il lui faut réaliser pour ainsi dire artificiellement pour ses œufs les conditions de sécurité dont l'oviducte les avait primitivement assurés. Par conséquent, lorsque, à la suite de tâtonnements nombreux, l'insecte sera parvenu à placer ses œufs dans des conditions nouvelles aussi avantageuses que l'étaient celles que ces œufs trouvaient dans l'oothèque primitive, celui-ci, n'ayant plus de raison d'être, sera supprimé.

4° Locustides. - Or voici que nous voyons apparaître chez les Locustides un organe que nous n'avions pas encore eu l'occasion d'observer jusqu'ici. Nous voulons parler de la tarière. Cet organe s'est-il développé par suite des efforts tentés par la femelle acridienne pour fouir le sol de l'extrémité de son abdomen ? Peut-être, cal' les femelles seules possèdent cette tarière. Chez elles, le huitième et le neuvième anneau de l'abdomen se sont modifiés pour former un oviscapte ensiforme très saillant. Qu'en résulte-t-il ? C'est qu'avec l'apparition de ce nouvel organe chez les Locustides et la possibilité d'enfouir plus profondément leurs œufs dans la terre, c'est-à-dire dans un sûr abri, coïncide, comme nous devions nous y attendre, la disparition de l'oothèque. En face d'un résultat si facile à prévoir, ne semble-t-il pas plus vrai de croire à une corrélation intime qu'à une coïncidence fortuite? Le fait qu'une même cavité ouverte par la tarière continue à recevoir un certain nombre d'œufs peut être allégué comme argument en faveur/' de cette connexion. La femelle fécondée de Decticus verrucivorus dès qu'elle a trouvé parmi les herbes, les brindilles pourries, un sol suffisamment meuble, plonge dans la terre sa longue tarière, dépose au fond du trou six à huit œufs et recommence ce même travail jusqu'à ce qu'elle ait pondu la centaine d'œufs qu'elle avait produits. Remarquons qu'il n'existe déjà plus dans la maturation des œufs une simultanéité aussi rigoureuse que précédemment, et de là découlent des considérations importantes au sujet de la conservation de l'espèce. L'oothèque de la Blatte, celle de la Mante, chargées du soin de conserver toute la ponte, pouvaient être détruites et, avec elles, tout leur contenu. Par suite d'un même accident, c'en était fait de toute la lignée d'un insecte. Un si sombre présage est bien moins à craindre dès le moment ou l'insecte s'est efforcé de disperser sa progéniture sur des points plus ou moins éloignés. Ici comme dans d'autres groupes d'animaux, comme aussi chez les végétaux, la dissémination des germes constitue une des conditions les plus favorables à la conservation de J'espèce. Ajoutons qu'elle devient pour l'espèce une cause non moins puissante de variation.

Ce serait ici le lieu de rechercher quelles sont les fonctions de la coque ovigère. Elle protège les œufs contre les attaques des ennemis, elle les protège contre le froid, contre une trop grande humidité, une trop forte 1umière, enfin elle les met à l'abri d'une trop rapide dessiccation. Elle doit maintenir dans les œufs une température plus uniforme. Or l'enfouissement en terre réalise toutes ces conditions, tout en réalisant, sans doute, une économie pour l'organisme qui tend à remplacer par un simple effort la perte, définitive pour l'organisme, d'une sécrétion abondante. Puis cet effort deviendra de moins en moins considérable à mesure que l'extrémité de l'abdomen sera mieux armé, et il semblerait qu'il emprunte précisément à cette sécrétion chitineuse les éléments nécessaires pour la confection de son armure. L'oothèque exclut la tarière comme la tarière exclut l'oothèque. Un liquide naguère complètement perdu pour l'organisme serait désormais utilisé par lui et en deviendrait partie intégrante, cela pour l'accomplissement d'une même fonction. Tel est le résultat le plus net des modifications successives que nous avons constatées en remontant des Blattides jusqu'aux Locustides.

Voici la Locustide désormais incapable, faute de l'excrétion chitineuse nécessaire, de construire une coque ovigère, et en revanche munie d'un appareil nouveau qui lui permet d'enfouir profondément ses œufs. Mais est-ce à dire qu'à la terre, à la terre seule, doive être confié le précieux dépôt ? Nullement. Une Locustide, Meconema varium qui, pour une raison ou pour une autre, a décidément élu domicile sur le chêne, trouve inutile de descendre à terre pour y effectuer sa ponte ; d'autant plus inutile que ses petits reviendront nécessairement vivre sur cet arbre. A quoi bon descendre, alors ? L'écorce du chêne est beaucoup trop dure, il est vrai, pour se laisser pénétrer par une tarière encore molle. Mais n'est-elle pas rugueuse, sillonnée de profondes crevasses ? Ne se soulève-t-elle pas de-ci de-là comme si elle menaçait de se détacher du tronc qu'elle a pour fonction de protéger ? Vite l'insecte d'insinuer dans ces fissures sa longue tarière. En somme, quoi de plus simple et de mieux compris tout à la fois ? Les œufs déposés en lieu aussi sûr n'auront rien à redouter de l'intempérie des saisons, et les petits se trouveront dès leur naissance à portée de la nourriture qui leur convient le mieux. Tandis que la Locustide était cosmopolite, le Meconema varium a une patrie, une terre sainte ou il trouve réalisées les conditions les plus avantageuses pour son existence. Peut-elle songer un instant à aller déposer sa famille hors des limites de cette patrie qu'elle ne quitte jamais ? Cet acte n'aurait aucun sens. Aussi le fait que les larves, à leur naissance, se trouvent à proximité d'une nourriture abondante, n'implique nullement que leur mère ait prévu cet avantage, pas plus que la mère acridienne ne le prévoyait lorsqu'elle plaçait ses œufs à portée des graminées dont les larves, à leur éclosion, allaient pouvoir brouter les pousses tendres.

5° Gryllonides. - Tous ces insectes aux mœurs vagabondes, chasseurs acharnés à la poursuite de leur proie, nomades destructeurs obligés, pour subsister, de fuir sans cesse devant le désert que vient de créer autour d'eux leur insouciante voracité, vivent à l'air libre, sans faire choix d'une demeure durable. A peine occupent-ils, pour un temps toujours très court, une retraite toute préparée d'avance, lorsque, par hasard, elle vient à se trouver sur leur passage ; à plus forte raison ne songent-ils pas à s'en créer une par un travail laborieux. Mais il est des Orthoptères de mœurs plus sédentaires, des Orthoptères qui, non contents d'une patrie, comme Meconema varium, ont voulu une demeure. Doit-on s'étonner que, chez eux, la possession d'une retraite sûre ait entraîné une modification sensible dans le procédé habituel de nidification ? Non. Cela se conçoit très facilement : nous mettrions plus de soin à cacher en rase campagne un objet précieux que nous n'en apporterions à le cacher dans notre maison.

D'abord cette modification est à peine sensible chez le Grillon domestique, à quoi rien d'étonnant, car que possède-t-il comme demeure ? Hôte assidu de nos maisons, incommode pour les uns, objet de vénération pour d'autres, il y recherche, au voisinage du feu, de préférence dans les cuisines, près des fours des boulangers, quelque trou, quelque fente de murailles. Il n'est pas difficile sous le rapport du logement, et le trouve très confortable dès qu'il lui offre des garanties suffisantes de chaleur. Il n'est de son naturel ni ingénieux, ni même propre, car il ne souffre nullement de la présence, dans son appartement, d'une couche épaisse de décombres, de balayures. Légataire fidèle des pratiques usitées par les Locustides pour le dépôt de leurs œufs, il n'a pas été assez ingénieux, depuis les milliers d'années qu'il s'est introduit dans nos demeures, pour modifier ces procédés. Il les conserve religieusement et se contente d'enfoncer profondément, au moyen de sa tarière mince et rectiligne, ses œufs dans le terrain meuble formé de détritus que sa nonchalance a laissé s'accumuler au fond de sa retraite ou qu'il n'a pas eu le courage de balayer. D'ailleurs, pourquoi se donner tant de peine? Cette retraite n'est que transitoire, peut-être demain sera-t-elle abandonnée. Prise un peu au hasard, elle n'offre que peu de garanties de sécurité, et le Grillon, qui, en somme, tient à sa couvée, ferait acte d'imprudence s'il se contentait de déposer sur l'aire de sa caverne sa provision d'œufs. Encore une fois, le Grillon domestique n'a apporté au processus de nidification de la Locustide aucun perfectionnement, et cependant, en renonçant à la vie errante des Acridiens et des Locustides il a, sans s'en douter, inauguré une ère nouvelle.

Le Grillon champêtre, en effet, est, lui aussi, un sédentaire, mais un sédentaire beaucoup plus réfléchi, puisque lui-même, dépensant à cet effet beaucoup de temps et de peine, s'est façonné une retraite durable. A la vérité, son architecture n'a rien de transcendant, et sa demeure est loin d'être luxueuse ; néanmoins elle suffit à son bonheur. Ouverte dans un site bien choisi, exposée aux rayons du soleil, creusée dans un terrain solide, sec et nullement exposé aux inondations, elle est entretenue avec un soin minutieux. Ici plus de poussière, plus de décombres comme dans l'abri momentané du Grillon domestique. Un tel palais semble au Grillon champêtre une petite perfection : il est bien naturel d'ailleurs que la satisfaction qu'il en éprouve compense la peine qu'il s'est donnée pour le construire. La sécurité qu'il goûte dans sa demeure est telle qu'il ne craint pas de lui confier sa progéniture, non plus avec ce vague sentiment de crainte qu'éprouvait le Grillon domestique peu rassuré sur la sûreté de son abri, mais avec une parfaite assurance. Il dépose ses œufs par tas d'une trentaine à la fois au fond de son terrier.

Tout est nouveau dans ce mode de nidification. Plus d'oothèque : il a depuis longtemps disparu sans espoir de retour, du moins chez les Orthoptères ; Cet organe est devenu inutile ; il suffit, pour s'en convaincre, de réfléchir un instant. Les œufs entassés sur le plancher de la demeure du Grillon des champs sont-ils moins en sécurité que l'étaient ceux des Blattes, des Mantes, des Criquets et des Sauterelles ? Certainement non. Le Grillon s'éloigne à peine de son logis : gardien vigilant, il ne quitte pas du regard sa couvée, et malheur à qui voudrait s'en emparer : il semblerait que, dans ce cas, une des propositions émises plus haut se soit déjà réalisée et que, chez le Grillon champêtre, tous les organes de la vie de relation soient devenus les humbles serviteurs des organes génitaux internes ; mais ce n'est là qu'une apparence et, si l'on rapproche de ce cas celui de certains Hyménoptères tels que Sphex, Pompile, etc., qui creusent le sol pour y déposer leur progéniture, on sera frappé de cette, différence capitale : dans le premier cas, l'ovaire a profité, pour réaliser une économie de travail, de ce que le Grillon des champs s'était creusé une demeure pour lui-même ; tandis que, dans le second cas, c'est par les ordres de l'ovaire que sera construite la grotte artificielle destinée à abriter les larves et dont l'insecte ne tirera pour lui-même aucun profit. On le voit, la victoire de l'ovaire est infiniment plus certaine dans le second cas.

Quant à la Courtilière (Gryllotalpa vulgaris), héritière des aptitudes révélées par le Grillon des champs, elle a utilisé ses talents acquis de fouisseur par excellence pour perfectionner le procédé de nidification employé par ce dernier. Elle ne se contente plus d'une galerie presque rectiligne ; celle qu'elle creuse est contournée en hélice. Au milieu se trouve un puits du volume et de la dimension d'un œuf de poule, d'où partent, dans diverses directions, quelques galeries superficielles. Dans ce puits la femelle fait son nid. Après en avoir soigneusement lissé et consolidé les parois, elle y pond ses 200 ou 300 œufs.

Le choix d'un emplacement convenable, dans un endroit découvert, sans ombrage, bien exposé à l'influence de la chaleur solaire, dans une terre assez ferme pour que les pluies ne détruisent pas son œuvre ; la présence, dans une galerie, d'un puits vertical destiné, soit à l'écoulement des eaux de pluie qui pourraient compromettre le sort de sa couvée, soit plutôt à servir de retraite à la mère en cas de danger, annonce chez cet insecte des préoccupations multiples. On ajoute même que, sentinelle vigilante, elle se tient généralement au voisinage du nid, le corps enfoui dans une galerie verticale, la tête haute. On a été jusqu'à dire qu'elle couve ses petits. Le fait est possible, il est probable même, mais n'est pas suffisamment démontré. Ce qui semble certain, c'est qu'à partir du moment de l'éclosion, la mère a soin de ses petits, et jusqu'à l'époque de la première mue, signal de leur dispersion, elle ne les quitte que pour aller chercher sa nourriture.

6° Forficulides. - Doit-on s'étonner du soin que prennent de leur couvée ces insectes à mœurs sédentaires ? Nullement. Dès qu'ils avaient mis en sûreté leurs œufs, le chasseur et le nomade s'étaient acquittés des devoirs de la maternité. En pouvait-il être autrement ? Entraînés au loin par leur humeur migratrice, ils ne pouvaient attendre l'éclosion. Ils partaient donc, et tout rapport entre eux et leur progéniture se trouvait dès lors à jamais rompu.

Mais, à l'exemple du Grillon, le Forficule auriculaire a fait choix d'un logis, et c'est là qu'il va déposer ses œufs. Le fait que ces œufs vont toujours se trouver à sa portée va lui faire concevoir pour eux et pour les petits qui en naîtront une affection toute particulière. Avouons que ce logis est bien imparfait, puisque, ne sachant pas s'en construire un plus convenable, le Forficule est bien obligé de se contenter de celui qu'il trouve, soit dans la terre, soit sous une pierre, sous quelque amas de fucus déposé par les vagues sur le bord de la mer, dans quelque fruit desséché ou sous l'écorce d'un vieil arbre à demi pourri. Comme il a pu s'en assurer, la retraite qu'il a choisie le garantit suffisamment contre les intempéries des saisons. Les ennemis eux-mêmes n'y sauraient pénétrer sans avoir aussitôt affaire à ses mandibules. Il n'abandonne pas ses petits comme le faisaient les chasseurs et les nomades précédents ; il les conserve auprès de lui. Où peuvent-ils être mieux que dans l'abri qu'il a trouvé le plus convenable pour lui-même ? Dans de telles conditions, la confection d'une oothèque serait un luxe inutile ; aussi n'en produit-il, ni intérieurement, ni extérieurement. L'enfouissement des œufs dans une retraite sûre est chose toute faite, par conséquent le besoin de posséder une tarière ne se fait nullement sentir. Le Forficule auriculaire pond ses œufs à terre, en un tas qu'il a soin de rassembler à l'aide de ses mandibules toutes les fois qu'une circonstance quelconque les a dispersés. Bien plus, la mère les couve, dit Degéer ; elle exerce sur leur développement une certaine influence, ajoute Taschenberg, en les léchant et dégageant sur eux un certain suc. Enfin, après l'éclosion, les petits suivent la mère pendant longtemps, et, à l'approche du danger, se réfugient sous elle (Degéer). Tous ces faits ne sont-ils pas corrélatifs les uns des autres et doit-on partager l'étonnement de Lacordaire ( ), d'autant plus touché de cet exemple remarquable d'amour maternel que, dit-il, l'instinct des Orthoptères n'offre, en général, rien de saillant ? Un sédentaire est bien plus à même qu'un vagabond de se consacrer à l'éducation de sa famille.

7° Phasmides. - Les Phasmides déposent leurs œufs isolément, en les attachant aux végétaux à l'aide de la matière visqueuse dont ils sont enduits.

En résumé, bien qu'ils offrent relativement peu de diversité dans le groupe des Orthoptères, les modes de nidification que nous venons d'observer semblaient de prime abord assez dissemblables pour qu'il put paraître difficile de les rattacher les uns aux autres. Si nous ne sommes pas parvenus à les relier intimement entre eux, du moins croyons-nous avoir indiqué quelques-uns des rapports qui, peut-être, les unissaient primitivement.

La gradation évolutive que nous venons de passer en revue nous montre les Phasmides pondant leurs œufs isolément, sans souci de protection ni d'orientation : qu'importe aussi à la mère que les larves, à l'époque de leur éclosion, se trouvent à proximité d'une nourriture de choix! Rien n'est prévu, dans ce mode de ponte rudimentaire : tout y est livré au hasard.

Puis nous voyons l'oviducte chargé, chez les Blattides, d'un travail excessif : sécrétion d'une masse chitineuse énorme, enfouissement et orientation des œufs dans cette masse, parturition laborieuse. L'intelligence, les organes de la vie de relation n'interviennent encore en rien, ni pour le choix d'un emplacement, ni, à plus forte raison, pour l'aménagement du lieu destiné à recevoir le précieux dépôt : l'oothèque tombe n'importe où et est abandonnée là où elle est tombée.

Chez les Mantides, l'oviducte secrète encore la masse chitineuse qui formera l'oothèque, mais laisse à l'extrémité de l'abdomen et aux pattes le soin de pétrir cette masse, d'y déposer les œufs et de les orienter. L'intelligence commence à se manifester dans le choix d'un endroit propre au dépôt de l'oothèque et dans l'acte de fixer cette oothèque.

Chez les Acridides, l'oviducte sécrète encore, mais en moindre quantité, la masse chitineuse : l'extrémité de l'abdomen ne se contente plus de fixer l'oothèque ; il creuse dans la terre molle une légère dépression dans laquelle il enfouit la masse chitineuse, dépose les œufs en les orientant, dans l'intérieur de cette masse, et recouvre de terre l'oothèque ainsi mise en lieu sûr et à proximité des graminées dont les larves dévoreront les jeunes pousses.

Chez les Locustides, plus d'oothèque : la masse chitineuse, au lieu d'être rejetée avec les œufs, semble rester fixée au Corps dont elle va faire désormais partie intégrante, sous forme d'une armature constituée par l'allongement remarquable des derniers anneaux de l'abdomen. En somme, la destination de la masse chitineuse n'a pas changé, puisque l'armature post-abdominale assurera la protection des œufs en perfectionnant le procédé qu'avaient pour ainsi dire inventé les Acridides. Grâce à cette armature chitineuse, les œufs, enfouis plus profondément, n'ont plus besoin de l'oothèque protectrice. La perte de substance éprouvée par le corps au moment de la ponte a diminué ; les œufs, au lieu d'être pondus tous ensemble, voués par conséquent aux mêmes chances de destruction et groupés en trop grand nombre à proximité de provisions nutritives qui seront peut-être insuffisantes pour les larves, peuvent désormais être pondus séparément, chacun dans un lieu convenablement choisi. C'est le point de départ du mouvement évolutif qui mènera aux Ichneumons, aux Pompiles et aux Sphex, dont la merveilleuse sagacité nous confond. Enfin supposons que des Locustides, ainsi munies de leur oviscapte saillant, aient abandonné leur genre de vie nomade pour en adopter un plus sédentaire, qu'ils aient dépassé la phase à laquelle nous voyons arrêté le Meconema varium, déjà fixé dans un domaine de choix, pour adopter une demeure : nous arrivons aux Grillons. D'abord cette demeure est une grotte naturelle ; puis c'est une grotte artificielle adaptée aux goûts et aux besoins de celui qui l'habite ; enfin c'est la demeure bien connue et si parfaitement aménagée du Gryllotalpa vulgaris, que ses talents d'architecte rendent si supérieurs au troglodyte Grillon domestique. La protection des œufs est ainsi devenue parfaite, et assurées la nutrition et l'éducation des jeunes larves. C'est ainsi que les organes génitaux internes, en abandonnant peu à peu aux organes de la vie de relation une partie de leurs fonctions, ont réalisé ce progrès psychique qui nous frappe si vivement lorsque nous comparons la Blatte stupide à l'industrieuse Courtilière.


Rien d'étonnant à ce que les Forficulides s'écartent de cette série évolutive, puisqu'ils diffèrent tellement, aux points de vue morphologique et anatomique, des autres Orthoptères, que certains naturalistes, réunissant ces derniers sous la dénomination de Dermoptères, ont fait des Forficulides seuls un groupe correspondant : les Euplexoptères (ailes bien plissées). D'autres naturalistes sont même allés jusqu'à faire des Forficulides un ordre à part. Les Forficulides ressemblent singulièrement à certains Coléoptères (les Staphilinides), dont ils partagent d'ailleurs les mœurs.


Jules Meunier, La revue scientifique, n°11, septembre 1891.


Notes
[1] Lesser, Théologie des insectes. La Haye, 1742, t. 1er, p. 289-297.
[2] Lacordaire, introduction à l'entomologie. 1839, t. II, p. 475-491.
[3] Lacordaire, loc. cit., p. 475.
[4] Ponte des Lépidoptères. (Ann. de la Société entom. de France, 6e ser., t. IV, p. 137.
[5] Lacordaire, Introduction à l'entomologie, t. II, p. 479.

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Gryllus devastator se nomme actuellement Cyrtacanthacris (= Nomadacris) septemfasciata

Pachytylus migratorius est Locusta migratoria, le Criquet migrateur



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